Prix Saint-Fiacre 2024. Et les lauréats sont…

Prix Saint-Fiacre 2024

Créer son jardin résilient, de Didier Willery

Ulmer Éditions, 256 pages, 28 €

Fort de décennies de réalisations, d’études des plantes et d’essais sur les 2400 m2 de son jardin du Pas-de-Calais, Didier Willery donne dans ce livre des clés pour aménager un jardin résistant aux aléas climatiques. Découpé en chapitres pratiques et bien illustrés, l’ouvrage foisonne d’astuces parfois inattendues, nées d’observations, comme par exemple, qu’il n’est pas nécessaire de creuser un trou pour planter un arbre. Il indique comment un jardin peut apporter un maximum de plaisir pour un minimum d’efforts.

Créer un jardin résilient passe avant tout par l’acceptation de l’imperfection et d’un léger ensauvagement. Espacer les tontes et l’arrosage, semer sans labourer, tolérer les plantes indigènes, font partie des pistes pour introduire ou entretenir la biodiversité au jardin. « Mes plantes et mes jardins m’ont beaucoup aidé à surmonter les différentes épreuves de ma vie (..) N’importe quel jardin remplit ce rôle, mais les jardins résilients plus que les autres décuplent cette capacité », écrit l’auteur. Son livre est autant une leçon d’art de vivre son jardin comme une réserve naturelle qu’une leçon de vie pour préparer l’avenir.

Marie-Christine Morosi

Prix Saint-Fiacre Jeunesse 2024

La petite espionne des Nymphéas, de Béatrice Fontanel et Alexandra Huard

Seuil Jeunesse / Musée de l’Orangerie, 64 pages, 19,50 €. À partir de 3 ans. Version audio de 15 min accessible par QR Code. 

Comment ne pas aimer, qu’écris-je, adorer cet album jeunesse ? Bien difficile de résumer ce long voyage auquel nous convie la petite espionne ailée et à gros yeux. Un voyage dans la vie, les peintures, le jardin du peintre Claude Monet. Grâce à elle, j’ai vraiment eu l’impression de vivre sur l’épaule de Monet et dans les pas de Blanche Hoschedé, d’assister à la naissance de nombre de ses tableaux, de souffrir avec lui qui perdait la vue, d’avoir envie de sauver les toiles qu’il lui arrivait de jeter au feu et de rire de plaisir quand il en était satisfait. Dans cet album, textes et illustrations sont instructifs, vivants, émouvants. Un merveilleux hommage à cet « alchimiste » des couleurs . Une belle découverte pour les plus jeunes… avant de les emmener voir les œuvres originales du maître au Musée de l’Orangerie, au Musée Marmottan Monet ou leurs reproductions dans sa maison de Giverny. 

Isabelle Morand 

Prix Saint-Fiacre 2024 – Coup de cœur

Tour de France des fruits et légumes. Histoire, Culture, Recettes, de Noémie Vialard et Stéphane Houlbert

Delachaux et Niestlé, 256 pages, 32,90 €.

Tel un guide touristique, Noémie nous invite au fil des pages, à une balade gourmande et historique en parcourant les 13 régions de la France métropolitaine. Chacune nous révèle ses spécialités, son histoire, son mode de culture, des lieux à visiter, sans oublier les succulentes et surprenantes recettes de Stéphane Houlbert, le tout complété par de nombreuses illustrations. Il y a bien sûr les incontournables que tout le monde connaît, comme la tomate de Marmande, l’asperge d’Argenteuil ou encore le citron de Menton, mais les connaissez-vous vraiment ?

Prenez le temps de voyager dans cet ouvrage et partez à la découverte de fruits et légumes aux noms célèbres, rares, oubliés ou inconnus, toujours rattachés à des communes comme la betterave longue de Gardanne ou la poire Duchesse d’Angoulême.

Christiane Rivallin

Prix Saint-Fiacre 2024 – Mention spéciale

Le Vénérable Mélèze, de Gilles Mottet

Ouvrage dédié aux non-voyants, malvoyants et voyants à partir de 7 ans. Livre audio conté par le paysagiste Jean Mus, accessible par QR Code. Préface de Francis Hallé, Éditions de l’Arboretum, 48 pages, 40 €.

