Aménager un jardin tout en longueur est un défi qu’ont relevé Brigitte et Patrick. Leur jardin du Nord est un modèle à suivre pour celles et ceux confortés à la même contrainte. De petites chambres de verdure en mini-scènes densément plantées, on s’y perd avec délice dans ce Jardin des petits sentiers…
Hortus Focus : depuis quand êtes-vous installé dans ce jardin en centre-ville de Wavrin ?
Brigitte : Nous avons acheté cette maison en 1994. Le bâtiment et le jardin étaient alors quasiment à l’abandon. Tout était à faire, mais auparavant il a fallu nettoyer et cela nous a pris trois mois. À l’époque, les encombrants ne passaient pas et le fond du terrain servait de déchetterie. On a trouvé de tout, de la boîte de conserve à la vieille Cocotte-Minute !
Le terrain était donc tout nu ?
Oui, à l’exception d’un noisetier centenaire et qui, actuellement, est sur la fin de sa vie.
Aviez-vous déjà eu un jardin ?
Aussi grand, non ! J’ai toujours aimé avoir les mains dans la terre, jardiner. J’ai eu des petits jardins, mais un comme ça jamais. Je suis autodidacte, j’ai appris avec lui, j’ai grandi avec lui. Mais je ne pensais pas le faire visiter un jour, je le faisais juste pour moi.
Quelle est la nature du sol ?
Nous avons la chance d’avoir une terre très noire. Dans le passé, ces terrains n’existaient pas, c’était des marais. On s’y promenait en barque. Ils ont disparu, victimes de l’urbanisation. Donc, notre terre est bonne, mais je l’enrichis tout de même en compost en hiver et au printemps.
Comment vous êtes-vous lancés dans l’aménagement de ce jardin ?
Le terrain mesure 12 m de large sur 90 m de long. Et comme nous sommes en centre-ville, nous avons une dizaine de voisins directs. Pas terrible pour l’intimité… Et je voulais absolument pouvoir me promener dans mon jardin sans être observée. Nous avons commencé par retourner le terrain et semer de la pelouse. Puis j’ai planté des arbres, une première vague en 1996, la seconde en 1998 : un faux-acacia, Malus, un Gleditsia doré, etc. Et beaucoup d’arbustes aussi : spirées, seringats, cornouillers…
Vous aviez déjà dans l’idée de créer des petits tableaux ?
Oui, car je voulais pouvoir me promener dans mon jardin en changeant d’ambiance. J’ai observé et travaillé pour intégrer chaque petit tableau en harmonie avec le reste du jardin. J’ai commencé par le fond du jardin, installé des barrières, planté des massifs de part et d’autre de ces barrières, et suis remontée petit à petit vers la maison. J’ai commencé à planter sur le côté droit, puis je me suis attaquée au côté gauche. C’est difficile de tout faire en même temps quand on n’a pas d’énormes moyens… Quand les arbres ont suffisamment poussé, j’ai planté des massifs à leur pied.
Mes massifs, je ne les dessine pas, je les visualise dans ma tête. Pour cela il faut connaître les plantes. Quand je reçois des jeunes qui font des études axées vers le paysage ou de futurs horticulteurs, je leur dis toujours que s’ils ne connaissent pas les plantes, ils ne feront sans doute jamais de beaux massifs…
Quand avez-vous installé le bassin ?
Nous l’avons créé en 2000. Mon mari tenait absolument à avoir une pièce d’eau. Autour, nous avons planté des érables du Japon. On conseille généralement de les mettre en pots. Mais les pots, c’est contraignant, il faut arroser. Mes érables sont en pleine terre, je leur donne beaucoup de compost et, pour le moment, tout va bien. Nous avons beaucoup de grenouilles dans le bassin et elles ont leur utilité dans le jardin. J’ai remarqué qu’elles mangeaient des pyrales du buis.
Quel est le livre qui vous a le plus marqué ?
Un des plus beaux cadeaux de ma vie, ce sont des collègues qui me l’ont fait. Ils m’ont offert un gros bouquin d’Anita Pereire. Je le lisais tous les jours, j’ai fini par le connaître par cœur. Mais je ne voulais faire pas chez moi comme les Anglais font, une longue mixed border avec une allée engazonnée, impeccable au milieu. Je voulais des sentiers, tourner autour des massifs, profiter de points de vue à chaque fois différents. Et faire ainsi oublier la faible largeur du jardin…
Votre jardin est très densément planté. Continuez-vous à installer de nouvelles plantes ?
Oui, je continue. J’observe beaucoup mon jardin, surtout l’été. Avec nos étés de plus en plus chauds, certaines plantes souffrent beaucoup. Ces dernières années, j’ai perdu beaucoup d’hortensias. Le seul que je plante encore, c’est Hydrangea arborescens ‘Annabelle’. Je remplace les partantes, notamment par des phlox qui résistent bien à la chaleur.
Pourquoi, au début, n’y avait-il aucun rosier dans le jardin des petits sentiers ?
Je ne savais pas comment les tailler, je me disais c’est beaucoup de boulot. Mais je me suis très vite rendu compte qu’un jardin sans rosier n’est pas vraiment un jardin. J’ai donc commencé à en planter ainsi que des clématites pour les accompagner.
Vous aimez beaucoup aussi décorer votre jardin ?
Oui, mais c’est mon Patrick qui chine. Il me rapporte tout le temps des objets que je dispose ici et là. C’est Patrick aussi qui a fabriqué tous les bancs du jardin, posé toutes les briques des allées. C’est mon ouvrier préféré !
Quelques-unes des plantes préférées de Brigitte
La renouée (Persicaria polymorpha). Dans le jardin, je l’ai plantée de chaque dossier d’un massif. Généreuse, vaporeuse, elle forme comme une porte naturelle et ne demande vraiment pas beaucoup d’entretien.
Les spirées. J’apprécie leurs floraisons très généreuses au printemps. Vous les taillez comme vous voulez, elles s’en fichent ! Elles structurent les massifs et vous plantez ce que vous souhaitez devant, derrière, autour.
Les géraniums vivaces. Ce sont vraiment des plantes idéales pour les jardiniers débutants. Ce sont des plantes faciles, elles encouragent à continuer.
Les hostas. J’en ai effectivement beaucoup en pot, on peut même avoir l’impression que j’en fais collection, mais ce n’est pas le cas. Ce sont des achats coups de cœur.
Le Jardin des petits sentiers fait partie de l’association Jardins Passion.