Et si vous alliez en Anjou? L’été est la saison idéale pour en visiter les sites troglodytiques qui, bien au frais dans leurs grandioses cavernes, offrent des visites aussi passionnantes que spectaculaires. Nous en avons sélectionné six qui pourront aussi plaire aux plus jeunes. Suivez la guide !
Les troglodytes d’Anjou
Cela fait des siècles que l’Anjou bleu, schisteux, et le Saumurois avec ses pierres crayeuses et coquillières exploitent leur patrimoine minéral. Non seulement pour la construction des maisons, châteaux et églises, mais aussi pour ciseler un véritable monde souterrain. En plaine ou en coteau, plus de 1000 km de galeries, caves ou carrières, accueillent fermes, ateliers et villages. Mais aussi des musées liés à la nature, des restaurants, des jardins ou un parc zoologique, jalons inattendus d’un des plus grands ensembles troglodytiques d’Europe.
Le Musée du champignon et sa champignonnière
C’est notre première visite. Aménagé dans plusieurs kilomètres de galeries troglodytiques, à Saumur, ce musée propose tout d’abord de découvrir la plus grande collection de champignons sauvages en Europe. De toutes les tailles, formes et couleurs, ces milliers de spécimens sont conservés par familles dans de grandes vitrines, parfois accompagnés de moulages. Ici, le coprin connu pour son encre. Là, les bolets et les amanites. Plus loin des espèces à l’odeur nauséabonde telles le Satyre puant (Phallus impudicus) ou l’Anthurus d’archer qui sent le cadavre…
La visite se poursuit par une vaste champignonnière. Adultes et enfants y apprendront tout sur la culture du champignon de Paris (avec une dégustation). Enfin bouquet final : la culture du shiitake, le 2e champignon le plus produit au monde, très apprécié des asiatiques. Il est accompagné de quelques autres espèces aux formes et couleurs spectaculaires. Ainsi le polypore semblable à un corail ou l’hydne hérisson et ses aiguillons blancs au délicieux goût de homard.
L’atelier du Manoir de la Caillère
Le sculpteur Richard Rak nous convie ici à un véritable voyage au coeur du tuffeau. Sublimant les petites choses oubliées, notamment dans la nature, il les transforme en oeuvres d’art. En artiste cueilleur et ramasseur, il fait son miel de graines, de fleurs séchées, de coloquintes, de morceaux de mousse, de sachets de thé. Mais aussi de vieilles étiquettes ou de morceaux de machine à coudre… Autant de trésors patiemment rassemblés qui attendent sagement qu’on les utilise dans des bocaux, des boîtes ou sur des étagères.
Tout près, c’est une autre caverne d’Ali Baba : 400 m2 de galeries creusées dans la roche avec en exposition toutes les oeuvres de l’artiste. Un parcours enchanteur entre cabinets de curiosité, cartes du ciel, objets détournés et bestiaire poétique. Le dialogue entre la roche et les sculptures est assez magique. Mérite vraiment la visite.
À noter aussi : l’exposition « Anatomie d’un pas perdu » au musée Joseph-Denais à Beaufort-en-Anjou, jusqu’au 6 novembre.
Les Pommes tapées du Val de Loire
C’est à Turquant, dans d’anciennes carrières de tuffeau en partie habitées par des vignerons, qu’a élu domicile cette maison à la fois musée et lieu de production. La pomme tapée? Cette spécialité locale a remplacé la vigne lorsqu’elle a disparu à cause du phylloxéra, à la fin du XIXe siècle. Elle aidait notamment les mariniers de la Loire à lutter contre le scorbut. En fait, il s’agit d’une pomme déshydratée à la fois par son passage au four et par l’opération du tapage (manuel) consistant à en éliminer toute l’eau.
Dans une mise en scène rétro, mais très vivante, à grand renfort de mannequins et de vieilles machines, on en découvre toute l’histoire et la fabrication. Une visite passionnante (on conseille la guide Léa Bohn) qui s’achève par une dégustation. Cette maison continue à produire artisanalement 10 à 12 tonnes de pommes tapées par an. Longue vie à elle, car cette spécialité originale est vraiment délicieuse !
Les pommes tapées du Val de Loire
Les caves Ackerman
Pionnier des vins de Loire à fines bulles, Jean Ackerman a fondé cette illustre maison dans une ancienne carrière du XVe siècle : 7 km de caves grandioses creusées dans le tuffeau. Le lieu offre l’occasion de découvrir, en dehors des milliers de bouteilles stockées là, de très imposants espaces troglodytiques. La fabrication du vin et quelques machines anciennes y sont joliment montrées. De même des œuvres d’art monumentales telles Ecologia naturotica de Julien Salaud, une grande installation composée de milliers de fils blancs représentant des hommes, des animaux et des fleurs. « À cœur fleuri, rien d’impossible ! Il faut restaurer les rapports sentimentaux et les liens affectifs avec la nature, commente-t-il, car l’être humain protège ce qu’il aime. »
Le Mystère des Faluns
Ce site situé à Doué-la-Fontaine raconte son histoire en musique par le biais de monumentales projections audiovisuelles. On y découvre l’excavation de ses très profondes « caves cathédrales », aux XVIIIe et XIXe siècles, visant à extraire des blocs de pierre pour construire le village. Puis c’est la préhistoire des lieux. Il y a dix millions d’années, le site était recouvert par une mer peu profonde avec des algues, des méduses, des requins, des baleines, des raies, des poissons-scies… Une faune et une flore qui se sont fossilisées dans la roche (le « falun ») devenue leur mémoire. Véritable promenade sensorielle mariant science et poésie de façon très contemporaine, cette visite fait vagabonder l’imaginaire. Une belle réussite.
Le Bioparc de Doué-la-Fontaine
Situé sur un ancien site d’extraction de falun, il n’est pas un parc zoologique comme les autres. À l’immersion et à l’émerveillement des visiteurs, le Bioparc joint un très fort engagement pour la cause animale, s’impliquant depuis 20 ans dans plus de 100 projets (2 820 000 € d’investissement). L’an dernier, pour ses 60 ans, il a versé 4% de son chiffre d’affaires pour ses « projets nature ».
La visite sur place est assez magique. Dans ces 17 hectares à l’abondante végétation vivent 1400 animaux regroupés comme dans leur milieu naturel, dans de très grands espaces. Girafes, vautours, panthères des neiges, okapis, grands félins africains y prospèrent. De même 600 oiseaux dans la volière sud-américaine (la plus grande d’Europe) et une dizaine d’espèces supplémentaires dans la nouvelle volière africaine, canyon minéral semi-encaissé de 2000 m2. Émotion et dépaysement.
Carnet de voyage
Se rendre en Anjou
En train, de Paris, 1h30 jusqu’à Angers. Continuer en voiture.
Dormir en Anjou
Le Londres hôtel***(photo)
Cosy et convivial au coeur de Saumur
Se régaler en Anjou
La Route du sel, au Thoureil.
Menus de saison, produits du terroir et poissons de la Loire (photo). Terrasse avec vue imprenable sur cette dernière.
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