Dans la prairie fleurie du Mas des Béalières, en Isère

prairie fleurie
iuliia-photographer

En Isère, Sylvain Brunet-Manquat et Laurent Vieira ont semé une (très) grande prairie au centre de leur jardin. Auparavant, tout était vert (ou brûlé en été…). Aujourd’hui, tout est fleuri plusieurs mois de l’année. En deux ans, les lieux se sont transformés pour le plus grand bonheur de la faune, des visiteurs et des propriétaires des lieux. 

À l’origine, une pâture

Il s’agit d’une prairie “historique”, celle sur laquelle paissaient des animaux et que Sylvain et Laurent choisissent tout d’abord de conserver telle quelle. Un bassin est creusé à l’avant de la pâture-prairie, et le jardin est planté de chaque côté de ce grand espace. En 2019, à l’occasion des “Rendez-vous au jardin”, le Jardin du Mas des Béalières est ouvert à la visite. Le thème de cette édition “Les animaux au jardin” donne l’idée à Sylvain de semer des prairies à thème : pour les insectes, les oiseaux, pour les papillons avec des mélanges différents de fleurs. Les parcelles sont semées, façon labyrinthe, pour pouvoir se balader parmi les fleurs.

Prairie An 1

La première année, Sylvain et Laurent doivent travailler la terre, notamment “à cause” des coquelicots. On ignore souvent que semés à la volée, comme ça, les coquelicots ne germent pas. Mais semés dans une terre un peu travaillée, ils germent sans souci. En 2019, les mélanges sont semés entre fin-mars et mi-avril et arrosés régulièrement en pluie fine pour permettre aux graines de lever. Sans arrosage, point de prairie. Le jour des “Rendez-vous au jardin”, tout est en fleurs ! Il faut en effet compter environ deux mois pour obtenir un joli résultat.

Prairie An 2

Les prairies semées l’année précédente ont refleuri. Certaines annuelles (cosmos et pavots de Californie notamment, voir descriptif en fin d’article) se sont ressemées, les vivaces sont ressorties. L’expérience étant réussie, Sylvain et Laurent ont semé d’autres endroits dans l’ancienne pâture, testé d’autres végétaux. Petit à petit, le grand espace se remplit de fleurs. À terme, cette prairie fleurie se débrouillera pratiquement toute seule. Peu d’interventions à prévoir sinon la gestion de certaines espèces ou des envies de semer autre chose !

Cette année 2 a été placée sous le signe des coquelicots blancs, rouges, rose clair, doubles… Le lin a également trouvé sa place ; il a fleuri tout l’été. L’origan, lui aussi, s’est très bien comporté. Et la carotte sauvage s’est invitée toute seule.

Pour réussir le semis d’une prairie fleurie

La technique de Sylvain s’applique aux prairies toutes petites comme aux plus grandes. Son conseil vaut pour les coquelicots comme pour les autres espèces : “Il faut semer entre 2 et 3 g de graines par m2. Semer l’équivalent d’une pincée de sel, ça n’a rien d’évident. Donc, je commence par calculer ma surface à semer. Puis je pèse les graines qui me sont nécessaires. Ensuite, je mélange mes graines dans un seau avec du terreau. Si la surface à semer est très grande, vous pouvez mélanger dans un gros récipient. Ainsi, on a de la matière à semer, c’est beaucoup plus simple ! Un sac de terreau de 70 litres permet de faire 4 petits seaux de mélange.”

Faut-il arroser  ?

Arroser après le semis, c’est indispensable. Brisez le jet du tuyau ou utilisez la position pluie fine d’une lance d’arrosage. Si pleut, rangez le tuyau. S’il fait chaud et sec, arrosez une à deux fois par semaine pour assurer la germination des graines. Quand les pousses font une dizaine de centimètres, c’est fini. Plus besoin de vous en occuper.

L’été, la prairie fleurie vit très bien toute seule. Sylvain Brunet-Manquat a pu observer qu’elle génère de l’humidité nocturne. Même pendant les périodes de canicule, fleurs et graminées sont habillées de rosée. Au Mas des Béalières, au pied des montagnes, il arrive même que le brouillard stationne au-dessus de la prairie au petit matin, en plein mois d’août ! C’est un écosystème bien vivant.

Jardin le Mas des Béalières
Prairie à l’automne ©Isabelle Morand

C’est beau en automne aussi !

Les fleurs trouvent leur place parmi les graminées de l’ancienne pâture. Sylvain a choisi de laisser les Rumex en place pour profiter à l’automne de leurs inflorescences : “J’adore les reflets orange, rose ou rouge du rumex à cette saison. Les inflorescences changent de couleur et quand elles sont caressées par le soleil, c’est vraiment très beau.” Le Rumex mérite sa réputation de plante envahissante, mais Sylvain remarque que la prairie s’équilibre. “À certains endroits, le Rumex est très présent, à un autre ce sont les ombellifères qui gagnent ou bien les graminées.”

Prairie fleurie et biodiversité

Les plantations d’arbres et d’arbustes au Mas des Béalières ont provoqué le retour de nombreuses espèces d’oiseaux et de petits mammifères. Et la biodiversité se renforce chaque fois, année un peu plus grâce à l’implantation de cette grande prairie.

