La sobriété. Le mot court de livre en article et est dans toutes les oreilles. Sobriété, support de tous les fantasmes, il est un cauchemar pour les uns, le seul avenir possible pour les autres. Parfois pensé comme un abominable retour en arrière, il est aussi présenté comme un paradigme à réinventer. La sobriété comme avenir du monde est opposée au techno-solutionnisme. Que cela vous fasse rêver ou non, je vous invite à prendre le temps d’écouter Vincent Liégey. 25 minutes pour mieux se représenter la sobriété.
Avec la journaliste Isabelle Brokman, Vincent fait paraître un petit livre titré La sobriété (la vraie), aux éditions Tana. Nous nous sommes rencontrés pour en parler. Parce que s’il en existe une fausse, qu’est-ce que la vraie ? Cette vraie sobriété est-elle plus séduisante que la fausse ?
Un contexte économique, social et géopolitique
Pénuries d’énergie, ruptures d’approvisionnement, inflation galopante… C’est tendu !
On sent bien que nous allons être bousculés dans notre confort – lorsqu’on a la chance d’y accéder.
C’est pourquoi le concept de tempérance, de frugalité, de mesure prend tout son sens. Cette sobriété, ce n’est pas un moment transitoire. Mais alors, de quoi parle-t-on ?
Objectif : moins de biens et plus de liens !
Vincent Liegey est ingénieur, chercheur interdisciplinaire, essayiste et conférencier autour de la décroissance. Il est coauteur de Décroissance (Tana éditions, 2021), d’Exploring Degrowth: A Critical Guide (Pluto Press, 2020) et d’Un projet de décroissance (Utopia, 2013). Il est aussi le cofondateur de Cargonomia, une coopérative de recherche et d’expérimentation sur la décroissance à Budapest.
Isabelle Brokman est journaliste, réalisatrice et autrice. En 2016, elle a publié chez Solar une enquête sur l’agriculture industrielle : Savez-vous vraiment ce qu’il y a dans votre assiette ? Spécialisée dans les questions d’environnement, elle dirige la collection « Fake or Not », chez Tana éditions. En donnant la parole à des experts, les livres de cette collection décryptent l’impact de nos modes de vie et de consommation sur la planète.
Sortir de nos addictions
Ce que d’aucuns appellent l’abondance, et sa fin, c’est autre chose ! Il s’agit de sortir de notre folie surconsommatrice, non pas pour en finir avec l’insouciance, mais pour la retrouver. Car l’addiction n’est que souci, qu’insatisfaction, que course éperdue.
Or, ni nos corps ni nos âmes n’ont besoin de cela. Isabelle Brokman et Vincent Liégey nous proposent des alternatives concrètes pour reprendre la main sur nos existences.
Faisons autrement
Logement, transport, alimentation, achats, numérique, loisirs, ce guide fait le tour.
Des conseils, des astuces et les bonnes pratiques à appliquer au quotidien conduisent à faire des économies tout en réduisant son empreinte environnementale.
Sobriété signifie aussi :
tempérance, frugalité, mesure. Autant de termes qui semblent aujourd’hui bien raisonnables, face à l’hubris de nos modes de vie. Chez les Grecs, on associait à l’hubris tout ce qui, dans la conduite de l’homme, est considéré par les dieux comme démesure, orgueil, et devant appeler leur vengeance.
Et pourtant…
Si nous le choisissons, un monde plus frugal et des humains prenant la mesure de leur place au sein du Vivant, ça semble pas mal ! Si nous réfléchissons, peut-être y a-t-il beaucoup de choses dont nous nous passerons sans souffrir.
L’urgence climatique et l’effondrement de notre biodiversité nous conduisent à choisir, vite !
Pourquoi craignons-nous la sobriété ?
Probablement, car cela signifie un changement profond de nos modes de pensée. Lorsqu’on a été construit dans l’idée que le bonheur c’est d’avoir…
…
D’avoir les quantités d’choses
Qui donnent envie d’autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c’est d’avoir
De l’avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires, car
Foule sentimentale
On a soif d’idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
…