Situé à Roure, dans les Alpes-Maritimes, l’arboretum Marcel Kroenlein (co-créé par M. Kroenlein et Michèle Ramin en 1988) est labellisé Jardin Remarquable depuis 2010. Seul arboretum lié à l’art en Europe, il rassemble des arbres d’altitude. Cet ouvrage d’art, exceptionnel, est publié en grands caractères, en braille et comporte des illustrations en relief. Ce livre a une approche humaniste dans le sens où il tient compte des personnes porteuses d’un handicap. Il se touche, s’écoute, se voit, se respire et nous ouvre au monde de l’autre pour apprendre à mieux vivre ensemble, voyants, malvoyants ou non-voyants. Il est accompagné d’une page musicale, d’une page parfumée et de planches tactiles. Gilles Mottet nous raconte comment, depuis des siècles, un mélèze gigantesque et majestueux dominait la forêt de montagne jusqu’à ce que, frappé par la foudre, il perde toute son élégance. Au travers de cette nouvelle, il conte une histoire poétique et démontre que cet arbre, malgré ses blessures, reste le vénérable mélèze.

Françoise Simon

Les autres ouvrages sélectionnés

Chut, ça pousse, de Juli Litkei

Éditions La Joie de lire, 64 pages, 18,90 €. À partir de 4 ans.

J’aimerais bien être une petite souris pour voir comment ça se passe… Eh bien, c’est justement ce que propose JuLi Litkei dans ce livre d’images. Après l’avoir tourné d’un quart de tour, il se laisse feuilleter du bas vers le haut.

L’histoire est silencieuse, subtile dans ses événements, sous le niveau du sol. D’humain, il n’est pas question, il est perçu sous forme de traces comme nous percevons bien souvent les animaux et les insectes. Pas de paroles donc, juste des dessins aux couleurs douces, élaborés à partir de composés naturels. Ils expriment toute l’empathie de l’autrice pour ce monde qui nous est, en général, invisible et inaudible.

Fourmis, campagnols, lombrics, doryphore, bousier, taupe… le dessein de tout un monde autour d’une pomme de terre qui se transforme au fil des pages, au fil du temps où les jours et les saisons, métrique humaine, s’effacent au profit d’une poésie qui invite à la méditation.

Marie-Aline Prévost

Le jardin des Plantes ou De l’horrible danger de la promenade, d’Elvire de Brissac

Grasset, 304 pages, 22 € 

D’une plume à la fois sérieuse et facétieuse, l’auteur nous embarque dans l’histoire de cette vénérable institution. Fondé en 1635, ouvert au public cinq ans plus tard, le Jardin des Plantes est né de l’obstination de Guy de la Brosse auprès de Louis XIII. On le connaît alors sous le nom de Jardin Royal des plantes médicinales. En 1793, sous la Convention, on réunit le Jardin et le cabinet d’Histoire naturelle dans une seule institution, le Muséum d’Histoire naturelle. Le grand mérite d’Elvire de Brissac est de nous narrer les victoires et déceptions, les grosses « bagarres » et mesquineries qui ont agité la vie du jardin. Et si vous ne connaissez pas sur le bout des doigts la vie de Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788), intendant du Jardin, et auteur de la célébrissime « Histoire naturelle », vous allez vous régaler ! D’autres portraits sont également à savourer, ceux de Cuvier, Lakanal, Darwin et de sa traductrice française, Clémence Royer au caractère sacrément trempé !

Isabelle Morand

Pas bêtes les plantes !, de Philippe Nessmann et Jean Mallard

Éditions Sarbacane, 48 pages, 16,90 €

Ce bel album ouvre les portes sur des aspects méconnus du monde végétal et son ingéniosité insoupçonnée. Certes les plantes n’ont ni cerveau, ni yeux, ni nez, ni oreilles, et pourtant, elles ont développé des sens et des perceptions à peine différents des nôtres. Philippe Nessmann, ex-journaliste au magazine Sciences et Vie Junior, présente avec simplicité et humour les domaines explorés par la recherche qui a pu établir des stratégies assez épatantes développées par les végétaux. Même les plus minuscules ont le pouvoir de communiquer, de se défendre et même de lancer des alertes. Cette approche du génie végétal ouvre les yeux sur les plantes dont on n’imagine pas les formes d’intelligence. Très colorées et rappelant les toiles du Douanier Rousseau, les illustrations pleine page de Jean Mallard rendent encore plus attractif et immersif ce passionnant documentaire.

