Le jardin du Presbytère de Brucheville

jardin du Cotentin
Isabelle Morand

Irène et Jean-Pierre Duchemin ont investi un ancien presbytère et l’ont rénové. Un gros chantier auquel s’en est ajouté un autre : l’aménagement du jardin séparé en trois parties par de grands murs. Voici le jardin du Presbytère raconté par sa jardinière en chef ! 

Comme une envie de Cotentin…

Jean-Pierre est originaire de la région. Moi, je connais le Cotentin depuis mes 14, 15 ans. Nous avons passé de nombreuses vacances à Quinéville en famille. D’ailleurs, on s’est rencontré ici et nous nous sommes mariés à Quinéville. J’ai toujours pensé revenir habiter ici. Je ne me voyais pas vivre ailleurs.

Irène et Jean-Pierre Duchemin
©Isabelle Morand

Coup de foudre pour un presbytère

En 1999, nous avons eu un vrai coup de foudre pour cet ancien presbytère. De plus, du fond du jardin, nous avons une vue magnifique sur la superbe église romane du village. Mais quand Jean-Pierre a visité, il a littéralement fait « glurps » devant l’importance des travaux à effectuer, et nous n’avons pas acheté. Quelque temps plus tard, Jean-Pierre a dû aller à un enterrement dans le coin. Ma belle-mère l’a poussé à faire une nouvelle visite. C’était un jour ensoleillé, il l’a vu autrement et nous avons finalement acheté. Les travaux ont duré deux ans, car en dehors des murs et de la charpente, rien n’était aux normes. Nous avons fini par quitter Fontainebleau pour nous installer ici, en 2005.

Les débuts du jardin

On s’est installé et j’ai commencé tout de suite à jardiner. Il n’y avait rien du tout, du tout. C’était absolument nu. Zéro fleur, de l’herbe bien grasse grâce aux vaches qui paissaient à l’arrière du terrain, de la bonne terre, car il y avait eu dans le passé un potager, une espèce de châtaignier et basta !

Un jardin à 4 mains

On peut dire qu’il s’agit d’un jardin à 4 mains. Jean-Pierre s’occupe de la tonte, de la taille des haies. Il m’aide quand je n’ai pas la force suffisante pour certains travaux. Mais le choix des végétaux, leur plantation, c’est mon affaire.

Visite du jardin
Rosa 'Complicata' ©Isabelle Morand
jardin dans le Cotentin
©Isabelle Morand

Conserver l’esprit cour de ferme

Devant la maison, je n’ai pas voulu trop planter pour conserver l’identité du lieu. C’était une cour, je voulais conserver cet esprit. Alors j’ai planté en périphérie : le grand mur en face de la maison accueille notamment un schizophrama. J’adore y observer le ballet des pollinisateurs, des insectes. Nous avions planté un Hydrangea petiolaris mais il n’a pas aimé les courants d’air et nous a quittés au bout de six, sept ans. Côté route et portail, j’ai planté des rosiers, des vivaces ; devant les fenêtres, des rosiers. C’est un endroit très agréable pour déjeuner, mettre une chaise longue ou observer les hirondelles qui font les allers-retours pendant plusieurs mois dans le bout de grange que nous leur avons volontiers abandonné. Nous avons juste conservé le châtaignier, il fait de l’ombre et je n’ai pas eu le cœur de le déraciner, mais c’est vrai qu’il prend une sacrée place…

J’adore les rosiers

J’ai beaucoup de rosiers anciens, notamment sur la pergola. La plupart ne remonte pas, mais ce n’est pas grave, on en profite quand même quelques semaines. Ces rosiers sont tellement beaux qu’on leur pardonne de ne pas être remontants. J’aime les rosiers parfumés, les rosiers moussus. ‘Souvenir de Brod’ qui pousse sur la pergola est l’un de mes rosiers préférés, ‘Belle de Crécy’ aussi, ‘Comte de Chambord’, ‘Charles de Mills’, ‘Seven Sister Roses’.  Chez les modernes, j’aime ‘Iceberg’, classique, mais si beau.

J’aime les rosiers depuis ma première visite dans le jardin privé d’André Ève, à Pithiviers. Ça a été une révélation, un régal de me promener dans ce mariage parfait des rosiers et des vivaces. Le paradis des couleurs, des odeurs. Avec Jean-Pierre, on était époustouflés ! M. Ève m’a vraiment influencée.

rosier dans le Cotentin
Rosier 'Blush Noisette' ©Isabelle Morand

Le vent, quel souci !

Même si le jardin est protégé par des murs, même si j’ai planté par exemple au fond du jardin des bambous bien utiles pour casser le vent, le jardin n’est pas épargné par les bourrasques. J’ai eu un noisetier à moitié détruit par le vent, et certains hydrangéas comme brûlés aussi.

