Àl’heure des économies d’eau, les espèces botaniques reviennent sur le devant de la scène, notamment chez les tulipes. Autre atout : elles se naturalisent sans grand souci. Voici donc quelques unes de ces tulipes botaniques, sélectionnées par Didier Perrin, dont la pépinière Les Planteurs de Brigaudière, est installée en Isère.
La tulipe de Perse ou tulipe radis
Tulipa clusiana est originaire d’Iran et d’Afghanistan. Elle porte le nom de Jules Charles de l’Écluse, fondateur du Jardin botanique de Leyde, aux Pays-Bas, et qui a contribué à l’introduction de la tulipe. Elle est blanche et rouge, ce qui lui vaut l’un de ses autres surnoms, la tulipe radis !
Ça, c’est quand elle pousse en altitude ! Car, quand elle est plantée en basse altitude, elle a tendance à être jaune et rouge, voire jaune et rose. Elle perd la couleur blanche qui lui permet de faire face à la lumière très vive qui baigne les montagnes d’Iran et d’Afghanistan.
Les fleurs sont perchées à 40 cm. Elle a besoin d’un sol très bien drainé, pousse parfaitement dans une rocaille qui reçoit au minimum quelques heures de soleil par jour. Terre à cailloux, terre à vigne lui vont parfaitement au teint. Pas d’arrosage en été.
Il existe des hybrides de T. clusiana parmi lesquels ’Cynthia’ (la « tulipe des Dames ») qui fleurit jaune et rose et culmine à 25 cm. On trouve aussi facilement ‘Chrysantha’ aux pétales rose saumoné et jaune (h : 40 cm).
Une belle sauvageonne
On la trouve dans toute l’Europe jusqu’au fin fond de la Russie. Toute fine, élancée, T. sylvestris fleurit jaune, avec un peu de vert et de rose à sa base, et ses pétales ont tendance à se courber vers l’extérieur.
Œil bleu
C’est l’une des plus petites tulipes existantes. Elle est originaire du Proche-Orient. Ses fleurs sont blanches, ou colorées, et parfumées. Elle aime les terrains arides, super bien drainés. Floraison précoce en mars-avril.
Chez les Tulipa humilis, on aime beaucoup ‘Alba coerulea Oculata’. Les fleurs sont blanches et le cœur d’un superbe bleu. Les tiges sont courtes. Une petite merveille à cultiver en rocaille, jardin de graviers.
Tulipa linifolia
Elle pousse en Iran. Les fleurs, en avril-mai, sont d’un magnifique rouge, très lumineux, brillant, avec une macule noire au centre, perchées sur ses tiges de 20 cm. Cette tulipe se naturalise très bien.
Tulipa neustrueva
Elle fait partie des premières tulipes à fleurir, aux environs du 10 mars. Les fleurs qui :mesurent environ 3 cm sont d’un jaune très vif. À cultiver en rocaille très bien drainée.
La tulipe grise
Pour Didier Perrin, aucune hésitation, il s’agit de la « Rolls des tulipes botaniques ». Originaire d’Afghanistan, T. polychroma fleurit dès la mi-mars. Ouvertes, les fleurs sont blanches à cœur jaune. Fermées, elles sont… grises. Et quand on les observe de très, très près, on s’aperçoit que ce gris est constitué de multiples points de couleur (d’où son nom polychroma) qui, ensemble, donnent cette impression de couleur grise.
Tulipa turkestanica
Originaire du Turkestan comme son nom l’indique où elle pousse dans les montagnes entre 1800 et 2500 m d’altitude, cette tulipe fleurit en plusieurs fleurs sur la même tige. Le feuillage est étroit, vert bleuté. Elle se naturalise très rapidement. Les fleurs sont blanches ou roses, à centre jaune.
Comme un œuf sur le plat
T. saxatilis, endémique des zones qui bordent la mer Égée, a un charme de dingue. On l’appelle d’ailleurs la tulipe de Crète. Feuillage vert brillant. Les fleurs sont petites, rose tout tendre à œil jaune.
Elle ne se presse pas…
Tulipa tarda fait partie des tulipes botaniques qui fleurissent le plus tardivement en avril. Les fleurs sont jaunes à extrémité blanche.
La belle disparue, Tulipa acuminata
Elle a complètement disparu dans son milieu naturel en Turquie. Par chance, on peut la cultiver dans nos jardins. « C’est pour moi, l’une des tulipes les plus spectaculaires. Les fleurs mesurent 8 cm, sur une tige de 30 cm. On dirait une flamme plus ou moins rouge ou jaune. On soupçonne qu’elle arborait d’autres couleurs dans son milieu d’origine. Elle a disparu dans la nature en raison de pillages systématiques, mais aussi de son manque de vigueur. En effet, elle ne se naturalise pas rapidement. Cinq ans après son installation, elle ne fait toujours qu’une tige et donc une fleur… »
C’est la tulipe qui est peinte sur les murs du harem du Palais de Topkapi. C’était alors un message d’amour du sultan pour ses épouses.
Les conseils de Didier Perrin
- Cultivez toutes ces tulipes botaniques de préférence en pleine terre. En pot, on peut trop facilement oublier de les arroser ou de protéger les pots en cas de coup de froid.
- Toutes ont besoin d’un sol très bien drainé. Elles ne supportent pas l’humidité. Plantez-les dans une rocaille, un jardin de graviers, dans des lieux très bien drainés où elles se naturaliseront.
- Mariez-les avec des narcisses, des fritillaires botaniques qui fleurissent à la même époque. Ou associez diverses espèces de ces tulipes botaniques.