Marie-Christine Morosi

Les plantes bio-indicatrices et autres indicateurs pour comprendre son jardin, de Jean-Michel Groult

Ulmer Éditions, 120 pages. 17,90 €

Pour profiter pleinement de son jardin, mieux vaut bien connaître son milieu. Il est, en effet, plus facile de s’adapter aux conditions de sol et de climat que de lutter contre et d’essayer de le modifier à tout prix. Le plus simple est de commencer par observer son environnement. En premier lieu, les plantes sauvages qui s’y épanouissent. Elles sont le reflet le plus fidèle de l’état du sol. Encore faut-il les connaître et savoir à quel environnement elles correspondent. C’est ce que propose ce livre qui décrit 60 plantes sauvages dites « bio-indicatrices ».

D’autres organismes vivants du sol apportent un complément d’information. Animaux du sol, insectes, champignons, lichens, mousses et algues permettent d’évaluer la dynamique biologique de son bout de terrain. Réunies, ces informations permettent de tirer des enseignements pratiques sur la nature de son sol : acide ou calcaire, humide ou sec, argileux ou sableux, riche ou pauvre en azote…

L’illustration, riche, facilite les premiers pas du jardinier. De quoi tirer de ces leçons de science naturelle des pistes concrètes pour profiter d’un jardin en accord avec la nature environnante.

Patrick Glémas

Herbes folles au jardin de Gilles Clément, de Frédérique Basset et Gilles Clément

Dessins  de Déborah Bécot, Éditions Terre Vivante,160 pages. 25 €

Elles ne sont ni folles, ni mauvaises, mais mal connues et encore trop mal aimées. Elles sont libres, gracieuses, discrètes ou exubérantes, mais aussi élégantes que les délicates esquisses de Déborah Bécot. Elles, ce sont la bugle rampante, le gaillet caille-lait, la molène floconneuse, la nigelle de Damas… Au total, une quarantaine d’espèces réapparues, au fil du temps, dans la Vallée conservatoire creusoise du paysagiste Gilles Clément; et glanées par Frédérique Basset. Cet herbier singulier leur donne corps et âme, évoque leur histoire, nous entraîne à la découverte de leurs propriétés médicinales et gustatives. 

Jocelyne Devedjian

Le langage silencieux des plantes, de Yvan Kraepiel et Sylvain Raffaele

Quae Éditions, 168 pages, 23,50 €

La collection « Carnets de Science » s’adresse à tout lecteur curieux qui souhaite acquérir une culture scientifique dans des ouvrages didactiques, mais aussi accessibles, écrits par des spécialistes reconnus.

Les plantes communiquent entre elles et avec d’autres organismes (animaux, champignons et bactéries) dans le but de se nourrir, de croître, de se reproduire, de se défendre ou d’affronter un environnement changeant.  Les fleurs font étalage de divers pouvoirs de séduction (nectar, parfum ou couleur) pour attirer les indispensables pollinisateurs qui ne sont pas seulement des insectes – dont les abeilles -, mais aussi des oiseaux et même des lémuriens, des chauves-souris ou des lézards ! Certains végétaux en cas d’agression émettent des composés volatils permettant à leurs voisins de produire des molécules de défense, ce qu’ils peuvent faire en quelques dizaines de minutes seulement… Ce livre invite à prendre conscience du réseau des relations des plantes à une époque qui connaît des bouleversements climatiques et environnementaux majeurs. Il faut espérer que ces richesses ne soient pas remises en cause par les comportements humains. 

