Les Jardins de La Boirie, sur l’île d’Oléron, sont un petit paradis où les sauges font bon ménage avec les plantes tropicales. Thierry Lecêtre en est le magicien dévoué et passionné depuis plus de vingt ans. Contraint de vendre aujourd’hui, il souhaite transmettre sa propriété à un amateur de jardin. En attendant, les lieux restent ouverts à la visite ! Merci de partager. Nous adorons ce jardin et souhaiterions sa reprise par un ou des passionnés pour préserver son originalité et sa beauté.
Hortus Focus : quand avez-vous créé ce jardin?
Thierry Lecêtre : Je l’ai créé en 1998, il y a 23 ans. Au départ ce terrain était un terrain vierge avec juste 3 arbres. J’ai tout planté petit à petit sur 2 ans. Et je l’ai ouvert à la visite au bout de 4 ans. Au fil du temps, il a évolué. Maintenant, j’essaye plus de recréer un jardin subtropical. Avec le changement climatique de ces dernières années, surtout depuis 5 ans, les choses deviennent de plus en plus compliquées. Il fait très sec pendant 6 mois et après, pendant 3 mois il pleut. Globalement en octobre, novembre et décembre, il pleut. Et ensuite, plus rien ! Ce printemps, par exemple, il n’est tombé que quelques millimètres de pluie. Même pas 10 millimètres depuis début mars.
Au départ, quand vous avez eu ce jardin, le climat et la terre étaient propices ?
Oui, tout à fait. Il n’y avait jamais rien eu. C’était une terre vierge de culture et derrière, là où il y a des maisons maintenant, c’était un petit bois. À part la canicule en 2003, il ne s’est rien passé de spécial pendant dix ans. On avait des étés comme on en connait ici, chauds, sans plus. Les périodes chaudes ne duraient pas. Aujourd’hui, il faut trouver des plantes adaptées. Le plus difficile étant, depuis toujours, de maintenir de jolies floraisons en juillet et août, quand il y a le plus de visiteurs. C’est pour ça que mon choix s’est orienté vers la sauge depuis longtemps.
Les sauges, c’est votre spécialité…
J’en ai entre 80 et 100 différentes. Ce n’était pas à la mode quand j’ai commencé. On était peu nombreux à la cultiver alors que maintenant, il y en a partout. J’en ai eu beaucoup, après j’en ai eu moins. Et puis là, depuis quatre ans, j’ai recomplété. J’ai retrouvé celles que j’avais perdues. C’est une plante intéressante pour la fin de saison. Il y a beaucoup de belles variétés. Et comme il y a plus de plus en plus de monde tard, sur Oléron, ça me fait un jardin bien fleuri en septembre-octobre. Je bouture certaines sauges, celles qui plaisent le plus, pour les vendre. Mais je ne me considère pas comme un pépiniériste.
Qu’avez-vous d’autre dans votre jardin?
J’aime bien toutes les plantes de Nouvelle-Zélande. J’ai des palmiers, des cordylines, des phormiums, un frangipanier, un eucalyptus… J’ai aussi des vivaces, des bulbes de printemps et de plus en plus d’annuelles. En fait, je considère plus l’effet global. Je ne suis pas botaniste. Je ne collectionne pas pour collectionner. Dans mon jardin, j’aime que ce soit joli. Je préfère l’esthétique à la rareté.
Vous avez aussi des hostas…
J’en ai eu et j’en ai pas mal. Finalement, ils se comportent relativement bien. Ils supportent les coups de chaud sans trop broncher. Ils n’ont pas besoin d’autant d’eau qu’on le dit. L’idée de ce jardin, c’est aussi de montrer aux gens ce qu’ils peuvent mettre pour fleurir leur jardin le plus longtemps possible.
Faudrait-il faire, ici, un jardin tropical ?
Oui, on pourrait presque. Le problème, c’est l’hiver lorsqu’on a coup de gel, car ici, on a parfois -5°. C’est pourquoi il faut hiverner certaines plantes. Parce qu’il suffit d’une journée de gel et hop! Là, j’ai des Monstera, de gros philodendrons. Je les ai sortis trop tôt voilà quinze jours. Il a fait -1°C : ses feuilles sont devenues marron.
Vous vendez votre jardin et votre maison pour raisons familiales. Quel conseil donneriez-vous au futur acquéreur ?
Il pourrait aller plus vers un jardin de cactus. Ou s’orienter vers les plantes aromatiques, qui sont dans l’air du temps. Sachant que si le jardin demeure ouvert au public, 80% des visiteurs, dans une zone touristique comme la nôtre, sont novices et veulent voir des fleurs. Ouvrir à la visite, c’est beaucoup de contraintes. Il faut nettoyer tous les jours. Remplacer les plantes quand elles deviennent moches. Pendant toutes ces années, j’ai travaillé seul à plein temps, aidé par ma mère qui est maintenant âgée, et des stagiaires. C’est bien pour avoir un salaire correct, pas assez pour un couple. La propriété est belle. L’ouvrir à la visite n’est pas non plus une obligation.
Les Jardins de La Boirie, 9 rue centrale La Boirie, 17310 Saint-Pierre d’Oléron. Tél. : 05 16 65 44 36 et 06 64 21 44 63. Facebook. Renseignements : ICI
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