Dans son jardin, on croise des champignons, quelques animaux, des faces de géants. Dans son salon, lorsque la lumière tombe, ses champignons s’allument. Anthony Pons s’inspire d’une nature rêvée. Il la sculpte dans les bois cévenols : chênes verts, châtaigniers, des conifères comme le Douglas, le Pin maritime et l’Épicéa.
HF • Comment as-tu commencé à sculpter ?
Je n’étais pas tellement fait pour les bancs de l’école. Très tôt, j’ai commencé à réparer des mobylettes avec mon grand frère. J’aimais beaucoup la mécanique, mais je n’avais aucune envie d’en faire un métier. Puis j’ai travaillé dans de nombreux métiers du bâtiment. Mes mains savent travailler. Jamais je n’avais vraiment touché au bois.
Et puis, le Covid est arrivé. Ma compagne et moi étions installés depuis quelques mois dans les Cévennes, dans une maison qui occupait nos journées en termes de travaux. Puis j’ai fait la rencontre d’un grand châtaignier tombé au sol. J’ai vu une table se dessiner dans son tronc. Peut-être avais-je très envie de grands banquets et d’amis autour d’un repas !
HF • tu as passé ton désir de convivialité à la tronçonneuse !
On peut le dire. J’ai emprunté une tronçonneuse à un voisin pour me confronter au bois. Je n’avais jamais utilisé un outil comme celui-là. C’est un outil puissant, brutal, qui m’a fasciné. Non sans difficulté, j’ai réussi à faire ma table et les bancs qui sont autour dans ce grand châtaignier majestueux.
HF • Comment sont arrivés les champignons ?
Pour la première fois de ma vie, la pause Covid m’a laissé du temps pour rêver. Lorsque l’imagination n’est plus bridée par le quotidien d’une vie professionnelle, elle s’échappe, se nourrit du spectacle de la nature. Chez moi, elle s’est transformée en animaux d’ici et d’ailleurs, en visages sculptés, mais aussi et surtout, en champignons. J’adore les champignons ! Je dois au bois la possibilité de les créer dans le plaisir du geste comme de la matière.
J’en sculpte de toutes les formes et de toutes les tailles. Certains deviennent des tabourets, d’autres se posent sur la cheminée, certains, équipés de LED laissent sortir des fentes de leur pied des couleurs qui illuminent les pièces de la maison. Et d’un coup, la pièce semble habitée d’une autre vie.
Je sculpte aussi des notes de musique, peut-être le cri de la tronçonneuse ! Quant aux animaux, je les choisis autour de nous, mais aussi autour du monde. Je travaille donc des écureuils comme des singes ou des rhinocéros.