Fonte du permafrost : quelles conséquences ?

incendie en Sibérie - Hortus Focus
Lyagovy

On l’appelle pergélisol en français, permafrost en anglais. Les scientifiques le scrutent, l’analysent, l’étudient et ne cessent d’alerter sur les risques liés à sa fonte : accélération du réchauffement climatique, libération de tonnes de mercure, réactivation de virus potentiellement mortels, etc.

C’est quoi le permafrost ?

Il occupe quasi 24 % des terres émergées de l’hémisphère Nord (90 % du Groenland, 80 % de l’Alaska, 50 % de la Russie notamment sibérienne), 50 % du Canada. Le terme désigne un sol gelé en permanence, mais il faut distinguer 3 couches de permafrost :

  • Entre 2 et 3 mètres, le sol dégèle en été et gèle à nouveau en hiver (normalement…).
  • De 10 et 15 mètres, le sol réagit aux changements de saison, mais reste sous le point de décongélation.
  • Entre 15 et parfois 1000 m (!), le gel est permanent.
Stop global warning
marinhoteixeira

Les populations Yakoutes (au nord-est de la Sibérie) figurent parmi les plus directement menacées par la fonte du permafrost et peuvent déjà en constater les effets destructeurs : immeubles déséquilibrés et inhabitables, maisons effondrées, paysages de boue, glissements de terrain, canalisations détruites, lacs qui débordent, érosion des bords des rivières, déversements catastrophiques d’eaux noires liées au dégel. Ici, comme en Alaska, les températures ont augmenté de 3°C en quelque trente ans.

Un cercle vicieux 

Le réchauffement climatique est la cause du dégel du permafrost. Mais en fondant, le pergélisol accélère lui aussi le réchauffement. Il contient en effet d’énormes sources de gaz à effet de serre. Elles sont estimées à quelque 1 700 milliards de tonnes (le double du dioxyde de carbone, le CO2, déjà présent dans l’atmosphère). La machine infernale est en marche : le dégel provoque le réchauffement qui lui-même entraîne la fonte du permafrost.

permafrost
©Stasz D Sirotkin

Le permafrost libère également du méthane, de la vapeur d’eau, mais aussi du protoxyde d’azote. Ce gaz connu pour faire rigoler n’est pas le moins dangereux pour la planète. Il est capable de beaucoup plus (300 fois environ) retenir la chaleur que le CO2. Cette dernière information a été révélée en 2013 après une étude menée en Alaska par des scientifiques de Harvard et de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Le CO2 et le protoxyde d’azote peuvent subsister un siècle et plus dans l’atmosphère.

On joue avec le feu

La fonte du permafrost est une catastrophe annoncée. Malgré cette certitude, les compagnies minières et pétrolières américaines, russes, investissent des lieux jusqu’alors impossibles à exploiter. Ces massacres écologiques pourraient avoir, de plus, de très graves conséquences sanitaires avec le réveil de virus et de bactéries inactivés par le froid. Un exemple ? En 2016, en Sibérie, un renne mort de l’anthrax a dégelé et la bactérie a tué un gamin et contaminé des troupeaux. Un autre exemple ? En 2015, Chantal Abergel et Jean-Michel Claverie, chercheurs au CNRS et à l’Université d’Aix-Marseille ont découvert un virus géant (Mollivirus sibericum), vieux de 30 000 ans, inoffensif pour l’homme et la souris.

©KadnikovValerii
©KadnikovValerii

Mais combien d’autres virus et bactéries attendent dans le sous-sol qu’un forage vienne les réveiller ? Et si la variole revenait ? Et si la COVID-19 n’était qu’une “plaisanterie” ?

Êtes-vous prêts à… 

  • Voir des “forêts ivres” partout y compris dans les Alpes ? Quand fond la glace, le ciment des montagnes, des pans entiers de montagnes peuvent être déstabilisés. Alors, les arbres penchent… Comme le raconte Nicolas Vanier, l’explorateur-réalisateur, “en Laponie, les arbres tombent comme au Mikado”.
  • Vous imaginer que la fonte du permafrost va libérer 1,7 million de tonnes de mercure, l’équivalent de 50 piscines olympiques, contenu dans le permafrost arctique ? Aimerez-vous manger de la nourriture contaminée ? 
  • Assister à la prolifération des moustiques qui profiteront de la transformation des forêts de résineux en étendues gorgées d’eau ?
  • Regarder à la montée inexorable des eaux, au recul des rivages, à la disparition de merveilleux archipels à fleur d’eau ?
  • Voir brûler les forêts ? Les incendies sont provoqués par des températures de plus en plus élevées.
  • Accepter de continuer à vivre avec une bombe à retardement sous nos pieds et sous ceux de nos enfants et petits-enfants ?

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