Délice de nos étés, le melon est une des cultures les plus exigeantes au potager, car il a besoin de chaleur. Mais ne vous privez pas de tenter l’expérience. Ce fruit vient facilement en de nombreuses régions moyennant quelques soins. En fin d’article, nos variétés de melon préférées.
Cucumis melo, originaire d’Afrique
La plupart des Cucumis (concombre, cornichon…) sont originaires d’Asie, mais Cucumis melo, lui, vient d’Afrique intertropicale. Il a transité par de nombreux pays avant d’arriver en France, via l’Italie. À l’état sauvage, la plante produit de tout petits fruits (maximum 50 g) et ce sont les hybridations qui ont permis la naissance des melons dodus que nous consommons aujourd’hui.
Melons royaux
Parmi les nombreuses espèces acclimatées par Jean-Baptiste de la Quintinie au Potager du Roi, à Versailles, le melon figure en bonne place. Louis XIV en était friand, Louis XV en raffolait (il en faisait cultiver dans ses serres de Choisy-le-Roi). On raconte aussi qu’Henri IV s’en serait fait péter la panse au point de souffrir d’une indigestion carabinée !
Quand et comment semer, planter le melon
Il peut être semé au chaud dans la maison ou en place au potager après les saints de glace.
Dans la maison : le semis peut démarrer au chaud, en mini-serre, comme les poivrons, les courgettes, les tomates au mois de mars. La levée est rapide (environ une semaine). Conservez le semis humide (pas détrempé). Replantez en godets individuels et attendez la fin des gelées avant de les planter au jardin. Vous pouvez les protéger avec des cloches (ça marche contre les fraîcheurs matinales et l’appétit des limaces et escargots).
Semis en place : sous abri au mois d’avril, directement en terre en mai. Semez en poquet (3 graines) tous les 70 à 80 cm, et, après la levée, conservez le plant le plus costaud. Éliminez les autres ou plantez-les ailleurs.
Vous pouvez trouver en jardinerie des plants prêts à être repiquer au potager après la mi-mai.
Comment réussir la culture du melon
Avant de semer ou de repiquer des plants, préparez bien le terrain. Décompactez bien la terre à la Grelinette ou tout autre outil écologique. Enrichissez la terre avec quelques pelletées de compost, le melon est un fruit très, très gourmand.
Attendez que la terre soit bien réchauffée avant de pailler.
Attention aux limaces et aux escargots qui adorent manger les jeunes feuilles.
Quand les fruits se développent, placez dessous une ardoise, une tuile, une pierre plate, une vitre pour les protéger de l’humidité.
Si vous ne voulez pas désherber, placez un bout de carton découpé autour de chaque pied.
Pourquoi et comment pincer les melons
Le pincement est indispensable pour favoriser la mise à fruits.
- À la fin du printemps, quand les plants ont 4 feuilles bien développées, pincez (avec vos doigts ou un sécateur désinfecté) l’extrémité de la tige au-dessus des deux premières feuilles.
- Sous les deux feuilles restantes se cachent des bourgeons qui vont bientôt se transformer en tiges.
- Laissez ces tiges se développer avant de les pincer au-dessus de la troisième feuille. De nouvelles ramifications vont naître. Elles porteront d’abord des fleurs mâles puis des fleurs femelles.
- Des fruits vont apparaître. Quand ils mesurent environ 3 cm de diamètre, supprimez-en une partie. Conservez entre 4 et 6 fruits par pied, pas plus pour obtenir de beaux fruits.
- Dernière étape : coupez au-dessus de la deuxième feuille du fruit conservé.
Quand récolter le melon ?
La feuille correspondant au fruit se flétrit. La couleur change. Le fruit est de plus en plus lourd. Il est aussi possible de sentir le fruit pour estimer sa maturité (prévoyez quelques séances de 4 pattes…).
Les ennemis et maladies du melon
- Limaces et escargots aiment les jeunes feuilles.
- Les rongeurs (mulots et campagnols) sont en embuscade quand les fruits comment à mûrir.
- Les pucerons : à déloger à coup de pulvérisation à base de savon noir.
À surveiller aussi : la coccinelle du melon (12 points)
- L’oïdium : supprimez les parties atteintes et pulvérisez du lait de vache dilué à 20 ou 50% deux fois par semaine.