Au départ seuls des moineaux et des merles sifflotaient entre eux dans le jardin. Aujourd’hui, ce sont des dizaines d’espèces qui y trouvent gite et couvert. Voilà deux ans, la fauvette à tête noire a fait son apparition. L’an dernier c’est le martin-pêcheur qui a trouvé le chemin du bassin. Les butineurs sont de plus en plus nombreux. Parfait pour les abeilles (les ruches sont installées non loin du potager) qui cherchent à se nourrir pendant l’été. Le héron en revanche ne vient plus, les fleurs occupent désormais sa piste d’atterrissage préférée.

Dans les herbes, les araignées sont à la fête. Chaque matin, les toiles des épeires scintillent dans la rosée. Mais la prairie accueille aussi des cohortes des grillons, de grandes sauterelles vertes et des mantes religieuses.

L’hiver, elle est le refuge de nombreux insectes. Et comme des tournesols ont été semés, ils font le bonheur d’une colonie de chardonnerets. Ces oiseaux passent aussi du temps à décortiquer les graminées et picorer les graines de cosmos.

Le bonheur des oiseaux

chardonneret
©Denja1
oiseaux : mésange à longue queue

Les annuelles pour prairie fleurie

Pavot de Californie (Eschscholzia californica). Même s’il fleurit aussi blanc, jaune ou rouge, c’est sa couleur orange qui le fait remarquer. En Californie, il est capable de former des “océans” là où il se ressème. Dans nos jardins, sa fantaisie, son peps font merveille. Il est capable de fleurir jusqu’en octobre et adore nous faire la surprise de refleurir l’année suivante.

pavot de californie
©frank-cornelissen

Cosmos.Petits ou grands, les cosmos ont un charme dingue. Les fleurs légères se jouent du vent et sont présentes au minimum jusqu’à la fin de l’été. Attention, ils n’aiment pas les sols trop secs.

©lnzyx
©lnzyx

Coquelicot (Papaver rhoeas). Son mariage avec le blé dans les champs, les herbes folles en bordure de chemin, nos petits bouquets d’enfants… Tout concourt à faire aimer cette fleur sauvage qui, fort heureusement, n’est plus considérée comme une mauvaise herbe. La revoir crapahuter partout est une bonne nouvelle. Une annuelle parfaite en prairie fleurie.

©jk78
©jk78

Lin (Linum grandiflorum). À fleurs bleues ou rouges en petites coupes, le lin fait merveille dans une prairie fleurie. Il aime les terres plutôt sèches et surtout très ensoleillées. Cette annuelle se ressème bien sans devenir envahissante.

Linum grandiflorum
©Alexander62

Zinnias : des gros pompons aux couleurs vives qui apportent de la densité à une prairie (ou un massif d’ailleurs). Ce sont des plantes adoratrices du soleil. N’hésitez surtout pas à récolter les graines et à les ressemer l’année suivante.

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Quelques vivaces pour prairie fleurie

Achillée millefeuille (Achillea millefolium). Elle est très jolie en massifs associée à d’autres vivaces mais se comporte également très bien en prairie. Elle fleurit pendant 4 à 5 mois en minuscules fleurettes réunis en corymbe. Et les pollinisateurs l’aiment bien.

©lianem
©lianem

Rudbeckias. Ces grandes marguerites jaunes, orange, rouille, cuivre à cœur noir sont en fleurs de début juillet à fin septembre. Ce sont des plantes qui se tiennent bien. Leurs graines sont adorées des oiseaux dès l’automne venu. L’hiver, les fleurs restent assez décoratives.

rudbeckia - rudbeckia - Nosyrevy
©nosyrevy

Marguerite (Leucanthemum vulgare) : le charme fait fleur. À semer en prairie fleurie, à effeuiller. On peut aussi laisser dédier un espace aux marguerites dans une pelouse, comme dans le jardin d’Ingrid Tortiget en Dordogne.

Marguerites

Et pourquoi pas des bisannuelles ?

Rappel : une bisannuelle produit des feuilles la première année et fleurit la seconde.

Myosotis (Myosotis alpestris) : on le connaît par cœur, mais impossible de s’en lasser. Il existe des variétés à fleurs roses ou blanches, mais c’est en bleu qu’il fait toujours le plus d’effet. C’est l’un des premiers à montrer ses fleurs dans une prairie.

Abeille sur un myosotis
©Pixabay

Muflier (Antirrhinum majus) : on l’a d’abord appelé tête de veau avant de le surnommer gueule-de-loup. Il aime la chaleur, supporte un très fort ensoleillement. Ses fleurs figurent parmi les préférées des bourdons.

muflier - Antirrhinum majus - Hortus Focus
judasstocker

Cabaret des oiseaux (Dipsacus sylvestris ou D. fullonum) : c’est la cuvette formée par la base des fleurs qui lui vaut ce surnom charmant et s’avère bien utile aux oiseaux assoiffés. Les tiges peuvent souvent dominer les autres plantes d’une prairie. Les petites fleurs sont roses. Hyper décoratif en hiver.

Cabaret des oiseaux
Cabaret des oiseaux ©Artur Pawlak Thistle

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