L’abbaye de Saint-André, à Villeneuve-lès-Avignon, dans le Gard, est entourée de jardins extraordinaires parsemés de ruines historiques. Leur visite est particulièrement intéressante à l’automne, les plantes de jardins « secs » fleurissant en cette saison. Vous avez jusqu’au 1er novembre pour découvrir ce grand paradis, son nouveau sentier botanique et ses nombreuses œuvres d’art !
Un jardin qui invite à la méditation
Sur les hauteurs de Villeneuve-lès-Avignon, bien caché derrière les murs du fort Saint-André, ce jardin remarquable déploie avec splendeur ses terrasses, ses petits coins cachés et son festival de ruines et de plantes méditerranéennes. C’est un jardin de caractère, d’atmosphère aussi. Un lieu éminemment inspirant qui invite à la méditation. Le parcourir offre de nombreux changements d’ambiance et des points de vue renouvelés sur Avignon, les dentelles de Montmirail et le mont Ventoux.
Il est rare de trouver autant de vestiges historiques et d’espèces végétales sur 2 hectares de terrain. On pourra donc s’attarder assez longuement surtout si l’on visite aussi l’abbaye, les expositions en cours. Ou si on observe le tout nouveau sentier botanique. Il se passe toujours quelque chose à l’abbaye de Saint-André !
Il était une fois des moines…
Depuis leur origine, les lieux furent toujours habités par des religieux qui y laissèrent leurs traces. Sainte-Casarie fut la première à se retirer ici, au VIe siècle, dans un petit ermitage sur le mont Andaon. Puis ce furent les moines bénédictins, à partir du Xe siècle et la Congrégation de Saint-Maur aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cette dernière, soucieuse de clamer haut et fort la puissance divine, conçut un très ambitieux programme de construction confié notamment à Pierre Mignard, l’architecte du Roi. Projet réduit à néant par la Révolution. Seuls en demeurent le pavillon d’entrée (sa taille montre l’ampleur du projet) et les nombreuses ruines disséminées dans le jardin. Et quelques très vieux oliviers dans l’oliveraie qui entoure la chapelle Sainte-Casarie.
Le jardin italien, bébé d’Elsa et de Génia
De 1916 à 1950, Elsa Koeberlé et Génia Lioubow, deux femmes artistes, vécurent dans l’ancienne abbaye. Elles créèrent le jardin italien par lequel on commence la visite. Longeant la terrasse, il se compose d’une pergola aux colonnes de pierre et aux chapiteaux sculptés. Y poussait initialement une vigne remplacée aujourd’hui par une glycine et des rosiers de Banks.
Deux banquettes d’iris longent l’ensemble qui s’ouvre sur un grand parterre en forme d’éventail. Ce dernier était planté à l’origine de roses de plus en plus difficiles à entretenir vu les changements climatiques. En attendant sa « restauration », il s’anime d’une joyeuse prairie fleurie. Dernières pièces au tableau : une série de cyprès de Florence (Cupressus sempervirens), deux bassins. Et des statues de Diane, Polymnie et Cérès.
Le jardin sauvage : merci Roseline…
Il s’agit de la grande colline qui constitue la partie haute du jardin, parsemée de ruines. On la doit à Roseline Bacou. De 1950 à 2013, cette historienne de l’art se transforma en archéologue. Elle dégagea les ruines du bâtiment conventuel, dégagea les églises Saint-André et Saint-Martin, restaura la chapelle Sainte-Casarie. Tout en plantant une foule de végétaux endémiques de type sempervirens (toujours verts) : oliviers, pins, laurier-tin, nerpruns, cyprès… Ce jardin méditerranéen mêle les plantes aux vieilles pierres. Et offre une balade éminemment romantique. Pour un peu, on se croirait dans un tableau d’Hubert Robert…
Les jardins d’aujourd’hui : ça bouge !
Le jardin actuel de l’abbaye de Saint-André est toujours dans les mains de la famille de Roseline Bacou. Il a pour gestionnaires Marie et Gustave Viennet. Aidés par Olivier Ricomini, leur jardinier un brin philosophe, en parfait accord avec le lieu. Tous débordent de projets et d’activités.
Depuis quatre ans, le jardin est en gestion naturelle. On a adopté le désherbage thermique, les huiles essentielles pour les maladies et les insectes nuisibles. Purin d’ortie et prêle venant aussi fortifier les plantes. Ici, engrais verts et goutte-à-goutte sont de rigueur !
Les jardins sont refuge LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) depuis 2018. Ils sont en cours de labellisation « Ensemble arboré remarquable » par l’association A.R.B.R.E.S. pour leurs oliviers bicentenaires, leurs arbres de Judée et leurs pins anamorphosés, véritables sculptures réalisées par le vent.
Enfin, cette année a été inauguré un sentier botanique, grâce aux conseils de Véronique Mure, spécialiste de garrigue et de jardins secs. Près de 75 espèces y prospèrent. Entre de jolies terrasses en pierre sèche poussent cistes, acanthes, asphodèles, filaires, arbousiers, câpriers, euphorbes, sédums. Ou encore des plantes médicinales telles la sarriette de Crête, l’immortelle ou l’origan. Plus rare et protégée, la fameuse Barbe de Jupiter (Anthyllis barba-jovis) y a aussi sa place.
De l’art encore, de l’art toujours…
Côté culture, l’Abbaye ne chôme pas non plus ! Au cours de la visite, on découvre depuis cette année, la grotte étonnante (et légèrement délirante) réalisée par Christine Viennet, grande admiratrice de Bernard Palissy, le célèbre céramiste du XVIe siècle. Puis c’est la Forêt de sons de Sybille Friedel : une vingtaine d’œuvres disséminées ici et là, faites de longs roseaux de fer qui tintinnabulent avec le vent…
Cet automne, l’extraordinaire Jardin en manière noire de Judith Rothschild et Mark Lintott vient aussi orner les murs de l’abbaye. Soit de splendides gravures monochromes réalisées sur le thème des arbres, des fruits ou des légumes selon la technique très délicate de la manière noire datant du XVIIe siècle. Enfin l’abbaye propose des concerts, des cours de yoga. Et l’on peut assister à des levers de soleil, en musique. On n’arrête plus la poésie !
Les jardins de l’abbaye de Saint-André, rue Montée du Fort, 30400 Villeneuve-lès-Avignon.
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