Aujourd’hui, le gouvernement français a décidé de dissoudre les Soulèvements de la Terre. Cela fait suite, entre autres actions à Sainte-Soline. Écoutez un enseignant vous raconter sa journée !
Ils étaient 30 000 à s’être déplacés à l’est de Niort, à proximité du Marais Poitevin pour signifier leur désaccord avec l’installation d’une méga-bassine. 30 000, ça fait du monde ! Organisé par trois groupes citoyens : La confédération paysanne, Bassines Non Merci ! et les Soulèvements de la Terre, l’évènement était assorti de conférences, de discussions, de prises de parole militantes.
Qui sont les terraristes ?
Les Soulèvements de la terre s’opposent à l’accaparement des terres et à la bétonisation des sols. Ils mènent des actions de désobéissance civile et de désarmement d’infrastructures industrielles écocidaires. Les Soulèvements de la terre sont un mouvement (sans structure juridique) nés sur la ZAD de Notre-Dame des Landes. Dès la première menace de dissolution, des milliers de Français les ont rejoints et ont créé des centaines de comités locaux.
“Ce qui repousse partout ne peut être dissout” (le slogan des Soulèvements de la Terre)
À la date d’aujourd’hui, 116 477 personnes ont signé la charte de soutien aux Soulèvements de la Terre. Scientifiques, philosophes, artistes, anthropologues, journalistes, syndicats…
Pour l’anthropologue, Philippe Descola, c’est un mouvement qui fédère « des citoyens de tous âges et de toutes conditions qui sont révoltés par la dévastation de nos milieux de vie, l’accaparement des terres et des ressources, notamment en eau, et par les obstacles de toutes sortes apportés par les autorités et les intérêts économiques des grandes firmes à un usage non destructeur des terres ».
La Confédération paysanne est un syndicat agricole créé en 1986 qui milite pour une agriculture paysanne, respectueuse de la nature, de l’emploi agricole et de la qualité des produits.
Bassines Non Merci ! est un collectif citoyen, non partisan et pacifiste, engagé pour la préservation de l’eau, des ressources naturelles et plus largement du territoire dans l’intérêt général.
Extinction Rébellion est un mouvement international de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le dérèglement climatique. Ce mouvement revendique la non-violence comme stratégie de lutte.
Pour mieux vous informer,
nous croyons utile
de partager les actions
et les réflexions
de ces citoyens actifs
qu’on ne retrouve pas assez souvent
dans les colonnes des journaux.
La pluralité des propositions
est notre richesse commune.
Pourquoi les bassines sont une fausse bonne idée !
- La future bassine permettra de stocker l’équivalent de 260 piscines olympiques soit 628 000 m3 d’eau, à proximité du Marais poitevin qui manque d’eau très régulièrement et a déjà fait l’objet d’un arrêté de restriction d’eau du 13 au 30 mars dernier. Et cet été s’annonce difficile !
- Son coût est de 76 millions d’euros, financés à 70 % par l’argent public.
- 12 exploitations agricoles en profiteront.
- Pour la remplir, il faudra pomper dans la nappe phréatique et les cours d’eau pendant l’hiver.
- Cette eau manquera aux écosystèmes alors qu’ils doivent déjà résister à une période de sécheresses récurrentes.
- Cet argent manquera au contribuable pour financer la transition.
Christian Amblard, directeur honoraire de recherche au CNRS et spécialiste des écosystèmes aquatiques a expliqué que c’était une fausse réponse à un vrai problème.
Pour preuve, ce modèle a été développé au Chili depuis 35 ans avec des effets de long terme extrêmement délétères. (Reporterre) L’Espagne fait le même constat avec une expérience de près d’un demi siècle. (La Relève et la Peste)
71 % des terres agricoles européennes servent uniquement à alimenter du bétail.
Plus d’une centaine de bassines sont programmées en France !
Carte interactive et collaborative des bassines en France
De nombreux scientifiques, politiques, agriculteurs, syndicalistes du monde agricoles se sont déclarés opposés à ce choix en avançant des arguments nombreux et sérieux.
