Elles envahissent l’Amérique du Nord !

Orest Lyzhechka

Introduites délibérément ou accidentellement, des espèces de plantes et d’animaux ont trouvé des lieux idéaux pour s’acclimater. Elles ont d’ailleurs tellement bien pris leurs marques qu’elles menacent la biodiversité locale ou ravagent les producteurs vivrières. La France n’est pas la seule à devoir faire face à des espèces envahissantes. Elles sont également nombreuses à avoir envahi l’Amérique du Nord. Quelques exemples.

La renouée du Japon (Reynoutria japonica)

C’est la grande peste comme partout ailleurs. Elle a été importée des deux côtés des États-Unis et ces deux colonies ont fini par se rejoindre à l’intérieur du pays. Au Canada, elle est présente jusqu’à la forêt boréale. En Amérique du Nord, comme partout ailleurs, on ne voit pas bien ce qui pourrait l’arrêter. Ses racines peuvent descendre jusqu’à 3 m de profondeur. Ses graines ont une forte capacité germinative, renforcée par le réchauffement climatique.

Vous l’arrachez ? Il suffit d’en laisser un éclat pour qu’une nouvelle plante se forme. Reynoutria japonica se comporte comme Attila : là où elle passe, plus rien ne pousse. Elle étouffe tout, tue la biodiversité locale. Des techniques de lutte existent : l’écopâturage en est une, le bâchage des sols en est une autre (mais c’est un boulot de fourmi). L’arrachage mécanique n’en est pas une… Elle est capable de cicatriser une plaie de coupe ou d’arrachage en quelques jours pour mieux repartir à l’attaque.

©Henfaes
©Henfaes
©Collinswood Images
©Collinswood Images

L’élodée dense qui empêche la navigation

Cette plante aquatique originaire d’Amérique du Sud aime les coins du globe où il ne gèle pas et les eaux fortement polluées par les engrais agricoles (un bonheur pour Egeria densa, malheureusement). Aux États-Unis, elle a trouvé des conditions super favorables à son implantation de la Floride à NewYork et particulièrement dans le Delta Sacramento-San Joaquin, dans l’état de Californie où elle est arrivée dans les années 60.

Egeria densa ©Lamiot
Egeria densa ©Lamiot

Ses racines plongent jusqu’à 4 m et son feuillage forme un tapis tellement dense que les bateaux ne peuvent le traverser. Cette plante est très difficile à éradiquer : un seul morceau resté dans l’eau et c’est reparti ! Une des solutions pour l’éradiquer consiste à assécher les zones où elle sévit. Mais pas facile d’assécher un delta entier… Elle est également très présente dans la région de Brisbane, en Australie.

Vencetósigo
©jacilluch

Le dompte-venin noir est un nuisible

Vincetoxicum nigrum, d’origine méditerranéenne, a franchi l’Atlantique dans les valises d’un collectionneur, dit-on. Il s’en est échappé pour s’implanter avec aisance dans les sols calcaires, sur les terrains caillouteux, mais également humides. Il est désormais présent sur quasiment toute la partie nord-est des États-Unis et le sud du Canada, où il est considéré comme une espèce envahissante nuisible. Les graines sont dispersées par le vent ou transportées par des animaux. Cette espèce pousse en stations denses, réduit la biodiversité et altère le fonctionnement des écosystèmes. 

©jacilluch
©jacilluch

La centaurée diffuse

Une capacité d’expansion qui fait peur. Voilà 25 ans, une étude a montré que Centaurea diffusa augmentait son aire de répartition de 18% par an ! Introduite accidentellement dans une cargaison de semence de luzerne, repérée pour la première fois en 1907, elle est désormais présente dans de nombreux États nord-américains à l’ouest des Rocheuses, mais également dans le Massachusetts et le New Jersey.

Rien ne semble pouvoir l’arrêter, le vent, l’eau, les animaux se chargent de disséminer les graines et quand on sait qu’une plante peut produire environ 18 000 graines, la lutte semble perdue d’avance. Une guerre lui est menée via une douzaine d’espèces d’insectes avec peu de succès. La plante est dotée d’une racine pivotante profonde qui produit de nouvelles tiges aériennes dès qu’on les coupe. 

L’euphorbe âcre

On connaît le caractère conquérant de la plupart des euphorbes. Euphorbia esula, qui ne parvient pas à exprimer ce caractère en France excepté dans le Val de Saône notamment, a trouvé un terrain de jeu formidable aux États-Unis. Elle y a été introduite accidentellement et depuis elle s’étale, formant de vastes prairies notamment dans les parcs nationaux. Les Américains ont donc importé d’Europe des ravageurs, mais comment venir à bout d’une plante dont le système racinaire adore s’étaler jusqu’à 5 m et descendre dans les profondeurs de la terre, jusqu’à 8 m.

Euphorbia
©Makrouf Walid

D’autres espèces envahissantes en Amérique du Nord

Herbe de la Pampa (Cortederia selloana), jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) : bienvenue au club, le même constat est fait en France. 

Salicaire commune (Lythrum salicaria) : là où elle pousse ne grand nombre, elle dégrade les conditions de vie d’oiseaux et d’insectes, sans compter qu’elle peut finir par boucher des canaux.

L’arbre de soie (Alibizia julibrissin) : il se répand à vitesse grand V dans une vingtaine d’États américains qui cherche à contrer son expansion par l’introduction de variétés sans graine. 

Le niaouli (Melaleuca quinquenervia) : cet arbre originaire de Nouvelle-Calédonie et d’Australie importé aux États-Unis s’est répandu à toute vitesse notamment en Floride, dans la magnifique zone humide des Everglades et perturbe les écosystèmes marécageux. 

Inscrivez-vous
pour recevoir [Brin d'info]

dans votre boîte de réception,
chaque semaine.

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

74 Shares
Share via
Copy link