On a l’habitude de voir dans les jardins cette crâneuse de fritillaire impériale, avec sa couronne de fleurs jaunes ou orange perchée sur une grande tige. Mais il existe bon nombre d’autres fritillaires botaniques, moins connues et souvent beaucoup plus jolies. Francis Courtois en cultive dans sa pépinière lorraine F comme Fleurs.
Hortus Focus : existe-t-il de nombreuses espèces de fritillaires botaniques ?
Francis Courtois : oui, il existe des dizaines et des dizaines de variétés originaires de Turquie, d’Iran, de Grèce, mais aussi d’Amérique du Nord, notamment la Californie. Ce qui est curieux, c’est que les couleurs sont différentes en fonction des continents. Les espèces californiennes sont plus souvent jaunes ou rouge orangé. En Asie et en Asie Mineure, on trouve du vert, du noir, du pourpre, des teintes plus discrètes en fait.
Dans quel type de sol faut-il installer les fritillaires ?
La plupart poussent très bien à mi-ombre, en rocaille, dans un sol très bien drainé. En fonction des espèces, la floraison arrive entre mars et juin.
La fritillaire œuf de pintade est une exception ?
Absolument ! Fritillaria meleagris, ravissante avec ses petits damiers, est l’une des espèces qui a besoin d’un sol humide au printemps pour bien se développer. Si le terrain lui plaît, elle peut coloniser un petit espace. On la trouve encore à l’état sauvage.
Quelle est la fritillaire à fleurs presque noires ?
C’est Fritillaria persica, la fritillaire de Perse. Elle aime pousser en sol sec et on peut même parfois en trouver dans les vignes. C’est une espèce qui vient de Turquie.
Ce sont des petits ou de gros bulbes ?
Pour F. imperialis et F. persica, il s’agit de gros bulbes. Après pour la plupart, ce sont des petits bulbes qui font entre 5 mm et 2 cm de diamètre.
Les fritillaires botaniques sont-elles capables de se naturaliser comme les tulipes ?
On peut les diviser, elles peuvent se ressemer, mais elles ont tout de même tendance à rester en touffe. Elles ne font pas de stolons, ne vont pas aller se balader.
Elles ne sont pas réservées aux collectionneurs ?
Non, mais c’est vrai qu’elles ne font bas un effet bœuf comme les tulipes. Ce n’est pas très impressionnant. Mais je trouve que ce sont des plantes vraiment intéressantes à observer. Ce sont des petits bijoux à bichonner.
Comment se comportent-elles en pot ?
Très bien. À condition de prendre les mêmes précautions que pour les autres bulbes. Si un gros coup de froid s’annonce, il faut protéger le pot le temps que la période de gel passe. Les racines sont toujours plus fragiles parce qu’elles sont exposées au froid.
Cultives-tu des raretés ?
Je collectionne les fritillaires botaniques. J’ai plein de semis en route pour pouvoir proposer aux clients des espèces vraiment différentes, surprenantes. J’ai pu avoir deux espèces qui viennent de Chine et qui, pour l’instant, sont très rares : F. ussuriensis et F. taipaiensis.