Jean-Lin Lebrun, créateur de roses et d’émotions

rosier louise dupin
©Mela Rosa

Certaines interviews sont plus marquantes que d’autres. Ce jour-là, Jean-Lin Lebrun et moi étions assis face à face dans l’herbe, sous je ne sais plus quel arbuste pour nous protéger du soleil de juin. La discussion un peu technique autour de ses créations Mela Rosa s’est rapidement effacée devant tout un monde d’émotions. Les siennes, les miennes, celles des jardiniers captivés par ses obtentions… 

Une relation presque charnelle

Jean-Lin Lebrun
©I. Morand

“Il est très difficile pour moi de parler de ce côté qui touche les gens… Il y a d’un côté le client et de l’autre, je le vois ainsi, un partenaire de sensibilité. Les acheteurs de nos rosiers sont, je crois, très touchés par nos créations, mais aussi la sincérité de ce travail difficile. On n’a pas le droit de tricher quand on montre nos champs de création. On ne peut qu’être vrai, et les visiteurs ou clients sont très réceptifs à cette façon d’être, de faire, de ne rien cacher.”

Le déclic émotionnel

“Dans notre jardin, les rosiers sont mis en scène. Entre voir un rosier tout seul qui ne ressemble à rien, coincé dans son pot dans un magasin et le même rosier marié à des graminées sauvages couchées par le vent, c’est autre chose ! Quand la lumière tombe pile-poil sur un rosier accroché à un arbre ou s’appuyant sur l’un des frères, difficile de ne pas ressentir d’émotions. Une telle scène, vous allez vous en souvenir. Sans le savoir, vous allez la rechercher ailleurs et parfois la reproduire dans votre jardin. 

Roses Mela Rosa
©I Vauconsant

L’inconscient et les souvenirs parlent

Les visiteurs des jardins ressentent de multiples émotions. Des années plus tard peut s’opérer un déclic. Ils se lancent dans une compilation de ce qu’ils ont vu et ressenti. Le souvenir d’un rosier, d’un arbre, d’une pierre… Tout s’assemble.

Nos clients sont souvent touchés par des choses très simples, cela m’émeut toujours infiniment.

 

Roses Mela Rosa
©I Vauconsant

L’école de la patience et de l’étonnement

“Dans le jardin sont réparties quelque deux à trois mille créations. Personne ne peut s’y retrouver, sauf moi… et encore ! C’est un travail organisé, méticuleux qui s’étire sur de longues années pour obtenir un rosier. Certains rosiers offrent leurs fleurs de suite, d’autres me font patienter quatre ans avant de produire leur toute première fleur.

En mai, en juin quand apparaît cette première fleur, c’est un vrai pic d’émotion. Chaque naissance est émouvante. Même chez un rosier qui ne sera jamais commercialisé pour diverses raisons. Mon émotion est toujours suivie d’une réaction. Celui-là, je vais le garder, l’observer, peut-être l’hybrider, attendre pour lui donner un nom, le baptiser…”

Une émotion peut en cacher une autre

Roses Mela Rosa - Jean-Lin Lebrun
©I Vauconsant

“Il y a de grands rosiers symboliques. Tout le monde les connait ou les a vus au moins une fois. Ils sont photogéniques et disent forcément quelque chose… Personnellement, je pense que rien n’est plus triste qu’une émotion partagée par tout le monde. Notre jardin ici permet d’éveiller des sensations particulières, de réveiller des souvenirs très personnels ou de susciter de nouvelles émotions.

Même si nous sommes des professionnels de la rose, notre jardin est celui d’un particulier. Nous nous faisons plaisir aussi. Ce jardin, c’est notre passion. La même que celle qui anime nos clients dans leur propre jardin. On est comme eux : on s’en occupe quand on peut, comme on peut. Quand nous ne sommes pas là le week-end pour cause de fête des plantes, on ne peut rien y faire. C’est la même chose pour tout le monde…”

Des émotions à retardement… 

'Pois de senteur' et 'Chapi-chapo'
‘Pois de senteur’ et roses ‘Chapi-chapo’ ©JL Lebrun

Le décalage est énorme entre le moment où on lance un rosier dans le commerce et le moment où on commence à le voir dans de nombreux jardins, comme ‘Chapi Chapo’. Les gens l’installent de plus en plus souvent, car ils l’ont vu dans de nombreux jardins. Car comment être ému par un rosier un peu timide dans son pot à la vente. C’est vrai qu’il ne ressemble pas à grand-chose à ce moment-là… Il faut le voir dans les jardins, l’admirer, s’en souvenir pour acheter ce rosier surtout quand nous le vendons l’hiver à racines nues ! ‘Chapi Chapo’ est en pleine reconnaissance, car les jardiniers le voient dans des scènes nombreuses et très différentes dans de nombreux jardins.”

