Jardins flottants restaurateurs de biodiversité

Jardins flottants - Ludovic-AMY, urbanoé
©URBANOE - installation de modules aloe

Ludovic AMY est créateur et gérant d’Urbanoé. Cette entreprise a créé une solution de jardinières sur l’eau, baptisée Aloe. Composées de modules hexagonaux d’aluminium et de liège expansé, ces jardinières sont destinées aux projets de renaturation aquatique autant qu’au plaisir du paysage.

Dans l’air du temps

Les projets de renaturation terrestre se multiplient avec un grand nombre de solutions. Mais qu’en est-il des rivières, des fleuves ou des lacs situés dans des espaces très artificialisés, voire pollués ? Il y a des milieux très pauvres en biodiversité et parfois un espace extrêmement restreint ou inexistant pour planter. C’est ce type de situations, a priori sans issue, qui a intéressé Ludovic. Il est paysagiste, et formé à la gestion des espaces naturels et à l’urbanisme.

La phytoremédiation pour réparer

C’est une solution de phytoremédiation. Elle permet la dépollution des sols. Elle contribue aussi l’épuration des eaux par l’utilisation de plantes vasculaires, d’algues ou de champignons. Et par extension, elle assainit les écosystèmes qui supportent ces végétaux. La dégradation des composés toxiques ou nocifs (nitrates, phosphates en excès, métaux ou molécules chimiques) est accélérée par l’activité microbienne.

Jardins flottants - Ludovic-AMY, urbanoé
©Isabelle Vauconsant

“Notre solution a été conçue spécialement pour ça, pour pouvoir prendre le relais quand on ne peut pas planter et quand on peut transformer l’existant. On parle de solutions de phytoremédiation, c’est-à-dire l’action du végétal sur son milieu.

Nous voulions aussi créer un module immergé dédié aux frayères. Notre but était d’encourager la reproduction des poissons et la conservation des espèces trophiques.”

Jardins flottants - Ludovic-AMY, urbanoé
©URBANOE

Des modules flottants

Conçus avec des matériaux recyclables ou renouvelables, les modules Aloé© sont composés d’une structure en liège naturel et aluminium, de substrat et de plantes. Chaque module est ancré afin de conserver la place qu’on lui a attribuée et en fonction de la topographie des fonds comme des berges, du courant et du débit d’eau.

Jardins flottants - Ludovic-AMY, urbanoé
©URBANOE

Des modules très perméables.

“Et ça, c’est fondamental à comprendre. Il faut bien imaginer le système racinaire des plantes. Ces plantes vont développer leur système racinaire dans l’eau pour capter des nutriments et là, certaines bactéries vont se fixer sur le système racinaire. De cette association entre le système racinaire et les bactéries vont se recréer des conditions d’oxygénation.

Nous n’utilisons que des plantes endémiques. Ce sont des plantes qu’on peut retrouver naturellement soit directement dans l’eau ou à proximité ; par exemple dans des fossés autour des mares ou proches d’une rivière, comme par exemple l’iris, la massette ou le jonc.”

De projet en projet : jardinières en cordon

Chaque module fait un peu plus d’un mètre carré. Les hexagones font 70 cm de côté et on peut les associer les uns avec les autres pour créer de vraies surfaces végétalisées sur l’eau. Les prototypes ont été finalisés en 2023 et la commercialisation a démarré en 2024 vers les collectivités publiques bien sûr, mais aussi chez les propriétaires de grands étangs.

La Ville d’Angers étudie un projet sur la Maine, un affluent de la Loire, polluée par les activités humaines liées à la circulation, à l’agriculture et aux ruissellements des eaux de toitures.

“Nous sommes interrogés sur un projet dont l’objectif est de créer des cordons végétalisés et donc de vraies fonctionnalités écosystémiques sur le milieu.” Mais les premières installations ont été commandées par des propriétaires privés de la région, le premier ayant hérité d’une bactérie qui rendait l’eau violette !

Jardins flottants - Ludovic-AMY, urbanoé
©URBANOE
Jardins flottants - Ludovic-AMY, urbanoé
©URBANOE

Et demain ?

“Un projet pilote devrait nous occuper en fin d’année. À l’échelle d’une exploitation agricole, avec un producteur de pommes, nous allons lancer un projet de phytoremédiation et l’étudier. Et l’idée, c’est à l’échelle d’un bassin de rétention des eaux, très très chargé en matières organiques et en résidus de pesticides, de pouvoir justement tester toutes les potentialités des plantes. Nous sélectionnerons une ou deux plantes avec un vrai potentiel exploratoire pour voir les bénéfices sur le milieu. Nous mettrons en place un suivi des paramètres physico-chimiques.”

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