Le jardin alpin de Nancy

Didier Hirsch

L’alpinum du Jardin botanique Jean-Marie Pelt, à Nancy, et son alter ego, le Jardin du Haut Chitelet, dans les Vosges, sont gérés par l’Université de Nancy. À eux deux, ils rassemblent environ 4000 plantes de montagne et se complètent parfaitement. On vous emmène d’abord à la découverte du jardin alpin de Nancy.

Un jardin alpin « coupé » en deux !

À l’origine, il n’existait qu’un seul jardin alpin aménagé dans le jardin botanique créé par le roi Stanislas au XVIIè dans le centre-ville de Nancy. Dans les années 60, l’Université de Nancy et celle de Strasbourg ont créé et géré ensemble le jardin du Haut Chitelet à Xonrupt-Longemer dans les Vosges qui accueille des plantes de haute altitude (1200 m).

Quand le jardin botanique a quitté le centre de Nancy pour son nouvel emplacement à Villers-les-Nancy, il a fallu trouver une place à ces plantes alpines aux exigences particulières. Nancy est réservé à la plantation de plantes de basse et de moyenne altitude. Les plantes ont basculé d’un site à l’autre…

Haut Chitelet : 2800 plantes.

Nancy : 1500 plantes.

Un aménagement très compliqué

La création de l’alpinum a été une aventure et parfois une galère ! Le lieu a été choisi sans difficulté, sous la chapelle Sainte-Valérie, car il s’agit de la partie la plus pentue du domaine, sous laquelle coule de plus une des sept sources du jardin.

Il a fallu reconstituer les milieux adaptés à ces plantes alpines qui viennent de différentes zones de la planète. Quand on visite le jardin, emprunte les escaliers, observe les plantes, on n’imagine pas le travail de préparation à commencer par la mise en place sur 1 m de hauteur d’un drain (terre + terre de bruyère + sable). L’enrochement a été assuré par une noria de camions chargés de blocs de moraine, chacun de plusieurs tonnes, prélevés dans les Vosges. Les derniers rochers ont été acheminés eux depuis le jardin du centre ville (aujourd’hui jardin Godron). Tout ceci expliqué qu’il a fallu une dizaine d’années avant l’achèvement de cette partie du jardin.

Une source vitale

L’eau sous l’alpinum est une ressource très précieuse. La source, captée, a permis l’aménagement de plusieurs bassins dans le bas du jardin. Comme l’explique Frédéric Pautz, le directeur du jardin botanique : « On pourrait se dire qu’en Lorraine, il fait plus froid ou frais que dans bon nombre de régions. Eh non ! En été, nous avons très chaud et les plantes aussi ! Elles doivent supporter des épisodes de canicules de plus en plus fréquents. Les bassins permettent d’apporter un peu de fraîcheur, d’augmenter le taux d’humidité essentiel en été. » Depuis deux ans, les plantes sont aidées par un système d’arrosage automatique par aspersion.

Les plantes du jardin alpin de Nancy

Certaines sont venues du jardin du centre-ville, d’autres ont été rapatriées du Haut Chitelet. On estime qu’il reste 30% des plantes installées au débuts de l’alpinum. Les végétaux ne sont pas immortels.

Pour peupler l’alpinum, des équipes du jardin botanique sont parties en expédition dans les massifs français pour collecter des plantes. D’autres végétaux viennent, sous formes de graines ou de plants, d’autres jardins alpins. Il existe, en effet, un Réseau des jardins arctiques et de montagne avec lesquels Nancy échange. Dans ce réseau, se trouve également le Jardin alpin du Lautaret, des jardins italiens, autrichiens, lapons, allemands, norvégiens comme celui du Tromso. Les Index seminum ont également été d’une grande aide. 

Enfin, il y a parfois des dons qui viennent enrichir les deux jardins comme celui de Jean-Michel Spas. Ce collectionneur, créateur du jardin Floralpina à Arras, a offert au Jardin botanique de Nancy 500 saxifrages ! 

