Vous les rencontrez sous le nom de forêt-jardin, jardin-forêt, forêt comestible ou nourricière, parfois même forêt fruitière, ce sont des espaces cultivés qui marient le sauvage à l’agricole.
Pour en discuter, le 19 décembre 2024, à l’Académie du climat, Hortus Focus a convié Fabrice Desjours – La forêt gourmande – Maxime Leloup – Silva Domestica – et Mathieu Petot – Jardine-moi une forêt.
Qu’est-ce que le jardin-forêt ?
Si chacun a sa définition dans la nuance, sans doute peut-on tomber d’accord sur le fait que c’est un système de culture très ancien, venu essentiellement de la luxuriance des zones tropicales. Les jardins-forêts sont sans doute une des plus anciennes formes de culture, celle qui a fait la jonction entre les chasseurs-cueilleurs et les agriculteurs sédentarisés. Dès la préhistoire, nos lointains ancêtres savaient repérer et sélectionner les espèces végétales qui convenaient le mieux à leur alimentation. Ils les rapprochaient donc des campements qu’ils installaient pour une ou plusieurs saisons. Ils cultivaient donc dans la forêt qui les abritait.
La forêt nourricière, une idée d’avenir ?
Probablement, car il s’agit de repenser l’humain dans un écosystème au centre duquel il peut choisir de s’installer. Mais il n’est qu’un élément en interaction avec les autres. Cela signifie que ce mix entre sauvage et agricole permet à chacun d’exister et à tous de rechercher constamment une dynamique d’équilibre. Les systèmes se construisent de façon plus robuste face aux aléas climatiques et pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité.
On y mêle de nombreuses espèces et variétés, plusieurs centaines, voire plusieurs milliers. Le système, comme la forêt, repose sur plusieurs strates en aérien comme en souterrain et sur une abondance de récoltes qui évite la pénurie en cas de mauvaise année. Ces espaces cultivés à minima sont conçus pour être autonomes ou presque, sur le plan des intrants et de l’eau. C’est d’autant plus important que nous savons que les années à venir vont souvent manquer d’eau.
Inversement, comme le sol est non seulement très riche et vivant, mais aussi bien fixé par les strates racinaires, les surcroîts d’eau s’infiltrent plus facilement jusqu’aux nappes et le ruissellement est suffisamment ralenti pour éviter le lessivage des sols.
Enfin, ce mode de culture autant jardinier que possiblement agricole recrée des habitats et des réserves de nourriture pour la petite faune terrestre ou aquatique. Ils permettent aux auxiliaires de jouer pleinement leur rôle. La prédation ne disparaît pas, mais elle s’équilibre.
Un système agricole viable ?
Le sujet mérite d’être étudié. Aux Pays-Bas, il semble qu’on ait trouvé le modèle. En France, il se cherche. Pour autant, il n’est pas question de transformer l’agriculture française en jardins-forêts. Mais c’est un mode de production qui aux côtés d’autres versions de l’agroécologie, de la permaculture ou de l’agroforesterie a tout son sens.