Monique van den Plas, pépiniériste installée en Gironde, s’est fait une spécialité des plantes vivaces pour jardin naturaliste, demandant un minimum d’entretien.
Hortus Focus : pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un jardin naturaliste ?
Monique van den Plas : Il s’agit d’une nouvelle tendance, on recherche un jardin avec un minimum d’entretien pour un effet maximum aussi bien l’hiver que l’été. Pour cela on s’inspire de la nature. On ne conçoit pas un jardin naturaliste comme un massif classique. Pour paraître naturel, il faut imiter la nature. Quand on regarde une prairie fleurie, on ne voit pas de pointillisme comme dans un massif classique, mais plutôt des grandes coulées et des aplats d’une même vivace, c’est ce qu’on va s’attacher à reproduire.
Quel type de plantes utilise-t-on ?
Il y a un choix à faire entre les plantes qui vont supporter le sec, le soleil, et surtout celles qui vont supporter la concurrence des graminées, car dans les jardins naturalistes les graminées s’installent, qu’on les invite ou pas. Il faut donc choisir des plantes vivaces capables de résister et de cohabiter harmonieusement pendant les 12 mois de l’année avec le caractère invasif des graminées.
Quelles sont ces vivaces ?
Il existe des vivaces solides et saines qui sont belles presque toute l’année. Des vivaces qui perdurent et qui, même sèches et fanées restent attractives en hiver de par leur structure comme les graminées, les Phlomis russeliana et les sedums. On ne les choisit pas en fonction de la couleur de leur floraison, mais en fonction de leur structure, de la forme de leur feuillage et de celle de leur fleur. On parle ici de plantes à fleurs en ombelles ou en boules comme les Succisella inflexa ou la verveine de Buenos Aires (Verbena bonariensis) ; de vivaces à port érigé, hautes comme la sauge des marais (Salvia uliginosa) ou la pimprenelle (Sanguisorba tenuifolia).
Comment les agence-t-on pour se rapprocher au plus près de la nature ?
On place à l’avant des vivaces transparentes comme les verveines de Buenos Aires et les Succisella. Puis on installe les plantes dominantes en groupe. Dans la nature ce sont les graminées. À celles-ci s’ajoutent des plantes à floraison éphémère pour donner une impression de spontanéité naturelle. Et enfin les plantes de “remplissage”. Dans un jardin naturaliste, on peut utiliser pour boucher les trous une graminée ou une vivace pas trop haute. Les anémones du Japon sont extraordinaires pour cela, elles ont la capacité de se faufiler entre les autres plantes. On peut également utiliser Sesleria autumnalis, une graminée basse à feuillage persistant. Elle ne fait pas une concurrence énorme aux vivaces.
Si vous aviez un conseil à donner à quelqu’un voulant se lancer dans la conception d’un jardin naturaliste ?
Il faut en priorité choisir des vivaces florissant très longtemps, comme les verveines de Buenos Aires et les petites scabieuses de Macédoine (Knautia macedonica). Il faut également ne pas oublier d’installer des plantes qui ont la capacité de conserver une structure même en hiver. C’est le cas des sédums, dont les fleurs sèches restent présentes jusqu’au printemps.
Retrouvez Monique van den Plas sur le site de sa pépinière : Les Jardins d’Arhada.