Les coups de foudre, ça ne finit jamais bien ! 

“Généralement, nos rosiers ne suscitent pas de coup de foudre. Et tant mieux ! Brutaux, rapides, les coups de foudre ne donnent pas grand-chose dans la durée ! Chez nos acheteurs, il s’agit plutôt d’histoires d’amour au long cours, voire au très long cours. Je fais naître les rosiers, j’aime chaque naissance, chaque obtention, mais je m’en détache à partir du moment où les clients prennent le relais pour partager leurs émotions face à tel ou tel rosier. Ce sont eux les meilleurs messagers de cette histoire d’amour. Ils deviennent des sensibilisateurs, des “tentateurs”.

Le grand bluff

“Quand on voit des rosiers qui disparaissent deux ou trois ans après leur lancement dans le commerce, ce n’est pas absolument pas normal. Les rosiers sont des arbustes faits pour tenir. Et vivre longtemps. Pour moi, ils n’auraient même pas dû naître…”

Ces rosiers Mela Rosa que j’aime tant

‘Louise Dupin’, un amour infini

roses louise dupin
©Jean-Lin Lebrun/Mela Rosa

J’ai découvert ‘Louise Dupin’, une création Mela Rosa, lors de son baptême au château de Chenonceau. Sa marraine Élisabeth Badinter l’a baptisé avec tous les honneurs dus à cette femme d’esprit du siècle des Lumières. Oui, le rosier montre des fleurs charmantes, mais pas de coup de foudre. Je le rapporte dans le TGV, ses rameaux fleuris dépassant d’un sac en papier kraft. Où vais je mettre dans mon jardin ? Il faut lui trouver une place dans ce petit espace déjà très encombré. Ce sera là ? Non, ici, proche de la maison, avec du soleil tout l’après-midi et un sol un peu sec pour cause d’escalier tout proche. On verra bien si ‘Louise Dupin’ s’y plait bien.

Quelques années plus tard, on peut dire que ‘Louise Dupin’ est un des phares de mon petit jardin. Un rosier solide, très florifère que je laisse un peu naviguer à sa guise quitte à me faire égratigner de temps à autre. Je l’aime tellement que je lui ai donné un petit frère voilà deux ans. Je ne sais pas si la concurrence chatouille l’égo de mon ainé, mais numéro 2 a du mal à faire sa place. Peu importe, cela m’évite de m’égratigner encore plus…” Je ne me souviens même plus s’il s’agit d’un arbustif, d’un grimpant, je m’en fiche. ‘Louise Dupin’ vit sa vie et moi j’en profite. Avec ses bouquets charmants de roses rouges, sa floribundité et sa capacité à fleurir jusqu’aux gelées, je me fiche de son comportement. Je l’admire, je l’aime et notre histoire d’amour dure encore et encore.

‘Patrick de Carolis’, une romance en devenir…

Sur les conseils de Jean-Lin, et pour remplacer un ‘Fée des neiges’ vieillissant et plutôt très mal en point sans doute par déficit d’attention, j’ai planté l’an dernier ‘Patrick de Carolis’ au pied d’une arche. Il fleurit blanc, c’est ce que je voulais pour remplacer ‘Fée des Neiges’. C’est un grimpant qui fleurit en grappes d’églantines. Voilà, nous en sommes là pour moment, il ne m’a pas encore fait de fleurs, mais s’installe tranquillement dans le jardin. Le bébé de l’an dernier est un ado prometteur. Pas d’acné (pas de feuilles abimées), pas de sautes d’humeur (il pousse régulièrement) et semble avoir trouvé sa place. La suite dans les prochaines années.

