Douglas Tavarès est le responsable des collections d’Aracées au Jardin botanique de Nancy. Il veille donc entre autres sur les philodendrons, Amorphophallus, Arum, Anthurium, Monstera, Colocasia, Dieffenbachia, Caladium etc.
Hortus Focus : quand es-tu arrivé au Jardin botanique de Nancy ?
Douglas Tavarès : il y a trois ans environ. Je suis pour remplacer Geneviève Fleury, notre grande spécialiste des Aracées, qui est partie à la retraite.
D’où vient ton léger accent ?
Du Brésil ! Je viens de Rio de Janeiro où j’ai fait des études de géologie à l’Université. Puis je suis venu en France voilà 7 ans pour faire un master en géologie à la Sorbonne. Après mon mastère, j’ai décidé de me reconvertir dans la botanique. C’était ma deuxième passion après la géologie et j’ai décidé finalement de faire de cette passion mon métier.
Où as-tu appris ce nouveau métier ?
J’ai fait mon apprentissage au Jardin botanique de Lyon, une ville que j’aime beaucoup. Puis je suis allé au Jardin botanique de Metz avant d’arriver à Nancy.
Quelle est ta mission ici, à Nancy ?
Je suis responsable de la collection des Aracées. Elle est labellisée CCVS (Conservatoire des Collections botaniques spécialisées) et comprend quelque 900 espèces. Je m’occupe également des népenthès tropicaux et des plantes myrmécophiles.
Myrmécophiles ?
Ce sont les plantes qui vivent en symbiose avec les fourmis. Les fourmis vivent dans des petites cavités soit au niveau des troncs, soit au niveau des pétioles. Les plantes fournissent un abri aux fourmis et les fourmis sont là pour aider les plantes à se protéger des herbivores et elles leur apportent des matières organiques dont les plantes ont besoin. Une association très vertueuse et fascinante. On trouve cette symbiose chez des Broméliacées, des acacias, certaines fougères, des palmiers et même des orchidées.
Les Aracées sont une vaste famille végétale. Quels sont ses représentants les plus connus ?
Sans doute les Anthurium aux fleurs rouges ou roses, adorées de nos grands-mère. On y trouve aussi les fleurs de lune (Spathyphillum) aux fleurs blanches. Le troisième genre que l’on peut facilement cultiver chez nous, c’est le philodendron. Tous les trois ont été importés d’Amérique du Sud au XIXe siècle.
J’imagine qu’ici, dans les serres, on n’est pas sur des plantes classiques !
Dans la serre, il fait effectivement très chaud et très humide pour reconstituer les conditions qu’elles connaissent dans la nature. Certaines espèces ne poussent qu’en situation d’ombre profonde avec un haut taux d’humidité. Mais nous avons aussi des anthuriums et des philodendrons qui, eux, préfèrent des situations ensoleillées, et même sèches. Il faut faire une moyenne et surtout être attentif à l’évolution et la santé des plantes.
Pour toi, les Aracées sont-elles des plantes d’avenir ?
Oui, pour les philodendrons ou les monsteras en particulier. D’autant plus qu’on trouve plus facilement des variétés jusqu’alors assez rares. Seul hic : elles sont encore un peu chères. Les jeunes aiment beaucoup ces plantes qui ne nécessitent pas un entretien quotidien et font toujours de l’effet même si on ne peut en accueillir qu’une seule.
Quelles sont les plus petites Aracées du monde ?
Il existe des mini-mini philodendrons qui se comportent très bien en terrarium. Encore plus petites, les lentilles d’eau (Lemna) !
Et la plus grande inflorescence du monde ?
C’est celle de l’Amorphopallus titanum (1,5 m de haut, 2 m de large.)… Nous l’avons ici à Nancy et je rêve de la voir fleurir un jour ou l’autre ! C’est en bon chemin, nous avons deux ,trois, plantes ici qui devraient fleurir dans un, deux ou trois ans !