Le parc oriental de Maulévrier

©Didier Hirsch

Toutes les saisons lui vont bien. Mais le Parc oriental de Maulévrier, dans le Maine-et-Loire, est particulièrement spectaculaire au printemps quand fleurissent les cerisiers japonais (Hanami) puis les azalées, les rhododendrons parmi les arbres et arbustes sculptés. 

Le château Colbert

Impossible de parler du Parc oriental de Maulévrier sans parler du château Colbert. Leurs histoires sont liées. Le château a été construit en 1677-1678 par le comte de Serrant dont la fille épouse Édouard-François Colbert, frère de Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances sous Louis XIV. Le château est incendié lors des guerres de Vendée en 1794. Quand son propriétaire Édouard-Charles-Victurnien Colbert revient d’exil en 1803, il décide de faire reconstruire le château qui reste dans la famille jusqu’en 1895.

Cette année-là, le château est acheté par Eugène Bergère. Cet industriel choletais décide de faire aménager un parc au pied du château. La tâche est confiée à Alexandre Marcel, célèbre architecte qui épousera Madeleine, la fille d’Eugène. 

La naissance du parc

Alexandre Marcel n’a jamais voyagé en Asie, mais s’est pourtant spécialisé dans l’architecture orientaliste, très en vogue à la fin du XIXe. C’est à lui que l’on confie la conception du pavillon du Cambodge dans le cadre de l’Exposition Universelle de 1900. Il récupère d’ailleurs des éléments utilisés pour l’Expo et les installe à Maulévrier comme les reproductions en ciment de 4 statues du temple d’Angkor Vat, l’escalier des lions, et le Temple qui abrite notamment une statue de Bouddha.

La corne d’or que l’on peut voir aujourd’hui est originaire de Thaïlande et a été installée en 1992. L’originale a disparu. Des arbres sont plantés autour du grand étang dans l’esprit des jardins orientalistes.

©Didier Hirsch
©Didier Hirsch

Maulévrier abandonné

Madeleine Bergère disparaît en 1945 et le parc de Maulévrier entre dans une longue période de déshérence. Les 40 hectares sont tout transformés en exploitation agricole et forestière avant d’être abandonnés. La nature y reprend ses pleins droits ! Le lieu devient une vaste étendue de friche, de ronces ; les éléments architecturaux sont très abimés ou ont disparu.

La renaissance du Parc oriental de Maulévrier

En 1976, le domaine est vendu en 3 lots. Quatre ans plus tard, la commune de Maulévrier rachète le parc et crée une association pour conserver, entretenir, valoriser et développer ce site historique. Le gros nettoyage commence, réalisé par les bénévoles de l’association. 

Le gros tournant de l’histoire récente du Parc a lieu en 1987. Des enseignants japonais viennent à Maulévrier et analysent les éléments du jardin. Leur verdict est sans appel ! À leur origine, Alexandre Marcel a fait respecter les règles de la construction d’un jardin japonais de l’époque Edo (XVIe-XIXe). Au Japon, les jardins ont évolué et il n’existe pratiquement plus de jardins de cette époque. 

Cette nouvelle donne une nouvelle impulsion à l’association, qui nomme un directeur, Jean-Pierre Chavassieux. Et les grands travaux commencent…

Tout refaire…

La tache est immense. Pendant 70 ans, le parc a servi, selon les périodes, d’exploitation forestière, de pâture pour les vaches. Le temple khmer n’abritait pas de Bouddha, mais était utilisé pour stocker du fourrage… Les bénévoles se lancent dans une immense tache de défrichage afin de pouvoir commencer à restituer le jardin historique tout en respectant l’esprit japonisant insufflé par Alexandre Marcel. 

Des jardiniers formés au Japon

Des liens se sont tissés avec des professeurs d’enseignement de l’art du jardin et des paysages dans différentes universités japonaises. Les jardiniers de Maulévrier partent à deux reprises au Japon pour se former à la taille, s’informer et s’inspirer tout en respectant, et même en renforçant, l’esprit initial du parc. Les niwakis font ainsi leur apparition à Maulévrier.

©Didier Hirsch
©Didier Hirsch

L’importance du symbolisme

Les professeurs japonais ont enseigné aux jardiniers le symbolisme des jardins orientalistes. Le jardin s’appuie sur les éléments du taoïsme, à savoir l’eau et la terre. L’eau de la rivière La Moine s’écoule d’est en ouest, symbolisant le parcours de la vie, de la naissance à la maturité, voire la mort. Tout est fait pour faire entrer le paysage extérieur dans le paysage intérieur tandis que la conception du paysage intérieur doit également s’inscrire dans le paysage extérieur.

À Maulévrier, le château domine. De cette « montagne » coule de l’eau qui arrive à l’intérieur du parc. On imagine ensuite l’étang comme un lac de montagne prolongé vers l’ouest par des prairies, puis vers un rivage. Partout des rochers, des empierrements reprennent l’esprit de la montagne. La colline aux azalées rappelle l’esprit du Mont Fuji, symbole du Japon souvent présent dans les jardins japonais. Les arbustes comme les buis auxquels on donne une forme ronde renforcent le lien entre la terre et le végétal, tels les enrochements. 

©Didier Hirsch
©Didier Hirsch

Autour de la pagode

Curieux d’avoir donné ce nom de pagode à cette construction qui ressemble plus à une habitation normande et où les anciens propriétaires des lieux aimaient convier leurs amis à prendre le thé. Au pied de cette pagode est aménagé un merveilleux jardin intimiste, autour d’une série de petits bassins. Là encore, le symbolisme a toute sa place. La source symbolise la naissance, les petits cours d’eau l’enfance et l’adolescence, l’étang l’âge adulte et le calme.

©Didier Hirsch
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La colline des méditations

C’est un lieu prisé des visiteurs japonais et tous ceux qui aiment écrire des haïkus. C’est une sorte de petit cirque avec pour sujet principal un chêne enchâssé dans de gros rochers. Pour les Japonais, c’est ici que se trouvent les esprits.

©Didier Hirsch
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Le plus grand jardin japonais d’Europe

Les visiteurs du Parc oriental de Maulévrier viennent pour diverses raisons. Certains pour le plaisir d’une grande balade dans la nature, d’autres pour satisfaire leur curiosité du végétal. Pour ces derniers ont été mis en place des étiquettes pour leur permettre d’identifier les plantes et d’observer les niwakis. La visite du parc est une excellente expérience de « slow tourisme ». Notre vie va vite, elle n’est pas toujours simple. Une promenade dans le parc offre une belle occasion de déconnexion, de sérénité. 

Le Parc oriental de Maulévrier

Vous pouvez visiter le parc seul, déambuler toute une journée. Mais pour bien comprendre l’esprit de Maulévrier et apprendre sur les arbres et la taille des végétaux, nous vous conseillons de suivre une visite guidée.

Vous y verrez aussi les jardiniers au travail. C’est parfois très impressionnant comme le travail qui consiste à tailler un arbre dont les branches arrivent au-dessus de l’étang : imaginez un jardinier sur un escabeau lui-même installé dans une barque…

Si vous êtes en vacances dans le secteur, pensez aussi à une visite nocturne. Les végétaux sont mis en lumière, se découpent tels des dentelles, et le parc apparaît vraiment différent. 

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