Dans les Jardins de la Noue, en Saône-et-Loire, les conifères ont leur maître à tailler : Dominique Mathieu ! Destinés tout d’abord, voilà 30 ans, à cacher le voisinage, ils ont rapidement pris de la place, trop de place. Sécateur, cisailles, élagueurs sont devenus une nécessité, mais également un plaisir pour Dominique.
Hortus Focus : pourquoi avez-vous planté autant de conifères ?
Dominique Mathieu : Nous avons acheté le terrain à des maraîchers. La retraite de la MSA, c’est vraiment peau de balle et ils ont dû vendre leurs terres pour vivre correctement. Le terrain fait partie d’un lotissement. Qui dit lotissement dit voisins, même si nous ne sommes pas les uns sur les autres. Donc, pour estomper la vue, j’ai planté des persistants et des conifères, notamment un cèdre de l’Himalaya (Cedrus deodara) que j’ai étêté pour qu’il pousse moins haut et fasse des têtes. Donc il a fini par former une masse importante. J’ai planté aussi de nombreux cyprès que je taille tous les ans en hiver, enfin en principe, car, souvent, je manque de temps.


Vous avez un magnifique cèdre pleureur de l’Atlas… Pourquoi ce choix ?
Comment ne pas être séduit par le port si gracieux, la couleur du feuillage. Il est très beau ici et vous pouvez en voir un autre superbe aux jardins aquatiques d’Acorus, à Autoreille.
Pourquoi dites-vous que votre Juniperus chinensis glauca est une erreur de jeunesse ?
Lui, il est arrivé alors que je ne l’ai pas désiré… Au début de mon parcours pro, parallèlement à mon activité de paysagiste, j’avais une petite activité de pépiniériste. Mais le paysagisme a pris de plus en plus de place, je ne pouvais pas continuer à mener les deux activités. Donc j’ai arrêté la production, mais je n’allais pas bazarder les plantes. J’ai donc installé en bordure et surplomb d’un bassin ce Juniperus chinensis glauca, mais il est devenu rapidement trop gros, trop envahissant. Alors, je me suis lancé avec lui dans la taille en niwaki.
Quel boulot…
Oui, parce qu’il surplombe le bassin. Donc, il faut bâcher le bassin quand je le travaille. Et il faut impérativement avoir fini d’intervenir avant fin février, car, en dessous j’ai planté des végétaux qu’il ne faut pas piétiner au printemps.
C’est lui qui vous a donné le goût de la taille ?
Non, il y a d’abord eu la nécessité. Mais c’est vrai qu’il y aussi pour moi une partie d’amusement dans cette « corvée ». J’ai taillé certains conifères en sucettes, par exemple. Une touche de fantaisie…

Vous avez eu des soucis avec vos thuyas. Qu’en avez-vous fait ?
Ils ont été victimes du bupreste du thuya, un insecte qui pond dans les fentes de l’écorce et dont le développement des larves bloque la circulation de la sève. J’ai dû les ratiboiser et trouver une idée pour ne pas les arracher. Je les ai donc taillés en cube. Une idée piquée lors d’un séjour à Eurodisney.
Vous avez, en revanche, sacrifié tous vos cyprès de Leyland…
Une autre erreur de jeunesse. J’ai voulu cacher le hangar de mon entreprise avec ces cyprès (Cupressocyparis leylandii). Ils ont fait le job pendant dix ans, mais ils sont devenus très, trop imposants. Et je n’avais pas le temps de les tailler. Ils sont devenus énormes et j’ai dû les abattre. J’ai installé à leur place des Miscanthus sinensis ‘Berlin qui, en une saison, poussent jusqu’à 2,5 m.


