Certaines graines ou fruits ont besoin du vent pour se disséminer, d’autres ne germent naturellement qu’à la faveur d’un incendie (le callistemon par exemple). Et puis il y a celles et ceux qui ont besoin de passer par le tube digestif d’un animal. La pulpe est ingérée et digérée. Ne reste alors que la graine qui sera évacuée dans les fientes et excréments et pourra alors germer. C’est ce que l’on appelle l’endozoochorie.
L’endozoochorie, ça fonctionne comment ?
En bref, l’animal ou l’oiseau est attiré par des graines enrobées de pulpes, de chair. Il les picore ou les mange. La graine entreprend son voyage dans le tube digestif. Les sucs digestifs ramollissent les téguments (l’enveloppe protectrice des graines). La chair des fruits, des baies est digérée. Ne reste alors plus que la graine qui tombe là où l’animal fait ses besoins. Et ainsi, elle va pouvoir germer, posée ou enfouie dans la terre, et recevoir l’eau indispensable à son développement.
Cette façon de se reproduire concerne environ 10% des espèces végétales.
Les arbres à chèvres au Maroc
Si vous avez déjà circulé entre Taroudant et Agadir, vous avez peut-être cru, comme moi, halluciner en voyant des arbres crouler sous le poids de chèvres ! Les chèvres se régalent des fruits de l’arganier (Argania spinosa) et participent à la pousse de nouveaux arbres. Mais on ne retrouve pas de graines dans les cacas de chèvres. Il s’agit pourtant d’endozoochorie… Les chèvres ingèrent les graines qui font un court séjour dans le rumen (le premier estomac des ruminants). Puis les caprins les régurgitent et les graines tombées au sol sont prêtes à germer.
Les oiseaux, champions de l’endozoochorie
Ils se chargent d’une grande partie de la reproduction par endozoochorie. L’association du gui et de la grive est l’une des plus connues. La grive adore les baies du gui (Viscum album) qu’elle mange gloutonnement avant de les recracher hyper rapidement. Les graines entourées d’une matière visqueuse se fixent ainsi vite sur le haut des arbres. Bien loin de chez nous, ce sont des pigeons frugivores qui propagent les graines du muscadier (Myristica fragrans) aux îles Moluques.
À gros animaux, grosses graines et à l’inverse…
L’éléphant d’Afrique disperse les graines des manguiers, mais aussi de Cucurbitacées. En Sibérie, les ours contribuent à la dissémination des graines de sorbiers. Certains babouins aident par endozoochorie à la dispersion de graines de baobab. Quant aux bonobos, ils mangent énormément de fruits et «sèment » à qui mieux mieux.
Même chez les mollusques
La grande Loche et l’escargot de Bourgogne mangent des graines de myrtilles, de fraises des bois… et de tomates. Comme rien n’est rapide chez les gastéropodes, le passage dans le tube digestif dure entre 10 et 12 heures…
La tortue des Galapagos et la tomate sauvage
La seconde doit tout à la première. Ses graines sont mangées par la tortue qui a le temps – à son allure, mais tout de même – de les emmener au loin puisqu’il faut compter entre 15 et 20 jours pour retrouver les graines dans le caca des tortues.