Des terreaux et engrais vertueux venus de Corrèze

Balcon urbain

Il y a cinq ans, Bertrand Urban fondait Vertitude en Corrèze avec sa compagne Chloé et son beau-père, animé par une idée simple, mais nouvelle : transformer le compost liquide, aussi appelé “thé de compost”. Un tournant pour l’entreprise dans le secteur des engrais organiques.

Une aventure née d’une intuition

L’histoire commence il y a plus de dix ans, quand le beau-père de Bertrand, exploitant des plateformes de valorisation de déchets verts pilotées aujourd’hui par son autre fils, découvre lors d’une réunion du réseau ACF (Agriculteurs Composteurs de France) les possibilités du thé de compost. Cette technique permet d’obtenir un liquide aux propriétés nutritives intéressantes à partir de compost solide transformé.

Guidé par la recherche

“Initialement, nous étions partis pour faire du thé de compost”, explique Bertrand, ancien directeur commercial reconverti dans l’entrepreneuriat aux côtés de Chloé. Elle-même est issue du secteur financier. Mais après six mois de recherche menée en partenariat avec l’institut technique des Ponts de Cé près d’Angers, l’équipe obtient des résultats surprenants.
“On ne s’attendait pas du tout à de tels résultats”, raconte le fondateur. Cela les conduit à se réorienter vers le développement d’un engrais organo-minéral liquide, dont la recette reste confidentielle.

VERTITUDE • ENGRAIS LIQUIDES ET TERREAUX SANS TOURBE • Bertrand Urban
Bertrand Urban • ©Isabelle vauconsant
VERTITUDE • ENGRAIS LIQUIDES ET TERREAUX SANS TOURBE
Sous la marque Clotaire, Vertitude propose ses engrais liquides et se terreaux sans tourbe en format urbain. ©Isabelle vauconsant

Ramener du vert en ville

Vertitude ne se contente pas d’innovation technique. Son objectif : “participer avec tous ceux qui veulent bien le faire – producteurs, distributeurs comme clients finaux – à ramener du vert en ville et transformer nos villes et villages en poumons verts.”
“Nous avons banni la tourbe de nos compositions, trop présente dans les terreaux. La tourbe est une catastrophe écologique”, affirme Bertrand. “C’est une réserve de carbone et microbienne qui a des fonctions essentielles dans l’écosystème. Il faut absolument la préserver.”
Pour la remplacer, Vertitude utilise de la fibre et du film de coco importés d’Inde ou du Sri Lanka. Un choix qui peut surprendre, mais qui s’appuie sur une étude rigoureuse : “Une tourbe extraite d’une tourbière française pollue quinze fois plus que la fibre de coco que nous importons”, précise le dirigeant, soulignant l’importance de calculer l’impact carbone à l’unité plutôt qu’à la distance parcourue.

Une usine moderne

Après un investissement de 3 millions d’euros cette année dans leur usine corrézienne, Vertitude dispose désormais d’outils de production de pointe. Vertitude finalise également une levée de fonds de 2 millions d’euros pour accélérer son développement.
L’usine fabrique des terreaux (universel, plantes fleuries, plantes vertes, potager-aromates, cactées, orchidées), un compost de déchets verts, paillages bois et minéraux, et, bien sûr sa spécialité, les engrais organiques liquides.

Le “juste dosage”

Vertitude, et c’est malin, a travaillé ses formats de conditionnement. Des terreaux en sachets de 2 litres pour les urbains suite à une étude qui montre que 60% des pots vendus en jardinerie ont un diamètre inférieur à 15 cm.
“Deux litres, c’est la juste dose pour rempoter une plante dans un pot de 12 cm de diamètre”, explique Bertrand. Les urbains n’en peuvent plus d’acheter de gros sacs dont ils n’utilisent qu’une petite partie. Alors, quand on veut se présenter comme anti-gaspi, c’est la bonne formule !
Même logique pour les engrais liquides, proposés dès 100 millilitres : “Avec ce format, vous avez 50 litres d’arrosage, soit deux à quatre mois de stock pour des cactées ou orchidées.” Et ça part comme des petits pains” !

lapassiondestomatesetdesbrugmansias.com

Au service de la diversité

6 recettes d’engrais liquides spécialisées (potager, aromates, cactées, orchidées, plantes fleuries, plantes vertes), chacune adaptée aux besoins spécifiques des plantes. “Les besoins nutritifs ne sont pas du tout les mêmes”, précise Bertrand. “Une tomate est beaucoup plus exigeante qu’un basilic, et les cycles de culture diffèrent considérablement.”
Les engrais sont le résultat de deux programmes de recherche : l’un sur les engrais organiques liquides, l’autre sur les substrats, avec pour mission d’identifier des matières premières locales, souveraines, renouvelables et bas carbone.

Un modèle social engagé

Dans le cadre de la levée de fonds en cours, l’équipe travaille à convaincre ses partenaires financiers de permettre aux 70 salariés de devenir actionnaires de l’entreprise. “On réussira collectivement et on échouera collectivement”, résume le dirigeant.

“Nous ne sommes pas des philanthropes, nous prenons des risques en investissant énormément”, rappelle Bertrand. “Mais nous voulons faire les choses avec raison, respect et sens.” Une approche qui pourrait bien inspirer toute une génération d’entrepreneurs soucieux de concilier performance économique et impact positif.

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