Le 5 avril, c’est la Sainte-Irène. Le jour où Irène Duchemin observe le retour de ses hirondelles adorées dans son jardin du Presbytère, à Brucheville, dans le Cotentin.
Hortus Focus : vous avez signé un contrat avec vos hirondelles ?
Irène Duchemin : je n’ai même pas eu besoin ! Depuis plusieurs années, elles me font le merveilleux cadeau de revenir chaque jour, le jour de la fête. Une première arrive, je ne sais pas si c’est un mâle ou une femelle. Le lendemain, en voilà une autre. Le surlendemain, c’est un couple qui fait son apparition.
Pourquoi vous fascinent-elles ?
Pour moi, ce sont des petits oiseaux vraiment extraordinaires. J’aime beaucoup mes hirondelles. J’adore les observer voler, les entendre pépier, voir comment elle s’occupe de leurs petits. Elles font partie non seulement de notre jardin, mais aussi de notre vie puisqu’elles sont là la moitié de l’année.
Où vivent-elles ?
Elles ont élu domicile dans un appentis, un ancien garage transformé en atelier, collé à la maison. Nous avons installé une porte fermière qui s’ouvre en deux parties. À partir de la fin du mois de mars, la partie supérieure est ouverte en permanence pour qu’elles puissent aller et venir comme elles veulent. Parfois, quand elles “décollent”, elles nous passent juste devant le nez !
C’est là que vos hirondelles font leurs nids ?
Oui. Leurs nids sont accrochés aux solives. C’est très intéressant un nid d’hirondelle ! Elles le fabriquent avec de la terre qui mêlée à leur salive devient une boue. Elles n’utilisent pas de paille. Quand elles ont achevé ce travail, elles apportent de la douceur pour la maman et les futurs hirondeaux avec du duvet d’oiseau, des plumes de poules et même des poils de chat. Mon mari, Jean-Pierre, surveille les pontes très discrètement. Sous les nids, il note la date de la ponte, le temps de la couvaison, le nombre d’œufs puis d’oisillons venus au monde.
Comment s’organise la vie des parents hirondelles quand les bébés sont là ?
C’est l’enfer pour eux ! Du matin au soir, elles font des allers et retours pour leur apporter des insectes. Je crois que chacune peut faire 400 voyages dans la journée. Les hirondeaux sont des petits ventres sur pattes. Ils n’arrêtent jamais de réclamer. Et ça continue quand ils commencent à voler. Dans une couvée, il y a toujours un aîné, un plus costaud qui s’aventure le premier en dehors du nid. Les parents l’encouragent par leurs cris. Puis toute la nichée sort et là, les parents jouent encore les livreurs. Les petits volent, se reposent sur des branches, des coins de toit où les parents viennent les ravitailler. Le soir, les petits rentrent au nid pour un gros dodo bien mérité, les parents ne sont jamais loin, ils veillent sur leur sommeil.
Les hirondelles s’entendent-elles bien ?
Parfois, on comprend bien qu’elles sont en train de se chamailler. Peut-être ne veulent-elles pas héberger d’autres couples dans “leur” maison. Ceci explique peut-être que nous avons désormais des nids d’hirondelles dans un autre bâtiment attenant.
Vous redoutez septembre… Pourquoi ?
C’est le moment où elles nous quittent. Comme elles font souvent trois couvées dans la saison, j’ai toujours peur que les petits de la dernière ne soient pas assez forts pour suivre les parents, entreprendre ce long voyage qui les mène de l’autre côté de la Méditerranée…