La Floriade, vaste exposition internationale horticole, se tient aux Pays-Bas tous les dix ans. Pour sa 7e édition, elle a élu domicile à Almere, la plus grande île artificielle du pays. Avec un thème, bien spécifique pour 2022 : « Growing green cities » (cultiver des villes vertes). Petite présentation de l’événement accompagnée de nos quatre coups de cœur.
Texte: René Dépal. Photos : Valérie Collet
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La Floriade, de la France au Qatar et à la Chine…
Une expo universelle verte ? Cette idée est née chez nos voisins, sur une planche à dessin. Il est en effet grand temps de réfléchir à nos villes du futur, sachant qu’en 2050, nous serons 7 milliards sur terre et que 68% d’entre nous seront urbains…
La Floriade 2022 se veut un laboratoire vivant, un lieu de réflexion et de rencontres visant à trouver des innovations et des solutions structurelles pour des villes durables où il fait bon vivre. Vivre au vert (en ville), cultiver une alimentation de manière durable, construire selon des modes écologiques, soigner notre santé, adopter une énergie propre… Autant de sujets abordés à travers des ateliers, des expositions, des congrès, des jardins, des dégustations. Mais aussi des concerts, des œuvres d’art ou des spectacles pour enfants.
Une quarantaine de pays montrent ce qu’ils ont à offrir dans tous ces domaines, de l’Allemagne à la Thaïlande et de la France au Qatar, en passant par Chypre, la République tchèque, la Turquie, l’Inde, le Japon ou encore la Chine. À l’issue de l’expo, le terrain de la Floriade réutilisera certains éléments (l’arboretum, plusieurs bâtiments…) pour se transformer en un nouveau quartier urbain, écologique et sain : Hortus.
Floriade Expo 2022 intéressera les professionnels (architectes, urbanistes, horticulteurs, pouvoirs publics…). Mais aussi les simples promeneurs qui pourront passer une journée entière à arpenter ces 60 hectares y compris par voie aérienne (avec vue panoramique) en empruntant le plus écologique des moyens de transport : le téléphérique. Deux mois après l’inauguration, les pavillons devraient être tout à fait opérationnels et la végétation plus touffue qu’aux premiers jours…
Le Pavillon du Bangladesh
Ce pays, plus que tout autre est menacé par la montée des océans. Son pavillon tout en bois naturel et à l’atmosphère chaleureuse met en avant le jute comme matériau d’avenir. Utilisé pour certains bateaux, il sert aussi à la décoration de la maison (écrans, lampes, paniers…) et, de façon plus novatrice, à des sachets légers et lavables, excellent substitut aux sacs en plastique. L’architecte Saifur Rahman Ratul, rencontré sur place, nous parle avec enthousiasme de son pays où poussent 100 variétés de mangues. Et où on paie 10% en moins d’impôt quand on cultive un jardin sur le toit de son immeuble. Un système en plein développement dans la ville de Dhaka.
Le pavillon d’Almeerse Wolunie
Ce très joli pavillon baptisé Shades of nature (Ombres de la Nature) se penche sur la problématique de l’industrie textile. Il est constitué d’un côté de parois de bouteilles pleines de liquides multicolores. De l’autre, d’une accumulation de rouleaux de tissu. Une façon de nous mettre en garde contre les séductions de cette industrie et ses teintures, très néfastes pour l’environnement.
L’idée vient du fait que sur l’île d’Almere paissent plusieurs centaines de moutons ayant pour mission de faire disparaître la Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), plante invasive et toxique. C’est pour tirer parti de la toison de ces animaux qu’a été créée la fabrique De Almeerse Wolunie. Elle produit de la laine brute et invite des designers à créer avec ce matériau. Une initiative qui montre aussi aux Néerlandais que point n’est besoin d’acheter leur laine en Allemagne ou au Danemark quand ils peuvent facilement la produire localement.
Le pavillon chinois
Explicite, il est le royaume du tout-bambou. On le découvre, tout d’abord, à travers une maison entièrement construite et meublée avec ce matériau naturel et résistant. Puis c’est le jardin avec ses clôtures, sa passerelle et son élégante galerie, toutes fabriquées en bambou. Le message est simple, esthétique et… solide !
I Wish for Nature de Will Beckers
Cette installation artistique renvoie à celle que l’artiste avait réalisée en 2012, The Willowman project (le Projet du saule). Celle-ci consistait en une série de nids ou cabanes tressées dans ce bois, de différentes formes, disséminées dans la forêt et où l’artiste vivait. Lors d’ateliers, il y invitait le public à créer avec lui ses propres sculptures et à prolonger ainsi son travail. Cette fois, l’artiste pare les parois tressées menant au centre de son oeuvre de tous les vœux pour la Nature, écrits par la jeune génération lors des Floriades de 2012 et 2022. Une sorte de Mur des Lamentations écologique !
Floriade Expo 2022, à Almere (15 km d’Amsterdam) jusqu’au 9 octobre 2022. L’accès peut se faire en bus ou en bateau depuis la gare d’Almere.
Pour tout renseignement : l’Office national de tourisme de Hollande