Où l’on découvre
que les tulipes,
elles aussi, peuvent avoir
des épines.
par Pierre Vauconsant et lu par Nathalie Talboom
Chapitre 3
Ma conversation amicale, quoique dans le cadre de mon bureau de l’hôtel de police, avec l’invité de ma divisionnaire ne me permet pas d’avancer d’un iota dans l’enquête qui n’en est qu’à ses préliminaires.
Cependant j’obtiens sans qu’Yves Delétang marque la moindre réticence qu’il m’accompagne le lendemain « Chez lui » au jardin de Mai. Je n’attends pas de cette deuxième rencontre beaucoup plus que de la première. Je désire juste, comme me l’avait suggéré Cynthia, l’entendre perler de sa profession en général, de ses arcanes, de son évolution récente, de son arrivée dans la cour des grands, dans le grand bain du business international là où se brassent des milliers de milliers de dollars qui font des petits en bourse, là où les fonds d’investissement arrosent des roseraies au Kenya ou en Ethiopie, loin du bruissement discret des frondaisons des allées ratissées avec amour et de l’exhalaison silencieuse des buissons de roses de notre douce France.
Je faisais, depuis dix minutes déjà, les cents pas devant la grille d’entrée quand je l’entendis venir par la grande allée bordée d’une double rangée de tilleuls. Il avait dû, comme moi, laisser sa voiture à l’entrée de l’allée.
Il arbore exactement la même tenue que la veille et je me demande si c’est de la négligence ou si, conseillé par un coach, il respecte en toute circonstance un code vestimentaire aisément identifiable sur les plateaux de télé, où il donne avis et conseils.