C’est un arbre qui impressionne toujours. Par sa hauteur, ses pneumatophores, son feuillage caduc roux à l’automne (toujours étonnant chez un conifère !). Mieux vaut avoir un grand jardin et de l’eau pour planter un cyprès chauve… Heureusement, si on n’a pas cette chance, il est possible d’en voir partout sur le territoire notamment dans les parcs et arboreta.
C’est l’emblème de la Louisiane
Qui dit Louisiane dit chaleur, marais, bayous, donc humidité. Tout ce qui plaît à Taxodium distichum, le cyprès chauve. Mais on le trouve aussi, plus généralement, dans le sud-est des États-Unis, dans les marais et les milieux humides de la Floride, des deux Caroline (du Nord et du Sud), du Mississippi et jusqu’en Floride. Il est aussi capable de pousser dans des terrains plus secs où il voisine avec des chênes des marais (Quercus palustris).
Le cyprès chauve est un grand arbre qui peut vivre très vieux (jusqu’à 500 ans, voire… plus d’un millénaire) et pousser très haut (entre 30 et 40 mètres). Les premiers spécimens ont été introduits en Europe par John Tradescant le Jeune en 1637. Ce botaniste britannique a également rapporté dans ses bagages des magnolias, des asters, et des phlox.
Le cyprès chauve et ses « tubas »
Comment respirer quand on est un arbre qui vit souvent immergé, totalement les pieds dans l’eau ? Pas de souci pour le cyprès chauve qui développe alors des pneumatophores. Ces curieuses racines aériennes spongieuses qui émergent bien au-dessus du niveau de l’eau, autour du tronc, permettent au Taxodium de respirer et, de plus, elles renforcent son enracinement.
Si vous avez déjà traversé des mangroves, vous avez forcément vu des pneumatophores, ceux des palétuviers qui ressemblent à des échasses. Chez les cyprès, ces “tubas” sont soit grands et pointus comme des stalagmites, soit petits et franchement biscornus, bossus (d’où leur surnom de genoux de cyprès). Les pneumatophores sont également présents chez le cyprès chinois des marais (Glyptostrobus pensilis) et le cyprès des étangs (Taxodium ascendens).
Un conifère vraiment pas comme les autres
Les aiguilles du cyprès chauve sont petites. À l’automne, elles se parent d’une merveilleuse couleur entre le roux, le rouge et l’orange vif. Dans les régions tempérées, elles peuvent tout ou en partie demeurer sur l’arbre jusqu’au printemps (on parle alors de marcescence), mais elles peuvent aussi chuter. Chez les conifères, seuls les Metasequoia et les mélèzes (Larix) ont le même comportement.
Taxodium distichum – Fiche de culture
- Famille : Cupressaceae.
- Type de végétation : arbre résineux, caduc.
- Exposition : mi-ombre, soleil.
- Sol : frais, humide ou détrempé.
- Croissance : jeune, il adopte une forme pyramidale puis volontaire. Adulte, il s’étale. Mais faut pas être pressé…
- Floraison : en mars-avril, panicules pendantes pour les mâles, strobiles pour les femelles.
- Fructification : petits strobiles ronds.
- Écorce : du brun grisâtre au brun rougeâtre. Elle se fissure avec l’âge.
- Rusticité : excellente.
- Multiplication : bouture (méthode la plus simple) dans un substrat trempé en permanence. Semis en milieu très humide (sphaigne, mousse) plus difficile à réaliser. Dans la nature, les eaux courantes et les crues se chargent de faire voyager les graines… Quand l’eau s’en va, elles germent.
Un géant mené en… bonsaï
Étonnamment, ce géant des bayous est très facile à cultiver en bonsaï. En pot, il se montre bien vigoureux et nécessite des soins réguliers, notamment une fertilisation trois à quatre fois par mois en période de croissance. Il faut aussi tailler les nouvelles pousses tout au long de cette période de croissance. En fin d’hiver, passez à la taille de structure (une fois dans l’année, ça suffit). Comme dans la nature, un Taxiodium distichum cultivé en bonsaï a besoin d’un substrat lourd, humide en permanence. Si vous oubliez de l’arroser pendant quelques jours, la cata est vite arrivée.
La forêt pétrifiée
En 1987, à Sault-les-Chartreux, dans l’Essonne, des excavatrices ont mis à jour les premiers éléments d’une véritable forêt pétrifiée vieille de 27 millions d’années ! Une seule espèce d’arbre est présente, et elle ressemble énormément au cyprès chauve que l’on connaît aujourd’hui. Une vraie mine d’infos pour les paléontologues.
Un vénérable toujours bien vivant
Le long de la Black River, dans les marécages de Caroline du Nord, vit un cyprès chauve qui serait âgé de plus de 2500 ans (âge déterminé par une analyse au carbone). D’autres spécimens auraient eux soufflé quelque 1700 bougies…
La triste fin du “Senator”
En 2012, Big Tree Park, à Longwood (Floride) voit la mort du plus grand cyprès chauve des États-Unis. Il mesurait alors 38 m de haut et son âge fut estimé à 3500 ans (un des plus vieux arbres du monde). Il avait déjà perdu sa cime sur 14 m lors du passage d’un ouragan en 1925.
“The Senator” a été tué accidentellement par une jeune femme droguée. Sara Barnes qui voulait voir la saloperie de drogue qu’elle tentait de fumer au pied de l’arbre lui a fichu le feu. L’incendie s’est propagé et a ravagé l’arbre de l’intérieur. Malgré l’intervention rapide des services de secours, “The Senator” s’est effondré… Il ne reste aujourd’hui de lui qu’un bout de tronc noirci de 6 m de haut. Par chance, l’arbre avait été cloné par un passionné. Il pousse actuellement à l’entrée du Big Tree Park.
Où voir de magnifiques cyprès chauves ?
- Isère : plusieurs dizaines de Taxodium distichum ont été plantés à l’étang de Boulieu, vers la Cascade de la Roche (Saint-Baudille de la Tour). On dit qu’ils ont été plantés par Hilaire de Chardonnet, inventeur de la soie artificielle qui perfectionna ses inventions au château du Vernay tout proche.
- Allier : un magnifique spécimen déploie ses pneumatophores à l’arboretum de Balaine.
- Landes : à Pichelèbe (commune de Léon) trône un cyprès chauve dont la hauteur n’est pas connue. Sa circonférence en revanche l’est : 3,60 m, environ. Il pousse le long de la rivière le courant d’Huchet.
- Loire-Atlantique : à Oudon, deux cyprès chauves forcent le respect et font lever la tête ! Le plus grand est âgé de 175 ans, mesure 35 m de haut et 5,70 m de circonférence. Ils ont été plantés là sur une propriété qui appartenait à la famille de Jules Verne.
- Yvelines : dans le parc du château de Versailles, à côté du Hameau de Marie-Antoinette.