Lecture d’un livre de Cal Flyn sur la nature abandonnée

À l'abandon, quand la nature reprend ses droits
©Isabelle Vauconsant

Suite à ses itinérances, à ses explorations de territoires abandonnés où le végétal, l’animal, la nature s’est réensauvagé et a repris ses droits, Cal Flyn nous donne à voir des dynamiques de résilience et de transformation. Dans cet ouvrage, la journaliste et voyageuse interroge le renouveau d’une vitalité de sites qui furent dévastés. 

L’écrivaine commence par nous raconter sa découverte des îles du Firth of Forth en Écosse, où elle entrevoit le début d’un réensauvagement dû à l’abandon et à l’absence de l’homme.

Un renouveau après l’absence

Les terrils « Les five sisters » dans la région West Lothian, en Écosse, sont décrits comme des lieux de biodiversité. Une régénération naturelle est à l’œuvre. Des sites considérés en friche peuvent ainsi être perçus pour l’abondante diversité végétale qu’ils présentent. Cal Flyn décrit avec précision la végétation qu’elle observe et analyse. Les zones tampons, tels des no man’s land, peuvent également être reconnues comme des lieux refuges pour des animaux, qui y vivent en paix. L’autrice s’attarde sur le processus de succession, qui prend vie dans les terrains abandonnés.

Notons une donnée importante qu’elle soulève : Plus des deux tiers de la couverture forestière mondiale sont naturellement régénérés. Son étude du site de Tchernobyl l’amène à le qualifier de terre de radioactivité et de lieu d’une végétation dense.

Des présences, des personnes témoins d’un bouleversement

À Détroit, l’écrivaine remarque différentes typologies d’abandon et perçoit la population qui occupe des espaces dits « malades », accélérant alors leur fragilité. Elle rend également compte d’une autre friche urbaine, à Paterson, dans le New Jersey, qui fut marquée par l’histoire de l’industrialisation.
Elle y remarque une communauté de marginaux qui retrouvent une certaine liberté, une vie quelque peu anarchique.

À l’abandon, quand la nature reprend ses droits
Cal Flyn
Editions Paulsen, avril 2024
23,50 €

L’adaptation de la nature, des espèces animales et végétales

Les espèces végétales et animales évoluent en fonction des répercussions causées par la pollution des sites. Les êtres vivants non humains ont une capacité à s’adapter selon toutes les situations mêmes les plus extrêmes. En ce sens, la forêt de Verdun est exemplaire pour décrire l’apparition de certaines plantes, dites bio-indicatrices et ce qu’elles disent du sol. Les plantes métallophyttes investissent les paysages désolés tandis que des espèces hyperaccumulatrices de métal permettent de réhabiliter des sites pollués.

Un jardin botanique abandonné, situé en Tanzanie, est le lieu de l’observation de l’évolution de la répartition des espèces indigènes et des espèces non indigènes. Sur la petite île Swona, au large de la pointe nord de l’Écosse, Cal Flyn remarque un certain retour aux sauvages de bovins domestiqués. Ce qui l’amène notamment à s’interroger sur les processus de domestication et de réensauvagement de la nature.

Lieux abandonnés
©Cedric Dhaenens

Une fin possible, vers un renouveau ?

Les irruptions, en expansion dans le monde, témoignent de l’équilibre fragile du climat et de la planète. Les êtres vivants dits « sauvages » sont contraints de s’exiler. Les inondations, elles aussi, provoquent, notamment en Californie, des transformations majeures et la création de Salton Sea, mer accidentelle, devenue station balnéaire populaire.

Ainsi, Cal Flyn nous fait découvrir, à travers ses différents voyages, les capacités de repopulation, de reforestation, conséquences de la désertification de certains terrains. Des photographies légendées complètent les fines descriptions de la journaliste qui ose aller là où les hommes se sont retirés. Ces expériences marquées par un climat déroutant ont suscité des interrogations et des réactions
quelque peu ambivalentes chez l’écrivaine. Elle nous confie son espoir de renouveau, d’une vie possible, d’un nouvel équilibre, qui s’installerait dans le temps. Gardons en tête une de ses dernières phrases du livre : « Au lieu d’intervenir de façon systématique, nous avons plutôt intérêt à évaluer dans quelle situation nous pouvons laisser la Terre se débrouiller toute seule. »

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