Chaque seconde, 10 tonnes de plastique sont produites dans le monde et ce chiffre est en constante augmentation. À ce rythme, ce sont 12 milliards de tonnes de plastiques qui se retrouveront en décharge en 2050 ! Et cela ne va pas s’arranger avec les masques chirurgicaux utilisés par millions pour se protéger de la Covid-19…
Parmi les fléaux, les sacs en plastique contribuent aux catastrophes naturelles en générant des bouchons tant dans les cours d’eau que dans les égouts.
Dans les océans, ils tuent la faune et étouffent la flore. Il leur faut des milliers d’années pour disparaître.
Outre l’utilisation de contenants réutilisables et la réduction de leur consommation, en optant pour le coton, le chanvre ou le verre, il est nécessaire de leur substituer des matières différentes.
C’est ce à quoi s’attellent des chercheurs curieux et motivés par une forte conscience écologique.
Mais, prudence : Certains bioplastiques sont à la fois biosourcés et biodégradables, mais tous les bioplastiques ne sont pas forcément biodégradables.
Emballé par le végétal !
La nature a des capacités à nous fournir des matières plus propres même si toutes ne sont pas aussi intéressantes pour l’environnement les unes que les autres.
” Cela dépend de leur mode de fabrication. Si l’on fait de la monoculture de matière première à grande échelle pour fabriquer du plastique, le bilan environnemental ne sera pas favorable “, explique Sylvain Pasquier, de l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie. “Cela revient à utiliser plus de produits phytosanitaires, ce sont donc des terres en moins pour la production alimentaire sans compter le risque de défrichement dans certains pays”. (ref.)
Des recherches autour de l’acide polyactique (PLA), un polymère biodégradable, conduisent à s’intéresser aux cactus ou aux champignons. Pour le moment, le PLA est souvent fabriqué à partir d’amidon de maïs, suite à un processus de fermentation. Mais la production de maïs est gourmande en eau et portée par une agriculture intensive qui consomme une quantité importante d’intrants.
Le figuier de Barbarie
Voilà pourquoi Sandra Pascoe-Ortiz, à Guadalajara, au Mexique, travaille à la constitution d’un bio polymère à partir de jus de cactus, plus précisément à base d’un jus extrait du figuier de Barbarie (nopal).
Son objectif : fabriquer des emballages à courte durée de vie pour remplacer les produits en plastique à usage unique. En l’occurrence, la décomposition de ses sacs se déroule sur 10 à 30 jours. Toutefois, pour le moment, le processus de fabrication étant assez long, elle n’envisage pas de production massive dans l’immédiat, mais … à suivre !
En Asie,
on cherche plutôt du côté de la feuille de bananier pour emballer fruits et légumes. C’est une solution parfaitement naturelle, compostable, utilisant une matière première existante.
Le mycélium
est depuis quelques années une source d’inspiration, en particulier en substitution au polystyrène, l’un des polymères les plus polluants.
La canne à sucre
“On a par exemple des plastiques qui sont fabriqués à partir de résidus de sucre de canne. Une fois qu’on a extrait le sucre de la canne, on a des fibres que l’on peut transformer en polyéthylène. Donc là, on est dans quelque chose qui est intéressant, car on va valoriser un co-produit de l’industrie agroalimentaire“. Sylvain Pasquier, ADEME.( ref.)
Comment ça marche ?
On sépare la canne en deux. D’un côté le sucre, de l’autre, l’éthanol. Cet éthanol est déshydraté pour se transformer en éthylène. À ce stade a lieu la polymérisation qui aboutit à la création d’un plastique 100% végétal. De ces transformations, reste la bagasse, un biofuel très efficace.
Une production respectueuse de l’environnement
La culture de la canne à sucre n’entraîne pas de privation alimentaire et absorbe suffisamment de C02 pendant sa croissance pour compenser celui émis au cours du processus de fabrication. Par ailleurs, un liquide très riche en nutriments, issu de cette fabrication, sert d’engrais pour la culture.
La canne à sucre fait partie des cultures à haut rendement, sans grand besoin d’irrigation en régions tropicale et subtropicale, sans pesticide, ni OGM. Et elle n’empiète pas sur les terres agricoles alimentaires. La récolte s’effectue sur 8 mois de l’année. La production de plastique végétal est donc continue.
Le plastique issu de la canne à sucre permet de fabriquer des sacs, mais aussi du flaconnage. En fin de vie, ces emballages sont compostables.
La pomme de terre
Le plastique de pomme de terre combine la fécule de pomme de terre et de l’eau. Le mélange est chauffé jusqu’à ce que le liquide épaississe. Puis, on le verse dans des moules. Il est exposé à la chaleur, sèche et forme une pièce compacte. Suivant la quantité de liquide utilisée dans les moules, les matériaux peuvent être épais, durs ou sous forme d’une fine pellicule pour fabriquer des sacs. Cette invention de Pontus Törnqvist a été primée en Suède par le prix James Dyson. Le manioc peut se substituer à la pomme de terre.
Les sacs ainsi produits sont compostables et se dégradent en 5 à 6 mois au lieu des 400 ans nécessaires au plastique classique !
Et puis, il y a les algues brunes !
Repères
Il existe des labels pour savoir un peu mieux ce qu’on achète en matière d’emballages biodégradables :
- « OK compost » certifie la dégradation des produits dans les compostières industrielles,
- « OK compost home » assure leur dégradation – plus lente et difficile, en raison d’une température moins élevée que dans une usine de compostage, dans les composts de jardin.
-
- « biodégradable » est un terme générique : le produit va se dégrader avec le temps sous l’effet des micro-organismes.
- « compostable » indique que le produit va se dégrader dans les conditions d’un composteur, avec de l’oxygène, de l’humidité et une certaine température (30 à 60° selon la taille du composteur)
- Attention aux sacs dits “oxocompostables” : ils se fragmentent en minuscules particules très difficilement biodégradables.
- les produits fertilisants : engrais et amendements,
- les produits phytosanitaires, de la famille des pesticides : produits utilisés pour l’éradication des parasites des cultures.
- les activateurs ou retardateurs de croissance,
- les semences et plants.
En conclusion
Ces substituts au plastique issu du pétrole sont intéressants, mais ne sauraient être préférés au sac réutilisable en coton ou en chanvre. Par ailleurs, la bonne solution pour l’environnement réside avant tout dans la réduction drastique des emballages !