C’est amusant de constater au fil des rencontres et des découvertes que tout est lié ! L’habitat léger : vous allez me dire, mais quel rapport avec le jardin ? Et bien, dans la situation qui est la nôtre en termes de biodiversité et de climat, ça a un lien.
Habiter léger raconte un rapport au monde qui nous entoure : celui d’une espèce – l’humain – qui essaierait, non de laisser une trace indélébile de son passage, mais au contraire, de se faire discrète. Drôle de changement de paradigme !
Hameaux légers pour tout changer
Habiter autrement une planète en souffrance, c’est ce qui a motivé la création de l’association Hameaux légers. Moins cher, moins lourd, moins polluant, moins sale et peut-être même moins prétentieux, il s’agit là de changer le rapport à notre place sur terre. Nos civilisations (ce qu’on reconnaît d’ailleurs comme tel au détriment de toutes les autres façons d’être au monde) se sont érigées sous forme de pyramides, de palais, d’immeubles et d’églises indestructibles. Nous estimons le poids d’une vie à la trace qu’elle a laissé dans la vie des autres où le monde en général.
Aujourd’hui, les réseaux sociaux nous vendent de la trace, gloire à deux balles, sous forme de pixel, d’images vidéo ou de bruit. Qu’elle soit pour des siècles, quelques décennies ou quelques mois, nous voulons laisser une empreinte forte.
Un peu d’humilité que diable !
Or, d’autres cultures ne se pensent pas à ce point importantes qui acceptent d’être partie prenante des écosystèmes sans y laisser les restes de leur passage. Hameaux légers et ceux qui les rejoignent sont proches de cette conception de la relation au monde.
Une mission au profit de l’habitat léger
L’association s’est donné pour mission d’accompagner la création de « hameaux légers », c’est-à-dire des écohameaux constitués d’habitats réversibles et écologiques, accessibles financièrement et en lien avec les communes qui les accueillent.
Maud Delacroix fait partie de l’association : « j’étais une militante écolo et j’étudiais l’architecture en aménagement urbain. J’ai commencé par faire de l’assistanat à maîtrise d’ouvrage pour des écoquartiers. Mais, c’était encore beaucoup de béton. Puis j’ai rencontré ces gens-là, des personnes qui proposaient de vraies alternatives. Et je me suis dit que c’était pour moi ça. »
L’idée de travailler sur des logements non seulement très écologiques, mais aussi très accessibles à tous va dans le sens aussi d’une empreinte réduite.
Renverser nos logiques
Et derrière ça, viennent les logiques capitalistiques qui lient le foncier et l’immobilier dès lors qu’on parle de propriété. Et ce d’autant qu’une des formes de la trace est l’héritage. Il s’agit donc de modifier profondément nos sociétés. Toutefois, la réflexion vient très à propos. On sait que le principal facteur d’évolution des inégalités sociales vient du patrimoine et par conséquent des règles d’héritage.
Des formules tout à fait différentes
Comme il s’agit de dissocier le foncier de la propriété de l’habitat, des associations (loi de 1901) sont constituées par les habitant.e.s et signent un bail emphytéotique avec une commune. L’association est locataire du terrain pour une durée de 19 à 99 ans. Sur ce sol, des habitations légères sont construites. Elles appartiennent à leurs habitant.e.s. Ces dernier.e.s doivent se conduire sur le terrain comme des propriétaires. Ils et elles en ont toutes les prérogatives sauf le droit de vendre ou d’hypothéquer. Le droit permet donc de multiplier des formules de hameaux légers sur l’ensemble du territoire.
Au terme de leur occupation
Ils et elles rendent le terrain libre avec un sol dans son état initial. Leur logement peut être démontable, déménageable ou compostable.
Des hameaux légers ou des habitats légers pour qui ?
Aujourd’hui, l’idée intéresse des étudiant.e.s en questionnement écologique et sans épargne à mobiliser, des jeunes familles qui veulent expérimenter une autre façon de vivre, les quadras épuisé.e.s qui décident de basculer et des seniors à mini retraites. Mais, on constate aussi qu’une part non négligeable l’utilise pour le loisir plutôt que pour se fixer.
Du web au papier, l’habitat léger
L’association Hameaux légers a d’abord créé un mooc, en 2021, « S’installer en habitat réversible », un cours accessible en ligne. Aujourd’hui, elle présente un livre pour répondre à toutes les questions récurrentes sur l’habitat léger qui se veut un guide très pratique : méthodes, astuces, activités, témoignages, tout y est, renforcé d’infographies et d’illustrations qui contribuent à la clarté de l’ensemble.
