L’été est la saison idéale pour découvrir (ou redécouvrir) les Hortillonnages et les jardins de la vallée de la Somme avec leurs nouvelles créations. Une jolie balade dans les Hauts-de-France, que nous avons effectuée à pied, en bateau électrique et en voiture. Nous vous la racontons en textes et en images.
Par René Dépal
Les Hauts-de-France côté jardins
Les Hauts-de-France deviendraient-ils LA nouvelle terre des jardins? Chaque année, on y découvre de nouvelles créations, par exemple aux Hortillonnages d’Amiens dont nous vous avons déjà parlé dans de précédents articles. Certaines naissent aussi dans le cadre des Jardins de la Paix ou des Jardins de la vallée de la Somme. Ces derniers se réapproprient certaines rives ou certains morceaux d’histoire du fleuve. On l’aura compris, tous les prétextes sont bons, ici, pour donner naissance à de nouvelles œuvres artistiques et paysagères. Cogiter, créer, planter et recommencer ! L’auteur du crime…? Le très inspiré Gilbert Fillinger (à qui revient l’idée originale) et son association Art & Jardins/Hauts-de-France.
Pour sa quinzième édition, le Festival international des Hortillonnages propose la découverte de 50 œuvres. Dont 14 nouvelles. Côté vallée de la Somme, ce sont quatre autres créations depuis 2023. Toutes choses à découvrir au fil de l’eau…
Ci-dessous, nous vous présentons certaines des plus récentes : notre Top 5 par leur esthétique, leur poésie ou leur propos.
Céramophone par Lana Ruellan et Baptiste Roger, céramiste et musicien français
Cet instrument à la forme très élégante incite le visiteur à créer sa petite musique en l’activant. Les sons produits, assez fascinants, sont comme ceux d’un xylophone aquatique. En effet, ce Céramophone se compose de cinq tiges de métal plantées dans la berge à l’extrémité desquelles sont accrochées cinq céramiques. Le tout se maintenant en équilibre à fleur d’eau grâce à un savant système de balancier. Le son se produit lorsque les céramiques plongent dans l’eau. Il résulte d’une interaction entre l’homme et l’environnement, interrogeant peut-être leur rapport de force dans l’écosystème fragile des Hortillonnages… C’est simple, signifiant et beau ! (Hortillonnages, 2023)
Utopies entomologiques II par Raphaël Emine, plasticien français
Un palais du facteur Cheval ou un temple d’Angkor en miniature ? Ce n’est pas tout à fait ça…! Cette sculpture en céramique un peu « crouchi-croucha » et réalisée en 3D, est un hôtel à insectes et à plantes, qui loge aussi des végétaux en décomposition et des réserves d’eau.
Elle s’inspire de l’habitat vernaculaire, de l’architecture fantastique, du monde sous-marin ou du système racinaire. Sa vocation étant d’abriter sur un même territoire plusieurs espèces du vivant à différents stades de leur vie (bactéries, œufs, larves, insectes adultes). Une réflexion sur la biologie et le vivant qui ne demande qu’à amplifier son échelle et à s’étendre à l’humain… (Hortillonnages, 2024).
Terram Revertis par Orlando Clarke et Baptiste Miremont, concepteurs paysagistes français
De cette installation que nous avons vue (et photographiée) à ses débuts, nous apprécions particulièrement le propos très respectueux du lieu. Terram Revertis, littéralement Reviens sur Terre fait écho au geste originel des hortillons, ces îlots flottants que l’on entretient en charriant de la boue du fond de la Somme à la surface pour faire émerger la terre et la planter.
Sans une intervention humaine, les berges s’érodent et s’affaissent. Terram Revertis propose un subtil dispositif. Il s’agit de modules en terre cuite arrimés dans le sol par des pieux en bois verticaux. Dans leurs cavités ont été plantés iris, graines et jeunes saules dont les racines contribuent à la tenue de l’ensemble. Un heureux mariage de l’homme et du vivant. (Hortillonnages, 2024)
Flux par Antoine Millian, artiste plasticien français
Le fleuve paisible de la Somme et sa foisonnante biodiversité est animé par tout un ensemble de cycles naturels tel celui de l’eau ou les migrations des oiseaux. D’où ce nom de Flux. Situé sur un magnifique plan d’eau (à Eclusier-Vaux) à proximité de courants tumultueux, cet anneau rouge en aluminium montre lui aussi un tressage au flux continu en écho à la nature environnante. Si belle, si indomptable… (Jardins de la vallée de la Somme, 2023)
Akpaku par Kokou Ferdinand Makouvia, plasticien togolais
Akpaku signifie calebasse en Ewé (une des langues parlées dans le sud du Togo). Dans ce pays, elle a pour rôle de matérialiser le monde invisible et de conserver des décisions sacrées entre les hommes et les dieux.
Transposé ici, le joli fruit orange a convoqué les ancêtres pour converser sur la préservation du site. Toutes sortes de petits objets ramassés sur les Hortillonnages ou chez les habitants des communes voisines y ont été enfermés. Et il flotte au milieu d’une laitue aux feuilles en céramique, comme une sorte de concentré du site protégé par sa vocation maraîchère (d’antan)… Une belle image et un rituel auxquels le visiteur peut ajouter sa propre poésie en prononçant quelques mots et en jetant à proximité une poignée de terre. (Hortillonnages, 2022)
Plus d’infos sur les jardins des Hauts-de-France
Contrairement aux jardins de la vallée de la Somme qui sont pérennes, le Festival International de Jardins/Hortillonnages Amiens se tient jusqu’au 13 octobre 2024.
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