- Les thrips : le plus simple c’est d’installer des pièges. Vous pouvez aussi pulvériser de l’infusion de gousse d’ail.
- Le mildiou : éliminez les feuilles et croisez les doigts.
Bon à savoir
À maturité, les melons ne se conservent pas plus de quelques jours. Ne les laissez pas au réfrigérateur. Le froid « casse » leur saveur.
Les melons cantaloup
Le nom vient d’Italie, plus précisément de Cantalupo. Dans ce village proche de Rome étaient cultivés des melons destinés à la consommation vaticane.
‘Cantaloup Noir des Carmes’ : variété ancienne, hâtive. L’épiderme vert foncé à noir cache une chair orange, très parfumée.
‘Charentais’ : sans doute l’un des melons les plus cultivés. La variété est hâtive. L’épiderme est lisse, couleur jaune à maturité. Chair orange très juteuse. Parfait avec du porto et du jambon de Bayonne.
‘Petit Gris de Rennes’ : vieille variété très rigoureuse, épiderme à grosses côtes, chair orange. À essayer en granité ou sorbet, pour changer !
‘Noir des Carmes’ : épiderme noir passant à l’orange à maturité. La chair est orange elle aussi. Cycle de végétation court, parfait pour une culture au nord de la Loire. Très vieille variété.
‘Prescott à fond blanc’ : ça ne rigole pas côté poids puisque les fruits peuvent atteindre 4 kg. Cette vieille variété montre une peau côtelée et verruqueuse. Chair rouge orangé.
Les melons brodés
On les reconnaît à leur épiderme marqué de lignes liégeuses. Le poids des fruits à maturité varie entre 1 et 1,8 kg. La chair est très parfumée et très sucrée.
‘Galia’: variété créée en Israël en 1973, peau de couleur jaune à vert clair. Chair vert pâle. À maturité, il pèse environ 1 kg.
‘Jenny Lind’ : le fruit a la forme d’un turban légèrement raplapla. Épiderme vert puis orangé à maturité. Chair vert pâle bien parfumée. Variété de mi-saisons. Il porte le nom d’une célèbre cantatrice suédoise du XIXe siècle, siècle durant lequel cette variété a vu le jour.
‘Vert grimpant’ : des fruits plutôt petits (maximum 800 g) à l’épiderme vert et à chair verte. Chair fondante, très juteuse, bien sucrée.
Le melon à peau de crapaud
Il a la forme d’un ballon du rugby. Son nom lui vient de sa peau à l’apparence fissurée (Piel de sapo, en espagnol). Chair blanche. Il se conserve longtemps.
Le melon canari
Peu sucré, ce melon présente une peau jaune et une chair qui va du blanc au vert clair. Il se conserve mal une fois récolté : pas plus de 5 à 6 jours (ne le mettez pas au réfrigérateur). Super light : 33 calories pour 100 fr. Il a besoin de beaucoup de chaleur et de soleil ; difficile donc de le cultiver hors des régions très douces.
Des melons qu’on ne pince pas
‘Ananas d’Amérique à chair rouge’ : nombreux petits fruits (500 g), la chair est rouge, bien ferme, parfumée et sucrée.
‘Chilton’ : variété productive, 1 à 2 kg, chair juteuse, rafraichissante. Chair très sucrée.
‘Ancien Vieille France’ : variété de culture facile et au cycle végétatif assez court, donc tout indiquée pour une culture au nord de la Loire. Chair parfumée et très juteuse.
Quelques variétés spécifiques
’Sweet Freckles’ : melon dont la culture est bien adaptée au climat frais. Fruits en forme de grosse poire.
‘Kajari’ : des fruits tout ronds, la peau est bicolore (orange et verte) et la chair entre vert et rose.
‘Sweet Granite’ : variété adaptée aux climats frais. Chair orange parfumée. Ne se conserve pas longtemps.
‘Hales Best Jumbo’ : très résistant à la sécheresse. Chair saumon.
‘De Lunéville’ : variété très résistante au froid et à l’humidité. Gros fruits (2 kg) à la chair ferme.
« Un ami est comme un melon. Il faut en essayer plusieurs avant d’en trouver un bon. »