C’est l’un des meilleurs spécialistes des agrumes en France. Laurent Vinas cultive des variétés classiques et d’autres méconnues et insolites dans sa pépinière d’agrumes, les Labyrinthes aux mille fleurs, à Trouillas, dans les Pyrénées orientales. Vous pouvez suivre sa conférence dans la vidéo qui accompagne cet article.
Les besoins vitaux des agrumes
Entre la floraison et la récolte de leurs fruits, il se passe entre 7 et 8 mois. Leurs besoins sont assez primaires, mais précis.
- Une terre ou un substrat toujours frais.
- Un apport d’engrais très régulier surtout si vous les cultivez en pot
- Du soleil, oui, mais pas trop !
Les agrumes ont besoin de fraîcheur
Contrairement à une idée couramment répandue, les agrumes quels qu’ils soient ont besoin d’avoir le pied au frais (pas détrempé).
- En pot, il faut les arroser régulièrement.
- En pleine terre, les arrosages peuvent être espacés, mais ne doivent pas être jetés aux oubliettes.
Il faut donner à manger aux agrumes !
Tous les agrumes ont besoin d’engrais, beaucoup plus en pot qu’en pleine terre où ils peuvent se débrouiller tout seuls pour trouver les nutriments indispensables à leur vie et leur croissance.
Laurent Vinas utilise un engrais en granules à base de betterave, très riche en potasse (K sur le descriptif des engrais). La potasse stimule la floraison et la production de fruits. « Pour moi, l’idéal pour les agrumes, c’est 11% de potasse. J’en mets une petite pincée sur le substrat tous les 15 jours, 3 semaines. Le geste prend une seconde. J’ai un truc pour ne pas oublier de leur en donner. Je mets de l’engrais dans des pots, genre à confiture, que je laisse à côté des pots. Et hop, une pincée quand je passe devant ». Pas besoin d’arroser derrière immédiatement. Les arrosages réguliers permettent aux granules de se dissoudre à leur rythme et l’apport d’engrais se fait tranquillement.
Si vous avez de la fiente de poule séchée, cela fera très bien l’affaire, pas besoin d’acheter des engrais.
Le rempotage ? De loin en loin !
Les agrumes n’ont pas besoin d’être rempotés tous les quatre matins. La nourriture qu’on leur donne est plus importante que la nature de la terre. De plus, le système racinaire des agrumes est bien plus superficiel que chez d’autres arbustes. Attention tout de même à deux types de terre
La terre argileuse garde l’eau et si vous installez un agrume en terre purement argileuse, l’eau ne circulera pas et les racines de votre agrume vont finir par pourrir.
Une terre très, très calcaire provoque une chlorose et entraîne le jaunissement des feuilles.
Si vous rempotez, Laurent vous conseille de mélanger de la terre de jardin à un terreau horticole. Cela fera parfaitement l’affaire.
Pourquoi les agrumes vendus sont-ils majoritairement greffés ?
Dans la nature, les agrumes s’hybrident à qui mieux mieux, ce qui explique leur incroyable diversité. On voit le résultat – un nouveau fruit intéressant ou non – au bout d’une vingtaine d’années. C’est leur âge de maturité sexuelle. « La nature prend son temps, vit à son rythme. Chez nous, les humains, la vie est plus courte. On greffe donc les agrumes pour obtenir des fruits en 4 ans au lieu de 20. Nous raccourcissons le temps. Les agrumes sont le plus souvent greffés sur Poncirus trifoliata, l’agrume le plus rustique, le plus costaud, qui tient le froid jusqu’à – 18°C, mais produit des fruits… immangeables ! ». Tous les agrumes peuvent être greffés sur Poncirus, ce qui leur assure pour la plupart une bonne rusticité.
Les agrumes en hiver
Même si les bouleversements climatiques font bouger les lignes, il faut tout de même prêter attention à la résistance au froid des agrumes. Laurent Vinas rappelle que ce sont les citronniers qui figurent parmi les plus frileux (-4°C, -7°C pour le citron caviar), le combava également. Parmi les plus costauds : l’Ichang-quat, la mandarine ‘Satsuma’, le yuzu, le Sudachi…
En cas de gros coup de froid, si vous cultivez votre agrume en pot, n’hésitez pas à le rentrer chez vous. Mais n’oubliez pas que ce qu’un agrume craint le plus, c’est la sécheresse. Il va donc falloir l’arroser régulièrement. N’oubliez pas non plus que tous les agrumes ont besoin de lumière. Il faut donc les placer le plus près possible d’une fenêtre, c’est indispensable à leur survie. Et ressortez votre agrume dès que les températures remontent, il préfère vivre dehors.
Du soleil, point trop n’en faut…
Les agrumes n’ont pas besoin de fraîcheur sauf à leur pied. Et ils n’ont pas besoin d’un super cagnard non plus ! Certes, ils aiment le soleil « mais les étés deviennent tellement chauds que c’est presque too much. Dans leurs pays d’origine, ils vivent toute l’année entre 20 et 25°C, et avec un taux d’humidité de l’air relativement élevé. Donc, chez nous, un agrume qui se prend 40°C pendant plusieurs jours vit dans un four. Les fruits brûlent. Et il va falloir l’arroser sans cesse, ce qui n’est pas très raisonnable par les temps qui courent ». Nous vous conseillons donc un bon compromis entre soleil et mi-ombre. Le soleil du matin leur va bien.
Il a perdu ses feuilles ? Pas de panique !
Vous êtes partis en vacances une dizaine de jours. Vous avez laissé votre agrume tout seul, sans eau. Il a perdu toutes ses feuilles. Damned ! Ne le jetez surtout pas ! Coupez les branches mortes, arrosez-le. « Un agrume, c’est plutôt bien costaud. Même s’il ne reste qu’une espèce de bâton, il est tout à fait capable de repartir ».
Attention au vent, même si…
Laurent Vinas cultive ses agrumes dans une région où souffle la tramontane. Le vent peut souvent faire des pointes à 100 km/h. Situation identique en région PACA où là, c’est le mistral qui sévit. « Le seul inconvénient du vent chez les agrumes, c’est qu’il secoue le chevelu racinaire qui est assez petit et superficiel. Le vent crée un mouvement de balancier qui empêche la bonne formation des radicelles chez les jeunes agrumes. Il suffit d’installer un tuteur pour remédier au problème ». Le vent peut aussi faire s’envoler des fleurs et donc limiter la production de fruits. Donc, installer l’agrume à l’abri des vents les plus violents n’est pas une mauvaise idée !