Les tactiques et pièges des araignées

Jekaterina voronina

Les araignées de nos jardins mangent toutes des proies mortes. Mais leurs techniques de capture de proie diffèrent d’une espèce à l’autre, explique Stéphane Witzthum, professeur de SVT et auteur de plusieurs livres sur la faune des jardins. 

T’as de beaux yeux, tu sais…

Les araignées sont des prédatrices qui capturent à vue. La plupart des espèces ont 8 yeux. Les yeux de devant sont comme des loupes qui leur permettent de bien voir et évaluer leurs proies, la taille notamment. À côté de cette première paire se trouvent deux yeux plus petits. Les deux autres paires sont situées sur le côté de la tête. Leur rôle est différent. Elles aident les araignées à surveiller leurs propres prédateurs, les oiseaux insectivores.

©Constantin Cornel
©Constantin Cornel

Qui mange quoi ?

Les araignées saltiques, celles qui sautent, vont se gaver de petits insectes comme les pucerons. Les épeires sont plus grosses et elles peuvent capturer des insectes comme des criquets ou, éventuellement, une libellule si vous avez une mare dans votre jardin.

Comment fonctionne une toile d’araignée ?

Ce qu’il faut déjà souligner : les toiles sont des merveilles de la nature, des constructions assez incroyables. Elles vibrent et préviennent l’araignée de la présence d’une victime potentielle.

Et ensuite, que se passe-t-il ?

Il existe plusieurs stratégies. Lorsque la toile est collante, l’insecte se retrouve piégé. L’araignée se précipite et mord l’insecte s’il est petit. Elle lui injecte un venin très puissant qui va liquéfier l’insecte littéralement. Le venin agit, et la proie est empaquetée, roulée dans une toile.

Si la proie est plus grosse, l’injection de venin et l’empaquetage sont simultanés pour éviter que l’animal se débatte et parvienne à s’échapper. L’araignée est parfois obligée d’injecter son venin à plusieurs reprises, de laisser agir avant de manger sa victime. Par exemple, l’araignée va d’abord piquer la tête puis bouger sa proie pour atteindre le thorax. Encore un petit quart de tour et elle pique l’abdomen de l’insecte. Pas de perte, c’est tout le corps de l’animal qui est vidé.

Quand la proie est entièrement consommée, l’araignée coupe le fil du piège, éjecte la proie et attend sa prochaine victime.

sauterelle piégée ©Abdul Rauf
sauterelle piégée ©Abdul Rauf
Araignée au boulot ! ©Tomohiro Yamashita
Araignée au boulot ! ©Tomohiro Yamashita

Les araignées ne mangent que des proies mortes ?

Oui, même les plus petites proies sont traitées de la même façon. Les pucerons par exemple, qui sont habillés d’une carapace. L’araignée perce la carapace et pique grâce à ses chélicères (pièces buccales qui leur permettent d’injecter du venin). Le venin amène à la liquéfaction de l’intérieur du puceron. Pour finir, la nourriture est aspirée par les mêmes chélicères comme quand on boit à la paille !

araignée saltique ©DE196
araignée saltique ©DE196

Toutes les araignées font-elles des toiles ?

Non, les araignées sauteuses, par exemple, ne font pas de toile. Elles capturent à vue, se déplacement en courant, voire en sautant. Leur excellente vue leur permet de localiser facilement des proies sur lesquelles elles vont sauter.

Existe-t-il des toiles particulières ?

Les tégénaires domestiques – celles qu’on rencontre plutôt dans nos caves font des toiles horizontales, plutôt au plafond, dans des coins un peu sombres. Leur toile est leur maison principale. La tégénaire aménage un petit tunnel pour se cacher et fabrique en même temps son piège à insectes. Elle va installer ensuite des fils à la verticale. Lorsqu’une mouche percute un fil, elle tombe dans la toile. L’araignée en embuscade file vers sa proie et lui injecte une dose de venin.

Tegenaria domestica ©  Wirestock
Tegenaria domestica © Wirestock

L’araignée a-t-elle un appétit d’ogre ou d’oiseau ?

L’araignée peut jeûner surtout si, lors d’une journée favorable, elle a capturé plusieurs proies.

Ne tuez pas les araignées !

Même si vous ne les aimez pas beaucoup, ne supprimez pas les araignées. Chez nous, aucune espèce n’est très méchante (à l’exception de la malmignatte, cousine de la veuve noire, présente dans le sud de la France et en Corse). Ces petites bestioles sont très utiles dans nos jardins. Ce sont de redoutables prédatrices. Elles mangent notamment beaucoup de pucerons, et limitent donc leur prolifération. Elles habitent d’ailleurs souvent à côté des colonies de pucerons et n’ont qu’à se servir.

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