C’était l’arbre le plus isolé du monde !

 

Il servait de repère aux caravanes en route dans le désert du Ténéré, au nord-est du Niger. Cet “acacia” (en fait un Vachellia tortilis) fut pendant des décennies le seul arbre présent dans un rayon de 150 km…

Un survivant

Le Ténéré qu’on surnomme le “désert des déserts” ne fut pas toujours cette immensité sableuse où la température peut atteindre 50°C et qui connait une pluviométrie parmi les plus faibles du monde. Entre le huitième et le sixième millénaire avant J.- C., la région vécut une période humide qui permit à des tribus de chasseurs – cueilleurs de s’y installer. Quand le Ténéré s’assêcha, les tribus migrèrent, la végétation disparut peu à peu. On pense que l’arbre du Ténéré était le dernier survivant d’un groupe d’arbres, vestiges de la période humide.

 

Seul contre tous !

La solitude de cet acacia lui a sans doute valu de vivre très, très longtemps. Utilisé comme point de repère par les Touaregs, on peut imaginer que les caravaniers l’ont protégé des dents des dromadaires. Ce sont d’ailleurs les hommes, et non les animaux, qui lui ont fait le plus de mal en emportant des morceaux de son écorce ou en gravant leurs noms sur son tronc.

Le secret de sa longévité

©Michel Mazeau

En 1939, des militaires français creusent un puits à côté de l’arbre pour trouver de quoi alimenter en eau les convois qui circulent dans la région du Ténéré. Ils découvrent alors que l’acacia a fait plonger ses racines à une grande profondeur et s’abreuve dans une nappe phréatique.

Il existe un récit de cette découverte, écrit par le lieutenant Michel Lesourd, des Affaires militaires musulmanes  : “D’Agadez, en rejoignant le poste de Bilma, notre convoi automobile arrive à l’Arbre du Ténéré. Nous sommes accueillis par le sergent-chef Lamotte. Celui-ci est chargé de creuser un puits au pied de l’Arbre : pareille entreprise paraît une gageure, une utopie. Pourquoi les Touaregs ou les Toubous n’auraient-ils pas pensé, avant nous, à forer un puits dans cette partie désolée du Sahara ? Le sergent-chef Lamotte est là depuis le mois de janvier. Il a bon espoir de trouver de l’eau. Il a déjà atteint la profondeur de 35 m et l’eau commence à suinter. On retrouve d’ailleurs à cette profondeur les racines de l’acacia du Ténéré ce qui explique, semble-t-il, en partie son existence. Lamothe pense creuser jusqu’à 50 m pour trouver de l’eau en quantité suffisante.”

 

©Roger Balsom

Une mort idiote

Déjà endommagé par de multiples “graffitis” qui attaquent son tronc, l’Arbre du Ténéré est victime, en novembre 1973… d’un chauffard. Il est alors heurté par un chauffeur vraisemblablement libyen et sans nul doute passablement ivre ! Quelques jours plus tard, sa dépouille est transportée au Musée national Boubou-Hama, à Niamey, la capitale nigérienne où on peut encore le voir. À l’emplacement de l’Arbre du Ténéré s’élève aujourd’hui une sculpture métallique rappelant sa silhouette. Quelques mètres plus loin, un artiste japonais a également érigé une autre sculpture qui, grâce à des miroirs, est visible à des dizaines de kilomètres à la ronde. 
 
 
 

 

 

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