De nombreux hydrologues et spécialistes des milieux aquatiques ont pris position ces derniers mois. Comme Magali Reghezza, géographe et membre du Haut Conseil pour le climat (HCC) et Florence Habets, directrice de recherche au CNRS en hydrométéorologie, les hydrologues Emma Haziza et Jonathan Schuite, ou encore Christian Amblard, directeur honoraire de recherche au CNRS, spécialiste des écosystèmes aquatiques.
Dans cet article qui accompagne le podcast, voici quelques éléments de contexte reposant sur des documents de part et d’autre.
29 octobre 2022 – Sainte-Soline #1
La première mobilisation à Sainte-Soline, sur le même thème, datait d’octobre 2022 . Déjà la préfecture, en la personne de sa préfète Mme Emmanuelle Dubée, l’avait interdit.
Les manifestants étaient installés dans le champ d’un agriculteur, ex cultivateur de maïs, opposé aux bassines… lui aussi. Ce jour-là, l’autorité publique pensait que 1700 gendarmes et 7 hélicos pourraient encadrer la mobilisation.
La vigueur de la répression à l’encontre des 7000 manifestants avait déjà surpris. Une cinquantaine de blessés dont 5 hospitalisés. Le Ministre de l’intérieur dénonçait déjà l’écoterrorisme des manifestants, par ailleurs lourdement sanctionnés par des amendes systématiques.
Du côté des FDO
Du côté des forces de l’ordre, on déplorait 22 blessés, dont deux ont été hospitalisés. Ce chiffre a été porté à 61 en cours de soirée, pour cause de traumatismes sonores (acouphènes) liés aux armes utilisées. L’information donnée par les autorités était extrêmement floue sur la réalité et les causes des blessures. Par ailleurs, et parce que c’est leur métier, force est de constater que sur ce type d’opération les gendarmes et policiers sont équipées d’un matériel de protection extrêmement efficace, conçu pour les protéger. Il apparaît donc logique qu’ils soient moins gravement blessés que les manifestants.
25 mars 2023 – Sainte-Soline #2
Le podcast que vous pouvez écouter ci-dessus concerne la deuxième édition de la contestation de Sainte-Soline, le 25 mars 2023.
Dans La Voix du Gendarme, un article fait le point sur l’édition précédente et constate que ces rassemblements incluent des familles avec des enfants.
Pour autant, alors que 6 à 7000 manifestants sont attendus le 25 mars, 3200 gendarmes et un impressionnant dispositif répressif est organisé.
Le dispositif policier
Par crainte de l’installation d’une ZAD
- plus de 3 000 gendarmes.
- 40 gendarmes du peloton motorisé sur 20 quads.
- plus de 5 000 grenades lacrymogènes,
- près de 90 grenades de désencerclement,
- une quarantaine de dispositifs déflagrants ASSR,
- plus de 80 tirs de LBD,
- 260 grenades GM2L,
des armes de catégorie A2, relevant des matériels de guerre du code de la sécurité intérieure. - 9 hélicoptères, 4 blindés VBRG, et 4 engins lanceurs d’eau
Les blessés et leurs blessures
- 200 manifestants (40 grièvement touchés) blessés, dont des mutilations relevées par les médics ( « œil (perdu), état stable, blessure par impact œil droit », « fracture du pied », « polytraumatisé avec mutilation à la tête », « plaie avant-bras droit profonde avec nécrose et présence d’éclats », « 4 fractures mâchoire mais arrive à parler », « mutilation du nez (fracture / arraché) », …).
- 2 manifestants dans le coma
- 4 manifestants ont été arrêtés et placés en garde à vue. Les députés Lisa Belluco, Manon Meunier et Loïc Prud’homme ainsi que le porte-parole de Bassines Non Merci, Julien Le Guet ont été matraqués. (Reporterre)
- 29+18 gendarmes blessés, selon le rapport de la préfète elle-même.
Selon le procureur, “18 gendarmes supplémentaires ont dû recevoir des soins pour des traumatismes sonores”.
Selon le Parisien : Le gendarme le plus gravement touché a été atteint par un engin explosif au niveau du ceinturon de son uniforme de maintien de l’ordre pourtant ignifugé, lui infligeant de sérieuses brûlures aux hanches et à l’entrejambe.
La polémique sur l’intervention du Samu
La Ligue des Droits de l’Homme a pu apporter la preuve que le Samu avait été empêché d’intervenir auprès des blessés par l’autorité publique. La conversation est retranscrite dans cet article du Monde.