Tomates, les secrets de culture de Pascal Antigny

© Isabelle Morand

Pascal Antigny a cofondé l’association Cultive ta rue dont l‘ambition est simple : pouvoir faire essaimer les (bonnes) tomates dans le monde entier. Avec Bruno Fournier, Philippe Rommens, Bruno Huyghe, c’est l’un des célèbres mousquetaires de la tomate. Avec Pascal, nous vous proposons de chasser certaines idées reçues, d’éviter les grosses bêtises de culture et d’adopter les bons réflexes ! 

tomatophiles

Avec les grosses sécheresses, la production de tomates dans nos jardins n’est généralement pas folichonne. Que faire ?

Pascal Antigny : C’est en automne que se préparer la lutte contre la sécheresse éventuelle de l’année suivante. Là où vous allez planter vos tomates, étalez en surface du compost ou du fumier. Même du fumier pas mûr fait l’affaire. N’hésitez pas sur la quantité, étalez une bonne couche de 10 cm. Les vers de terre vont s’activer tout l’hiver et l’incorporer dans le sol. Résultat : au printemps, votre terre n’aura même pas besoin d’être retournée.

On fait quoi et comment au printemps ?

La veille ou quelques heures avant la plantation, faites des trous de 30 cm de profondeur là où vous allez installer vos plants. Remplissez ces trous d’eau et laissez s’écouler. Deux heures plus tard, votre terre sera imbibée sur 30 cm en dessous. Installez votre plant de tomate et laissez-faire. Les racines sont attirées par l’eau. Elles vont sentir que la réserve d’eau se trouve juste en dessous. Elles vont donc aller vers le fond plutôt que de faire les fainéantes en surface, et attendre qu’on leur donne de l’eau. 

Faut-il arroser tous les jours ?

Surtout pas ! Il m’arrive de laisser mes tomates sous tunnel deux semaines sans arrosage. Elles se débrouillent pour aller chercher l’eau en profondeur. Je compare souvent une tomate à un boxeur professionnel. Au début de sa carrière, il a faim, il donne des coups et il en reçoit beaucoup. Il boxe fort pour gagner, devenir un champion. Les plantes, notamment les tomates, c’est pareil. Si elles trouvent tout toujours en surface, elles ne feront aucun effort, elles ne comprendront pas que l’eau se trouve sous leurs racines et qu’elles doivent aller la chercher. Et avec notre méthode expliquée plus haut, elles comprennent vite et bien. 

©Zbynek Pospisil
©Zbynek Pospisil
©Hans Verburg
©Hans Verburg

Pour ou contre le paillage ?

Pour évidemment ! L’an dernier, nous avons encore fait des relevés de température au-dessus et en dessous d’une couche de paille épaisse de 10 à 15 cm. Une journée de canicule, nous avons pu observer que la température était de 48°C (!!!) sur la paille et 36°C « seulement » sous la paille. Cela fait une sacrée différence et diminue le stress de la plante. La nuit, l’écart est moindre. S’il fait 18°C au-dessous, il fera 16°C en dessous.

Faut-il couper les feuillages pour que les tomates mûrissent plus rapidement ?

Non, non, non et non ! Surtout pas. Enlevez un poumon à un être humain et il respirera moins bien. Il faut conserver les feuilles sur les plants de tomates. Le feuillage, c’est une usine à sucre pour les fruits. Si vous coupez les feuilles, vous allez également supprimer l’ombre qu’elles procurent aux fruits qui risquent alors de souffrir de grosses brûlures, et développent des nécroses qui les rendent inconsommables. 

Est-ce que vous leur administrez tout de même des traitements au cas où ?

L’an dernier, comme il a fait très beau, le mildiou a été un peu aux abonnés absents. Les seules choses que nous leur avons apportées, ce sont des pulvérisations préventives de prêle et bicarbonate quand la météo a annoncé de gros orages. On met aussi du purin d’ortie. Et des décoctions d’algues. Nous avons fait la connaissance des deux frères créateurs de la société Agrofertil et qui produisent des produits à base d’algues notamment. Je peux vous garantir que lorsque l’on pulvérise de la poudre d’algues, on voit la différence sur les plants dès le lendemain. Le feuillage est foncé, le duvet des feuilles est dressé, c’est assez phénoménal ! 

purin de prêle ©Martina Unbehauen
purin de prêle ©Martina Unbehauen

Que pensez-vous de l’astuce de grand-père qui consister à utiliser du fil de cuivre pour éviter le mildiou ?

Je suis dubitatif… Certains jardiniers perdent beaucoup de temps à passer un fil de cuivre en travers de chaque pied de tomate, dans le seul but d’empêcher le mildiou de s’installer. Je ne pense pas que cela serve à grand-chose. C’est même dangereux, car le geste crée une plaie dans la base de la plante. Et puis le cuivre est recouvert d’un vernis qui assure l’étanchéité ce qui signifie qu’on transmet une molécule de vernis à la plante ce qui n’est pas terrible, terrible… J’ai essayé la technique dans le passé, ça ne m’a pas convaincu. 

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

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