Les plantes du Haut Chitelet

Les « vraies » plantes de montagne poussent dans les Vosges. On parle de pavots de l’Himalaya, des gentianes de haute altitude, , le panicaut des Alpes, la clématite des Alpes, le Raoulia, des calcéolaires, des Lewisia, des grandes primevères… Malgré des conditions très favorables, certains végétaux refusent de pousser comme l’explique Frédéric Pautz : « Nous avons fait venir des plantes du Spitzberg voilà 4 ans. Nous les avons toutes peu à peu perdues. Le haut des Vosges n’est pas encore assez froid pour elles. »

15 plantes présentes dans l’alpinum de Nancy

 

 

 

Saxifraga paniculata ‘Minutifolia’

Originaire du Mont Baldo, dans les Alpes italiennes. Rosettes en tapis dense. Floraison parfumée en fin de printemps. Bien adapté au sol calcaire.

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

 

Erinus alpinus 

On pourrait la confondre avec une primevère ! L’épine des Alpes pousse de 0 à 2400 m d’altitude. Feuilles persistantes. Forme un coussin.

 

Iris clarkei

Il pousse au Tibet, Bouthan, Népal… Fleurs de taille moyenne. Peut s’élever jusqu’à 90 cm. Floraison fin de printemps. 

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

Androsace studiosorum

Une plante himalayenne qui aime les sols neutres, fleurit rose entre avril et juin. Feuillage gris (accentué en hiver). Se propage par stolons. Tiges rouges.

Aethionema armenum

Très mellifère, fleurs couleur rose bonbec pendant une longue période au printemps. 20 cm de haut en fleurs. Plante bien tapissante.

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

Eriogonum ovalifolium

Son origine ? L’ouest de l’Amérique du nord. Petites feuilles ovales, persistantes. Les fleurs peuvent être crème, jaune, rose, blanches, pourpres.

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

 

 

Helianthemum numulatum

On le trouve – rarement –  dans les Alpes entre 1700 et 2500 m d’altitude. Un hélianthème tout petit petit qui ne dépasse pas 10 cm de haut. Belles fleurs jaune citron. Espèce protégée.

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

 

Globularia meridionalis

Fleurs bleu lavande, beaucoup plus rustique que celle nous connaissons dans nos jardins (G. cordifolia). Famille des Plantaginacées. Intéressante dans une auge au substrat très bien drainé.

Hormathophylla spinosa

Passerage épineux. Adore les milieux rocheux calcaires et finit par former de grands coussins rondouillards. Fleurit d’avril à juin. 

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

Adonis vernalis

Son feuillage fin fait penser à celui d’une armoise. Floraison jaune vif. Fait partie des espèces protégées.

©avtor
©avtor
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

 

 

Parahebe spathulata

Sous-arbrisseau à feuillage un peu poilu et persistant. Fleurit l’été en grappes blanches. Plante originaire de Nouvelle-Zélande.

 

 

Rheum tibeticum

Plante vivace qui à l’état naturel pousse du nord-est de l’Afghanistan jusqu’au Tibet. 

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

 

 

Arenaria pungens

Sabline piquante ou saline argentée. Floraison blanche en fin de printemps. Plante adaptée aux sols calcaires. Feuillage persistant. 

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

 

 

Ornithogalum umbellatum

Plante printanière bulbeuse qu’on appelle dame-d’onze-heures car ses fleurs s’ouvrent le matin en plein soleil et se referment le soir. Et s’il ne fait pas beau, elles ne s’ouvrent même pas ! Floraison d’avril à juin.

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

 

 

Dianthus amurensis

Joli nom vernaculaire : œillet du fleuve Amour (Sibérie). Floraison printemps-été. À planter au soleil ou ombre légère en terre ordinaire. 

Le jardin alpin de Nancy se trouve dans le Jardin botanique Jean-Marie Pelt.

100 Rue du Jardin-Botanique, 54600 Villers-lès-Nancy. Tél : 03 83 41 47 47.

 

 

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