Jardins parfumés du M.I.P. : toucher, sentir, découvrir

Valérie Collet

Le musée International de la Parfumerie, à Grasse, est un des plus riches au monde sur le sujet. Ses salles  abordent tour à tour la fabrication du parfum (matières premières, distillation…), son design et son histoire à travers des civilisations et des époques très diverses : Antiquité égyptienne et romaine, Moyen-Âge occidental, Nouveau Monde… Il possède aussi de très beaux jardins parfumés à Mouans-Sartoux . Il vous reste encore quelques jours (jusqu’au 1er décembre) pour le visiter !

Rencontre avec Christophe Mège, son chef jardinier.

 

Christophe Mège ©Valérie Collet

HORTUS FOCUS : Quelle est l’histoire de ce jardin ?

CHRISTOPHE MEGE : il est né en juin 2007. À l’origine, il a été créé par la ville de Mouans-Sartoux avec l’idée de faire un jardin de plantes à parfum. Nous sommes dans le pays de Grasse où pendant longtemps (et aujourd’hui encore) l’économie a été liée à la culture et à l’agriculture de ce type de plante. Or, il n’y avait pas de lieu où les gens pouvaient les découvrir, pas de jardin qui conservait toutes ces espèces utilisées à travers les siècles comme la Rose de mai (Rosa centifolia), la tubéreuse ou le jasmin. D’où ce projet ! Par la suite, la communauté d’agglomération du pays de Grasse qui gère le Musée International de la Parfumerie a racheté ce jardin. Il s’étend aujourd’hui sur 2 hectares et demi.

Quelle est sa particularité?

Il a été conçu par un paysagiste et un parfumeur et il est divisé en deux. La première partie est un parcours olfactif. Le visiteur chemine jusqu’en haut sur un sentier principal entre des parcelles qui sont chacune dédiées à une famille olfactive. On a tout d’abord les herbacées agrestes avec tout ce qui est menthe, anis, tout ce qui est aillé et anisé ; on a aussi les culinaires (la menthe poivrée, la menthe verte, le persil, la bergamote…). Suivent les notes boisée (le patchouli) et épicée (le faux poivrier); la note fruitée (cerisier, framboisier, etc.), la note florale, les aromatiques (thyms, sarriettes), les herbacées agrestes plus aromatiques (les lavandes, les romarins…). Et enfin les hespéridées c’est-à-dire tout ce qui est Citrus (les orangers, les agrumes, les verveines, la citronnelle, etc.).

Dans cette partie du jardin, il y a aussi des plantes odorantes qui ne sont pas forcément utilisées en parfumerie, mais qui peuvent inspirer le parfumeur ou les visiteurs. Pour cette balade olfactive, nous leur disons dès l’entrée : « Surtout, n’hésitez pas à toucher, sentir et découvrir… ! ».

Le parcours olfactif ©Valérie Collet

En quoi consiste l’autre partie du jardin ?

On y accède après le parcours olfactif, dans le haut du jardin ; nous avons voulu créer là un espace de plein champ où on met en scène l’agriculture de la plante à parfum avec des champs de Rosa centifolia, un champ de tubéreuses, des géraniums rosats, du jasmin. On a aussi introduit d’autres plantes très emblématiques de la parfumerie, mais qui n’appartenaient pas au territoire grassois : un champ de lavandes (plante plutôt cultivée en montagne), des sauges sclarées…

Ces jardins demandent-ils des soins particuliers ?

Le principal souci, surtout pour la première partie, c’est de réunir des plantes de la même famille olfactive qui n’ont pas forcément les mêmes besoins en termes de sol, de soleil, d’arrosage, etc. Donc dans chaque parcelle, il y a toute une réflexion sur l’emplacement de chaque plante. Pour la note fleur blanche, par exemple, certaines comme les tubéreuses se plaisent au soleil alors que d’autres grillent. Quant au muguet, il n’est pas du tout une plante d’ici : il aime les sols légers de sous-bois, pas notre sol argileux et lourd. On en a mis un peu partout pour le tester et voir où on peut vraiment le présenter. Même chose pour les framboises, les cassis ou les groseilles: ici, ils grillent l’été !

Du coup, on essaie aussi de jouer avec les arbres pour apporter de l’ombre. Depuis quelques années, on en plante pas mal, comme le robinier côté “note fleur blanche”. C’est génial ,car il pousse très vite ce qui fait qu’en quatre ans, il fait déjà une belle ombre. On a aussi planté des frênes et des micocouliers qui poussent naturellement ici, car ce jardin se veut d’inspiration agricole ; on veut qu’il fasse un peu campagne.

Champs de lavandes ©Valérie Collet

Quelle est la meilleure saison pour le visiter ?

De début avril à fin juin. Mais le moment extraordinaire, c’est le mois de mai, pour les roses. Nous avons 3000 pieds de roses de mai, dans les deux parties du jardin. Plus des rosiers d’ornement, très parfumés. J’adore les roses, c’est pour ça que je suis heureux ici !

Ce qui est compliqué, en revanche, c’est que les visiteurs, quand ils arrivent à Grasse, ville des parfums, imaginent des ensembles de fleurs. S’ils arrivent au mois de mai, ça marche très bien. Mais parfois, quand ils viennent en juillet-août, c’est un peu plus sec ! Du coup, pour le plaisir des yeux, j’ai rajouté des rosiers par-ci, par-là, des cosmos sulfureux (Cosmos Sulphureus) ; au printemps, on met des capucines. On a aussi des Rosa polyantha ‘Marie Pavie’ qui peuvent fleurir jusqu’à décembre. Même si on n’est pas dans la note, on reste dans l’esprit du jardin médiéval, du jardin de curé.

Le jardin des plantes oubliées ©Valérie Collet

Qui sont vos visiteurs ?

En dehors du public d’amateurs, de nombreux parfumeurs viennent se balader chez nous. Il arrive qu’ils découvrent des plantes et fassent des essais d’extraction ou de capture de molécule. Parfois aussi, ils nous apportent des boutures de plantes dont on n’imaginait pas qu’elles pouvaient être utilisées en parfumerie. Ces échanges permettent d’enrichir les collections.

L’université de Nice travaille aussi avec nous avec, dans leur section de Grasse, des doctorants qui viennent faire des prélèvements. En fait, on a des visiteurs du monde entier, par exemple des gens qui travaillent dans les boutiques Dior ou Chanel aux États-Unis ou en Amérique du Sud. Grasse est le passage obligé pour toutes les personnes qui travaillent dans l’univers de la parfumerie et comme les agriculteurs ne peuvent pas toujours les recevoir, ils viennent voir la matière première chez nous.

Vous avez une petite nouveauté cette année…

Grâce au mécénat de l’Occitane, on a créé une nouvelle parcelle sur les plantes oubliées en parfumerie, c’est-à-dire qui ont pu être utilisées de l’Antiquité à nos jours et ont été abandonnées pour diverses raisons. Cela inclut aussi les plantes aromatiques, car celles-ci pouvaient aussi être des plantes médicinales ou des plantes à parfum, ce dernier pouvant parfois être considéré comme curatif. On retrouve, par exemple, des plantes comme le figuier, le népéta, le pommier, le laurier cerise, les chèvrefeuilles…

Pour tous les renseignements concernant le musée International de la Parfumerie à Grasse et ses jardins de Mouans-Sartoux, cliquez ICI

"Lien

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