Francis Courtois produit dans sa pépinière lorraine, F. comme Fleurs de nombreux bulbes botaniques. Ces formes sauvages donnent souvent des fleurs moins impressionnantes, mais ce sont des plantes souvent beaucoup plus résistantes et fidèles.
Hortus Focus : qu’est-ce qu’un bulbe botanique ?
Francis Courtois : C’est un bulbe qu’on peut trouver à l’état identique dans la nature. Ils se naturalisent facilement, et finissent par former des tapis. Ces bulbes sont bien connus. Depuis fort longtemps, on les cultive en pépinière à partir de spécimens récoltés dans la nature.
Comme les tulipes, par exemple ?
Oui. Les tulipes botaniques, on peut les trouver dans leur état naturel en Turquie, en Iran, en Asie Mineure où elles fleurissent en nombre. Les bulbes produisent des bulbilles autour du bulbe principal. Ces bébés grossissent et fleurissent à leur tout. Ils peuvent aussi se ressemer si vous leur laissez faire des graines. Si les conditions de culture chez vous leur conviennent, ces tulipes se naturaliseront. Parmi ces tulipes, certaines drageonnent et forment un nouveau bulbe parfois à 10 ou 20 cm de distance. Tulipa sylvestris, par exemple, peut produire d’autres bulbes à 30 cm. On la trouve dans les forêts, mais aussi dans les vignes en Alsace, car elle est protégée.
Pourquoi les fleurs des bulbes botaniques sont-elles petites ?
Dans la nature, les espèces botaniques ne sont généralement pas des grosses plantes. Elles mesurent entre 5 et 30 cm de haut et les fleurs, effectivement, sont petites. Ce sont les hybridations qui ont permis et permettent toujours d’avoir des fleurs plus grosses, plus spectaculaires.
Qu’aimes-tu chez ces bulbes ?
Leur finesse et leur facilité de culture. Quand ils sont dans le jardin, on ne s’en occupe plus, contrairement à nombre d’hybrides qui pourrissent si l’été est trop humide, ou qui finissent par dégénérer. Ces espèces botaniques sont en végétation de février jusqu’à mai, voire juin pour certaines. Puis, elles entrent en repos avant de repousser de plus belle l’année suivante. Et chaque année, les plantes sont de plus en plus nombreuses. Les crocus, les petits glaïeuls, les tulipes, les narcisses, les anémones de sous-bois finissent par former de beaux tapis. Quant aux Allium, ils produisent des bulbilles aériennes. Une fois tombées au sol, elles donnent naissance à de nouvelles plantes, comme une graine en fait.
Existe-t-il des bulbes botaniques pour l’ombre et d’autres pour le soleil ?
La plupart de ceux que je cultive dans ma pépinière, au nord de la Meurthe-et-Moselle, à côté de la frontière luxembourgeoise, poussent au soleil, car leur origine est souvent méditerranéenne. Il existe tout de même des bulbes pour l’ombre comme les anémones, les cyclamens, la dent-de-chien (Erythronium). Vous pouvez tous les planter sous des arbustes caducs (comme un noisetier par exemple) dont le feuillage n’est pas développé au printemps. Ils auront le temps de se développer, de fleurir avant de se mettre au repos, en été, à l’ombre du feuillage.
Peut-on trouver des Allium botaniques ?
On le sait peu, mais les espèces botaniques d’Allium sont très nombreuses. Eux aussi sont originaires d’Asie Mineuse, d’Iran, de Turquie… J’aime beaucoup Allium scorodoprasum (l’ail rocambole) qui produit des bulbilles sur sa tête florale, haute de 1 m environ, et l’ail des vignes (Allium vineale) et sa variété ‘Hair’ qui, au lieu de faire des fleurs produit des filaments. On dirait une petite perruque verte !
Peut-on déplacer des bulbes dans son jardin ? Et quand ?
Il ne faut pas les déplacer quand ils sont en fleurs ou en végétation. Attendez que le feuillage commence à jaunir avant de déterrer des bulbes et de les réinstaller tout de suite ailleurs au jardin ou en pot. Seuls, les perce-neige (Galanthus) et les narcisses peuvent être déterrés, divisés juste après la floraison quand leurs feuilles sont encore vertes.