Mais comment font-ils ces Japonais pour transformer des rizières en incroyables tableaux ? Ils plantent “tout simplement” des variétés différentes de riz. Une façon d’attirer les touristes qui peuvent contempler ces œuvres végétales depuis de hautes plates-formes.
Inakadate, une vie tout en riz
Dans ce village de 8000 habitants environ, sur l’île de Honshu, on cultive le riz depuis 2000 ans. Ce long passé de riziculture donne l’idée aux habitants, dans les années 1990, de se lancer dans une forme de Land Art particulière. Les objectifs : faire connaître le savoir-faire rizicole, attirer des touristes pour compenser son déclin économique lié à une population vieillissante.
D’année en année, le Tambo Art se perfectionne à Inakadate. Les premiers tableaux sont bicolores, plantés de deux variétés de riz à feuillage vert et violet foncé. Aujourd’hui, ils sont composés jusqu’à 5 variétés de riz. Chaque année, au mois de février, les habitants décident du thème du tableau et un “patron” de plantation est réalisé dans ses moindres détails. Au printemps, des centaines de bénévoles plantent la céréale sous le regard de milliers de visiteurs. En juillet, le riz s’est suffisamment développé et l’œuvre est – enfin- visible. Les bénévoles se retrouvent à l’automne pour la récolte des champs.
En 2002, c’est la consécration pour les habitants d’Inakadate. La chaîne de télévision japonaise, la NHK, consacre une émission à leur travail. À partir de cette date, le Tambo art est connu dans tout le Japon, et des villes emboîtent le pas à Inakadate.
Tambo Art, des œuvres vraiment très différentes…
L’imagination des créateurs n’a pas de limites. À leur actif, une Mona Lisa, Marilyn Monroe, Napoléon 1er, les héros de la saga “Star Wars”, mais surtout des figures emblématiques de la culture japonaise comme “La Vague” d’Hokusai, des guerriers glorieux de la période Sengoku, le mont Fuji, des personnages de mangas, la Hibô Kannon du peintre Kano Hogai etc.
En 2014, la reconnaissance de Inakadate est à son comble quand l’Empereur Akihito et son épouse Michiko viennent quelques heures en goguette dans la région et admirent les gigantesques tableaux de riz.
Une bonne idée copiée un peu partout
Plusieurs villes et villages empruntent l’idée et lancent leur propre Tambo Art. La Chine suit, en créant des tableaux avec des personnages de BD ou des animaux (oh, tiens, des pandas, comme c’est étonnant !). Puis, la Corée du Sud emprunte aussi l’idée. Et, en 2013, le Tambo Art débarque dans une rizière camarguaise à l’initiative du Centre national des arts de la rue, le Citron jaune. Quatre variétés de riz sont été plantées pour faire naître un taureau camarguais dessiné par auteur de bande dessinée, Pierre Duba.