J’ai découvert cette plante en Bretagne, chez Sous un arbre perché. Depuis, je m’y intéresse beaucoup, car le sceau-de-Salomon cumule les qualités : beau feuillage, fleurs belles et insolites, facile à marier avec d’autres plantes d’ombre ou de mi-ombre…
Polygonatum et pas Polygonum !
Comme le latin ne nous fait aucun cadeau, voilà évidemment deux genres à ne pas confondre même s’il est facile de les différencier grâce à leur végétation. Mais au niveau des noms, ce n’est vraiment pas évident pour tout le monde et même quand on connaît un peu les plantes. Tentative d’éclaircissement…
Polygonum : c’est la bande des renouées (persicaires, renouée des oiseaux, et l’horrible – car invasive – renouée du Japon dont il faut se débarrasser à tout prix). “Poly” en grec signifie plusieurs et “gonu”, genou. Donc la plante a des tiges à nombreux nœuds.
Polygonatum : c’est le nom latin du sceau-de-Salomon. “Poly” = plusieurs ; “gonu” genou… Bon d’accord, alors c’est la même chose ??? Ben oui ou quasi. Il faut remonter à Dioscoride pour trouver la signification exacte – enfin la description de la plante : “La racine est blanche, tendre, longue, dense, elle a de nombreux nœuds.”
Bref, c’est quand même un peu confusant et faut pas culpabiliser si on se trompe !
Pourquoi le sceau-de-Salomon ?
Il s’agit tout d’abord d’un symbole graphique : une étoile de David entourée d’un cercle. Selon les légendes, Salomon, roi d’Israël possédait un anneau magique qui lui donnait tout pouvoir sur les démons et le don de communication avec les animaux.
Quel rapport avec notre Polygonatum ? Eh bien, si vous sortez les rhizomes de Polygonatum de terre, vous verrez que les cicatrices des tiges développées l’année d’avant ressemblent à… tadaaammm un sceau-de-Salomon. De là à penser que brandir un rhizome peut permettre de parler aux ânes ou aux pingouins, non ! J’ai essayé avec une punaise, un chat, un syrphe curieux, ça ne fonctionne pas !
Sceau-de-Salomon – Fiche de culture
- Famille : Liliacées.
- Genre : Polygonatum (et pas…voir plus haut !).
- Autres noms : le muguet du pauvre (ce n’est vraiment pas gentil).
- Type : vivace, feuillage caduc.
- Expo : ombre, mi-ombre, sous-bois…
- Sol : de légèrement acide à légèrement calcaire. Surtout riche et frais.
- Plantation : automne ou printemps.
- Floraison : avril à juin.
- Arrosage : oui, la première année et en cas d’été très sec. Paillez pour préserver la fraîcheur.
- Rusticité : – 20°C et plus pour la plupart.
- Dimensions : de 20 cm (P. hookeri) à 2 m (P. macrantum).
- Multiplication : par division des touffes à l’automne et au printemps (lire plus bas).
- Attention plante toxique : ne cueillez pas les baies, ne les consommez pas, elles sont toxiques. Laissez-les aux oiseaux, eux ne seront pas malades.
Ses meilleurs ennemis
- Au printemps, les jeunes pousses sont des mets de choix pour les limaces et les escargots.
- La tenthrède du Polygonatum (Phymatocera aterrima). Les larves raffolent des feuilles. Quand elles sont présentes, elles bouffent tout, ne laissant que les grandes nervures et les attaches des fruits. Si vous constatez des dégâts, débusquez ces larves grisâtres. Elles sont sans pitié, soyez comme elles !
Les bons compagnons des Polygonatum
Ils s’entendent facilement avec de nombreuses plantes d’ombre et de mi-ombre : le muguet (Convallaria majalis), les hostas, les heuchères, les tiarelles, les herbes du Japon (Hakonechloa), certaines fougères (Dryopteris, Matteucia…), les podophyllums, les acanthes, les géraniums des bois (Geranium sylvaticum), les saxifrages, les fleurs des elfes…
Comment le multiplier
- Attendez quelques années, la plante doit être bien installée chez vous.
- Au printemps et à l’automne, déterrez délicatement le rhizome.
- Avec un outil bien tranchant et désinfecté, coupez des morceaux qui doivent chacun porter au moins un bourgeon (au printemps) ou une tige (à l’automne).
- Replantez immédiatement les morceaux et arrosez.
- N’oubliez pas que le terrain doit rester frais, cela favorisera la reprise.
Bon à savoir !
Les rhizomes écrasés soulagent les ecchymoses, les contusions (accélération de la cicatrisation) et les douleurs arthritique et rhumatismale.
Quelques espèces et variétés de sceaux-de-Salomon
P. multiflorum
C’est l’espèce la plus courante en France, celle qu’on peut trouver dans le nord de l’hexagone dans certaines zones forestières. Dim : 0,60 m sur 0,40 m. Tiges arquées, fleurs pendantes blanc verdâtre.
P. hookeri
Une himalayenne haute comme trois pommes (10 cm). Les fleurs sont roses. Pour Cédric Basset, on peut l’installer sans souci en plein soleil, et donc l’utiliser dans une auge ou une rocaille.
P. biflorum
Pour Cédric Basset, auteur du livre “Les nouvelles plantes d’ombre pour le jardin” (Ulmer), c’est l’une des espèces les plus vigoureuses (1 m de haut et de large). Longues tiges arquées et fleurs parfumées (amande douce).
P. odoratum
Le sceau de Salomon odorant est une autre espèce très courante en France. Les fleurs un peu plus grandes que chez P. multiflorum et très légèrement parfumées. H. : 90 cm. Il existe plusieurs cultivars, dont ‘Variegatum’, à feuillage panaché de blanc. Gros coup de cœur pour ‘Red Storm’ aux tiges rouges. Autre chouchoute : la variété ‘Daikoga’ au feuillage panaché vert – jaune brillant.
P. verticillatum
Cette espèce présente des feuilles très fines, étroites, groupées en verticille (d’où son nom latin). Les toutes petites fleurs apparaissent groupées au niveau de chaque nœud des tiges.
P. macranthum
C’est le plus grand de la bande. Il peut mesurer jusqu’à 2 m et les fleurs sont à l’avenant, plutôt grandes évidemment. Les larges feuilles sont d’un beau vert brillant.
P. curvistylum
Des tiges droites (ça change des arquées…). Dimensions : entre 15 et 30 cm de haut. Les feuilles sont étroites, et les fleurs rose-lilas en clochette évasées. Fruits rose-rouge jolis, mais toxiques comme chez toutes les espèces de sceaux-de-Salomon.
P. humile
Pas plus de 10 cm de haut même en fleurs. Petites feuilles arrondies. On peut l’utiliser en couvre-sol.
P. falcatum
Une grande espèce qui peut monter jusqu’à 80 cm. Il existe des variétés intéressantes notamment ‘Variegatum’ aux feuilles bordées de blanc. ‘Silver Stripe’ (= ‘Silver Lining’) offre des feuilles striées de gris argenté au centre. ‘Tiger Stripes’ a les feuilles striées de vert et de jaune.
Où trouver le sceau-de-Salomon ?
- Pépinière AOBA : gros choix de Polygonatum, nombreuses espèces et variétés en cours de production.
- Pépinière Sous un arbre perché : là encore grand choix, mais, idem, nombreuses variétés en cours de production.
- Espèces classiques disponibles chez le jardin d’Adoué, Promesse de fleurs, Lepage vivaces…