Dans le monde animal, les cas de cannibalisme sexuel sont assez rares, mais ils existent. Et la célèbre mante religieuse n’est pas la seule à croquer son mâle. Mais certains mâles ont développé des stratégies pour contrer les plans assassins des femelles…
La mante religieuse et son zombie
C’est l’exemple le plus connu de cannibalisme sexuel. Toutes les mantes religieuses mâles sont des kamikazes en puissance, sans le savoir sans doute… Peu échappent à l’appétit des femelles qui les croquent pendant ou après l’accouplement. La mante religieuse femelle n’étant pas réputée pour son intelligence, il lui arrive souvent de décapiter le mâle encore en train de s’activer. C’est malin, hein ? Mais la nature a prévu le coup. Le mâle, transformé en zombie, est encore capable d’agir, un peu comme un canard peut courir sans sa tête. Les nerfs de son abdomen fonctionnent encore et il peut ainsi, même sans tête, poursuivre son boulot de fécondation.
Des chercheurs australiens ont observé chez une espèce de mante religieuse une tactique pour échapper à la mort. Le mâle blesse la femelle d’un coup de patte griffue à l’abdomen. La femelle, en état de faiblesse, se laisse alors plus facilement féconder et le mâle a un peu plus de chances de s’en sortir.
L’impitoyable veuve noire à dos rouge
Cette espèce d’araignée est l’une des plus dangereuses d’Australie. Sa morsure est extrêmement douloureuse et toxique. La nature a fait la femelle énorme par rapport au mâle, pour lequel l’accouplement est une mission suicide. Imaginez un peu… Pour accéder à la spermathèque de sa chouchoute, M. Latrodectus hasselti doit s’accrocher au ventre de la femelle. Mais cette acrobatie le rend très vulnérable puisqu’elle l’amène à offrir une vue plongeante sur son abdomen.
Si vous êtes une femelle araignée affamée, l’affaire est très tentante ! D’ailleurs, la bestiole n’y résiste jamais, et se repaît des entrailles du père de ses futurs bébés. Des scientifiques ont observé que certains mâles tentaient de protéger leurs organes en les contractant. Hélas, malgré des abdos d’acier, ils n’en réchapperaient jamais, vivant une longue et douloureuse agonie. Pauvres bêtes…
Quand le grillon d’armoise se fait manger les ailes
Le grillon d’armoise (Cyphoderris strepitans) vit dans les montagnes du Colorado et du Wyoming. À l’époque des amours, le mâle stridule et stridule encore pour attirer les femelles. Une finit par rappliquer et lui monter sur le dos pour opérer le transfert du mâle à la femelle de la poche de sperme.
Pendant l’accouplement, Mme entreprend de grignoter une bonne partie des ailes de son partenaire ! Le mâle y trouve son compte… Pendant que la femelle mange, l’accouplement dure. Et c’est ainsi que le grillon d’armoise perd ses ailes… et toute perspective de redraguer.
La Pisaure admirable, un mâle araignée malin
Chez Pisauria, le mâle est un petit peu plus petit que la femelle, mais il est surtout très, très malin. Connaissant les vilaines manières de cannibalisme sexuel de la femelle, il a développé toute une stratégie pour parvenir à ses fins. Pour éviter de se transformer en assiette à protéines, M. prépare un cadeau d’accouplement : une proie morte roulée dans un cocon de soie. Et là, faut jouer serré. La femelle peut très bien dégager le cadeau pour s’offrir un gueuleton de mâle. Mais en règle générale, elle accepte le présent et pendant qu’elle mange, le mâle tente ni vu ni connu de se glisser jusqu’à la spermathèque.
Parfois, l’affaire se passe mal, la femelle pas folle remarque le stratagème. Elle abandonne son cadeau et entreprend de s’attaquer au mâle. Le pauvre n’a plus qu’une solution : faire semblant d’être mort. On appelle cela la thanatose. Quand la femelle reprend son festin de boulette, Pépère revient comme miraculeusement à la vie, et retente le coup… Tout ceci peut bien les occuper une bonne heure.
Cannibalisme sexuel ? Jamais pour l’araignée-crabe !
L’araignée-crabe mâle (Xysticus cristatus) a trouvé LA solution pour ne pas se faire boulotter. Il plaque la femelle au sol et la saucissonne avec un fil de soie. Immobilisée, Madame se laisse féconder. Le goujat se carapate sans même l’avoir libérée, trop heureux d’avoir la vie sauve. Le cannibalisme sexuel est très répandu chez les araignées.