Avec la beauté du vivant, Francis Hallé déploie sa pensée avec grande finesse et sensibilité. Il croise son expérience vécue et l’histoire des sciences naturelles pour ouvrir de nombreuses pistes de réflexion. Tout au long de son texte engagé et vivement adressé à des scientifiques, ses collègues et à des lecteurs passionnés, des planches botaniques illustrent chaque chapitre. Ses dessins témoignent du grand respect, de l’attention et de la contemplation que cultive le botaniste.
De l’histoire de la considération pour la beauté de la nature vers la beauté du vivant comme résultante de l’évolution naturelle
Francis Hallé commence par raconter l’histoire des premières considérations pour la beauté de la nature. Il cite Aristote, Virgile et Pline, puis Charles Darwin, passionné d’esthétique. Il rappelle qu’Alexandre Von Humboldt et Alain Bonpland ont fait son éloge. Un changement s’opère, dit-il au milieu du XXe siècle où les scientifiques se sont tournés vers l’invisible. Récemment apparait la notion d’intelligence des plantes. Il explique la nécessité de considérer la beauté du vivant. Selon lui, cette expérience peut déclencher des vocations de naturaliste. Il la définit en relation avec l’évolution du vivant. Il évoque des organismes qui relèvent, selon lui, de l’ordre de la « neutralité esthétique ». Son étude porte sur l’ensemble des êtres vivants, des plus anciens au plus récents dans la lignée de l’évolution. Il s’attarde notamment sur des animaux qu’il considère comme superbes.
Considérations sur la beauté du vivant son rôle et sa variété chez l’ensemble du monde vivant
Après avoir expliqué que la beauté n’était pas un critère d’évolution chez l’être humain, le botaniste s’attache à comprendre son fonctionnement chez les vivants non-humains. Chez les oiseaux, elle permet d’attirer les femelles. Il donne des exemples de compositions esthétiques réalisées par des animaux, constructions qui servent pour certains à susciter l’attraction. Cependant, nous dit-il, l’ensemble des caractères ornementaux que revêtent les espèces mâles peut leur être défavorable au quotidien. À l’inverse, la laideur peut provoquer de la peur. Francis Hallé prend également soin de comparer la beauté des animaux à celle des plantes. Il étudie ce qu’il nomme la beauté collective du vivant, notamment en analysant les récifs coralliens, les forêts et la faune qui habitent ces milieux. Notons son intérêt et son analyse dessinée de l’architecture des jeunes arbres.
Ouvertures vers la beauté invisible et l’expérience du sentiment océanique
En suivant ces appréciations vers une définition de la beauté du vivant, nous découvrons la possibilité d’une beauté invisible, celle qui peut être interne à la plante, ne transmet pas nécessairement un message et ne s’adresse pas à notre vision ni à celle des animaux. Le botaniste nous fait également comprendre l’expérience du sentiment océanique, un moment lors duquel la beauté peut nous submerger pendant un instant. Par sa propre expérience personnelle et le témoignage d’autres personnes, nous comprenons cette sensation particulière qui marque chaque individu qui la vit.
Dérives et relations néfastes vis-à-vis de ce qui est considéré comme beau
Si les œuvres d’art peuvent être perçues comme belles, elles le sont de manière subjective, rappelle Francis Hallé. Or la beauté du vivant est objective, résultante d’une sélection naturelle. Elle nécessite un minimum de connaissances et une sensibilisation de la part d’un passeur. Par ailleurs, il nous indique que des excès de beauté peuvent nous être nocifs. Il nous alerte également en mettant en lumière certains faits, sa destruction, celle des forêts tropicales par exemple.
En somme, ouvrir ce livre invite à s’émerveiller face à la beauté du vivant, à comprendre cette beauté notamment en appréciant des dessins d’espèces animales et végétales classées par catégories et par ordre dans le cycle de l’évolution. Au fil d’un parcours à travers l’histoire de la botanique, de ses découvertes et de ses explorations de milieux, l’éminent botaniste nous fait comprendre que la beauté du vivant est une propriété des vivants les plus avancés dans l’évolution.