Des ambiances différentes

J’ai voulu créer dans les deux autres parties du jardin, en dehors de la cour de la ferme, deux ambiances différentes. La parcelle du milieu est occupée par un potager qui est devenu plus un jardin d’aromatiques en tout genre, et des plantations d’arbustes. Le fond du jardin marie, lui, le classique et l’exotique. Je me suis inspirée bien sûr de nos voyages, de nos visites, des expériences partagées, mais comme tout le monde, j’ai fait avec ma sensibilité. Nous sommes tous différents et chaque jardin est différent.

jardin du presbytere
©Isabelle Morand
jardin du Presbytere©
©Isabelle Morand

Feuillages dorés

J’aime beaucoup jouer avec les contrastes des feuillages. J’apprécie de plus en plus les feuillages dorés qui redonnent un peu de lumière et du relief dans les verts. J’ai donc planté un Cotinus à feuillage doré, un berbéris doré, des heuchères jaune pâle pour amener de la lumière dans les coins les plus sombres. J’utilise beaucoup les heuchères qui permettent d’apporter des contrastes.

jardin du Presbytere
Berberis doré ©Isabelle Morand
Jardin dans le Cotentin
Cotinus à feuillage doré ©Isabelle Morand
Jardin du Presbytère
Hosta panaché ©Isabelle Morand
Jardin du Presbytère
Sambucus ©Isabelle Morand

Les hydrangéas du presbytère

D’accord, on n’est pas en Bretagne, mais ici, dans le Cotentin, les hydrangéas poussent très bien. On n’a même rien à envier aux jardins bretons, à l’exception de ce bleu qui ne vient pas chez moi en tout cas. Ma terre ne le permet pas. Dans certains endroits du Cotentin, c’est possible, mais pas ici, malheureusement. Cela ne m’a pas empêché de me faire plaisir en en plantant plein dont je n’ai pas toujours les noms.

Je craque, je plante !

Pour les vivaces comme pour les arbustes, je fonctionne aux coups de cœur. Il m’arrive de chercher des plantes particulières, mais, en règle générale, les plantes « me tombent dessus », je les achète et après je leur cherche une place…

association plante
Iris au nom inconnu et Leptospermum ©Isabelle Morand

Du côté des arbustes

Le jardin ayant pris de la maturité, je n’ai plus beaucoup de place pour planter de nouveaux arbres ou arbustes. Le jardin compte pas mal de viornes (Viburnum), car leur floraison printanière est intéressante ; le feuillage est un autre atout à l’automne. Et l’hiver, les baies sont une nourriture appréciée des oiseaux. Enfin, ce ne sont pas des arbustes très compliqués à entretenir.

Jardin du Presbytère
Viburnum 'Pink Beauty' ©Isabelle Morand
jardin du Presbytère
©Isabelle Morand

Les touches déco !

C’est un peu comme pour les plantes, je trouve, je chine des objets, souvent des coups de cœur. Les nichoirs sont tous différents par exemple, en terre, en bois. Dans le sud-ouest de la France, nous avons craqué pour une belle poterie où un rosier ‘The Fairy’ a trouvé sa place. Nous aimons beaucoup les poteries en grès non gélif de Isabelle Bazire et Thierry Jeanne (Au grès du temps, à Lithaire, dans le Cotentin).

Les oiseaux du Jardin du Presbytère

Quand nous sommes arrivés ici, je trouvais qu’il y avait très peu d’oiseaux. Normal, ils n’avaient pas vraiment d’endroits, de petits coins, pour se cacher, nicher dans cet espace tout nu. C’est pour eux que j’ai planté beaucoup de graminées, nombre d’arbustes qui produisent des baies et des rosiers comme ‘Sir Cedric Morris’ qui offrent des cynorhodons bien précieux l’hiver. D’année en année, les oiseaux sont arrivés et ils connaissent bien le jardin maintenant ! Ils viennent manger, nicher… On peut observer des mésanges, des merles, des grives, des grives musiciennes… Ils ne font pas tous bon ménage avec le chat de la maison, mais bon, c’est la vie !

Visite de jardin
©Isabelle Morand

Le coin qui résiste

Tout pousse partout dans le jardin sauf à un endroit. Quelque que soit ce que je plante, vivace, arbuste, ça crève ! C’est incompréhensible, ça reste un grand mystère. J’en ai parlé autour de moi, personne ne comprend sauf une personne qui m’a expliqué que cet endroit était sans doute un croisement de zones telluriques… Bref, ça m’agace, j’ai fini par installer une vieille souche à cet endroit et voilà, j’ai lâché l’affaire !

Nourriture du sol minimale

Nous avons la chance d’avoir une bonne terre, donc on protège le sol, mais on n’en fait pas des tonnes non plus ! Quand nous faisons élaguer les arbres, le bois est broyé et étalé au pied des plantations. On étale nos tontes de gazon aussi. Et le compost maison nourrit les plantes. C’est vrai qu’on nourrit un peu plus les pivoines, de sacrées gourmandes celles-là !

ambiance exotique au jardin
©Isabelle Morand

Jardinière pas esclave !

Le jardin, j’y vais un peu tous les jours, ou beaucoup. Tout dépend de la météo, de mes occupations (NDLR : Irène Duchemin est maire de Carentan-les-Maires, elle a été réélue en 2020 pour un troisième mandat). J’y passe un peu plus de temps, car nous l’ouvrons à la visite à certaines dates. Pendant les confinements, nous en avons profité pour revoir des choses, transformer certains coins, nettoyer plus en profondeur. J’aime mon jardin, mais je refuse d’en être l’esclave !

Pour visiter le jardin du Presbytère

Merci de prendre contact avec Irène et Jean-Pierre Duchemin. Tél. : 09 65 32 74 14.

vue du mur d'enceinte - jardin du Presbytère
©Isabelle Morand

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