Des rosiers Creamelarosa pour tous les goûts

  • ‘Sylvie, fille du feu’. Hybride moderne. 1,20 m. Remontant. Fleurs roses, doubles. Fructification automnale peu abondante.
  • ‘Elles de Lions’. Hybride moderne. 1,50 m. Grandes fleurs roses, simples, très parfumées. Remontant.
  • ‘À Tire d’Elle’. Hybride de chinensis. 1,50 m. Grandes fleurs roses simples, légèrement parfumées.
  • ‘Bertine du Courtil’. Hybride moderne. 1 m. Remontant. Fleurs de dimension moyenne, roses, doubles.
  • ‘Bisous d’Amour’. Hybride moderne. 1,50 m. Petites fleurs roses, simples, un peu parfumées.
  • ‘Cléance et Rosalie’. Hybride de moschata. 2 m. Remontant. Petites fleurs bicolores, simples.
  • ‘C’est le pompon !’. Hybride de moschata. 2 m. Remontant. Petites fleurs roses, doubles, légèrement parfumées.
  • ‘Chabada-Bada’. Hybride moderne. 3 m. Remontant. Fleurs moyennes, semi-doubles, un peu parfumées.
  • ‘Cotton-Rose’. Hybride moderne. 0,6 m. Remontant. Fleurs moyennes blanches, simples, légèrement parfumées.
  • ‘Éclats d’ambre’. Hybride de macrantha. 1 m. Remontant. Petites fleurs orange, simples, très parfumées.
  • ‘Écume des jours’. Hybride de moscatha. 1 m. Petites fleurs roses, simples, parfumées.
  •  ‘Jade de France’. Hybride moderne. 0,9 m. Fleurs petites, blanches, doubles, légèrement parfumées.
  • ‘Guinguette’. Hybride moderne. 0,80 m. Remontant. Fleurs de dimension moyenne, rouges, simples. Utilisable en couvre-sol.
  • ‘Franck Ferrand’. Hybride moderne. 1 m. Remontant. Grandes fleurs orange, doubles, très parfumées.
  • ‘La rose du Tigre’. Hybride moderne. 1 m. Remontant. Grandes fleurs, semi-doubles.
  • ‘La Tine d’Amour. Hybride moderne. 0,4 m. Remontant. Petites fleurs roses, semi-doubles, un peu parfumées.

 

  • ‘La Marrante du Bois-Tahon’. Hybride de moschata. 1,5 m. Remontant. Très particulière ! Les fleurs ne s’épanouissent pas. La floraison ressemble à des bouquets de bonbons qu’on croquerait bien.
  • ‘Jean-Marie Pelt’. Hybride moderne. 4 m. Fleurs moyennes roses, simples, parfumées. Belle fructification automnale.
  • ‘La Belle d’Artois’. Hybride moderne. 1,2 m. Remontant. Fleurs roses, petites, simples.
  • ‘Les Yeux d’Elsa’. Hybride moderne. 0,70 m. Fleurs roses, de taille moyenne, simples. Utilisable en couvre-sol.
  • ‘Le Tourbillon dla Vie’. Hybride de multiflora. Fleurs roses, petites, simples, légèrement parfumées.
  • ‘Le Baiser de l’Opéra’. Hybride de moschata. 0,70 m. Petites fleurs roses semi-doubles, légèrement parfumées.
  • ‘Le jardin d’Élouise’. Hybride moderne. 0,4 m. Remontant. Petites fleurs roses, semi-doubles.
  • ‘O’Iné-Ibara’ : Hybride de multiflora. 4 m. Roses petites ou moyennes, simples, très très parfumées. Fructification automnale abondante.
  • ‘Noces de Porcelaine’. Hybride moderne. 1,20 m. Remontant. Grandes fleurs roses, simples, un peu parfumées.
  • ‘Mathilde Seigner’. Hybride moderne. Ce rosier baptisé par la comédienne lors de Journées de la rose à l’abbaye de Chaalis offre des fleurs de dimension moyenne, roses, doubles, très parfumées. H : 2 m à 2,20 m=;
  • ‘Philadelphus’. Hybride de chinensis. 4 m. Non remontant. Fleurs blanches petites, simples, très nombreuses.
  • ‘Peace and Love’. Hybride moderne. 2 m. Remontant. Petites fleurs rouges, simples.
  • ‘Ti Puce d’Amour’. Hybride moderne. 0,6 m. Très remontant. Petites fleurs simples, roses.
  • ‘Sédelle’. Hybride de rugosa. Porte le nom du magnifique Arboretum de la Sédelle dans la Creuse. 1,2 m. Grandes fleurs roses, simples, légèrement parfumées.
Franck Ferrand & Jean-Lin Lebrun
Franck Ferrand & Jean-Lin Lebrun ©FabriceChollet
roses du rosier Chapi Chapo
©Jean-Lin Lebrun/Mela Rosa
La marrante du Bois Tahon
La marrante du Bois Tahon ©Creamelarosa / Jean-Lin Lebrun
Roses Mela Rosa - Jean-Lin Lebrun
©I Vauconsant
roses du Rosier 'Mathilde Seigner'
©Jean-Lin Lebrun / Le jardin d'Élouise

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