Christian Ledeux

Les arbres racontés aux enfants, de Tahar Ben Jelloun

Éditions L’Iconoclaste, 94 pages, 16,50 €

Dans son style si fluide, Tahar Ben Jelloun nous fait découvrir les arbres qui ont accompagné sa vie. Tout part de l’histoire de la plantation avec son école d’un bébé arbre qu’il appelle Sahbi et qui devient son ami. Avec une érudition sans prétention, l’auteur nous livre une leçon de choses, allant jusqu’à la poésie. Il fait l’éloge de la lenteur qui n’est pas la paresse. Il nous parle de la vie des arbres, des rapports qu’ils ont avec l’homme, de leur rôle dans la nature et de la vie sur terre. « Humains, ô vous humains qui passez sans nous voir, nous sommes l’humanité qui vous aime et vous protège ». Si cet ouvrage s’adresse aux jeunes, il est aussi à conseiller fortement aux moins jeunes !

Jean-François Coffin

Les Mains dans la Terre, de Marc Pichelin et Louise Collet

Éditions Ouï’Dire, 56 pages , 26 €

En tournant les pages de ce livre, nous franchissons les portillons de dix jardins familiaux gérés par l’association « Jardinot » – anciennement réservés exclusivement aux cheminots de la SNCF – et pénétrons dans l’univers des jardiniers « amateurs » qui font vivre les lieux.

Nous cheminons entre témoignages et conseils de culture avisés, entre passé et présent, aplats de couleur et dessins au trait. L’artiste Louise Collet, illustratrice, et Marc Pichelin, créateur sonore, scénariste et fondateur de la compagnie d’art sonore et maison d’édition Oui’Dire, ont réalisé un formidable travail de collecte au sein des jardins et nous livrent un assemblage de ces fragments à la fois poétiques et pratiques.

Le format de l’ouvrage, le jeu d’échelles des illustrations, le contraste entre la parole et les silences font naître une narration véritablement dynamique. Le lecteur est entraîné dans cette déambulation ponctuée de pauses et reste attentif aux messages véhiculés par les protagonistes : respect de l’environnement et sens de la solidarité.

Paule Capmas

Les migrations des plantes, ouvrage collectif sous la direction de Marion Grange et Browyn Louw

Manuella Éditions, 263 pages, 23€

Les plantes se sont toujours déplacées sur la Terre à la faveur des grands mouvements naturels ou dans le sillage des activités humaines. Ce livre nous le rappelle dans un recueil de contributions scientifiques, poétiques, historiques, philosophiques ou politiques. Le lecteur est tour à tour fasciné par l’inventivité et la capacité d’adaptation du règne végétal autant que troublé par les conséquences de nos actions.

Au moment où la palette végétale est constamment ré-interrogée à l’aune de la crise écologique et des évolutions climatiques, cet ouvrage apporte de la nuance au débat binaire entre plantes indigènes et plantes exotiques (souvent qualifiées d’invasives), rappelant à juste titre que “la migration est la condition partagée des vivants et une force créatrice de milieux et de mondes.”

On notera la préface de Gilles Clément, l’un des premiers professionnels à avoir vulgarisé positivement le vagabondage des plantes.

Michel Audouy 

À la recherche des petites bêtes les plus incroyables de notre belle planète, de Peggy Nille 

Actes Sud Jeunesse, 32 pages, 16 €

Les « cherche et trouve » passionnent les enfants, des plus petits aux plus grands. Celui-ci, offrant une découverte ludique des petites bêtes de la nature, est particulièrement réussi. On ne peut qu’adhérer à la conclusion de Petite Coccinelle qui nous emmène dans ce beau voyage : « La nature est vraiment une artiste »… Et Peggy Nille aussi ! Ses illustrations fourmillent de détails à la fois suggestifs et réalistes qui nous plongent avec Petite Coccinelle, notre guide, dans des univers aussi divers que la forêt tropicale ou le jardin voisin. Chaque bestiole à trouver est reproduite fidèlement sur fond blanc pour une bonne mémorisation avec son nom commun et, pour les plus pointilleux, son nom latin. Après avoir parcouru ces pages, gageons que les enfants auront plaisir à parcourir jardins et forêts à la recherche de ces petites bêtes incroyables « en vrai » !

Rosenn Le Page