LLa tortue d’Hermann, c’est celle de nos jardins. Rien à voir avec les grosses mémères des Galapagos ou des Seychelles côté taille. Mais c’est un animal qu’on peut se transmettre de génération en génération puisque cette petite tortue peut vivre 100 ans. Bruno Dulong (La cabane au piaf) adore cette petite tortue et connaît bien ses mœurs.
Un petit modèle discret
Testudo hermanni fait partie des petites tortues. Au bout de 15 à 20 ans, la tortue d’Hermann, qu’on appelle aussi la tortue des Maures, mesure environ 17 cm de long et 15 de large. Quand elle parvient à l’âge vénérable de 90 ans, elle fait au maximum 28 cm de long.
« On en trouve dans de très nombreux jardins même si on n’en parle pas beaucoup. Nous, on s’en est rendu compte en vendant des cabanes à tortue. De nombreux clients nous racontent que leur tortue leur vient de leurs parents ou d’un autre membre de la famille. Il faut savoir que si vous accueillez une tortue d’Hermann pour faire plaisir à vos enfants, il y a de fortes chances pour qu’elle vous survive ! »
Dans la nature, son espérance de vie s’établit plutôt autour de 40 ans. L’espèce est menacée par l’urbanisation, l’agriculture intensive, les incendies (dans les Maures et la Corse). Surtout, si vous trouvez une tortue d’Hermann, ne la rapportez pas chez vous, laissez-la dans son environnement.
Une vraie tondeuse !
La tortue d’Hermann est du genre autonome. « Le souci, c’est qu’elle a tendance à tout grignoter. Elle adore les fleurs, surtout les colorées, mais toutes y passent au final, les campanules, les pâquerettes… Une vraie razzia ». Et si vous voulez manger des fraises, cultivez-les hors de sa portée. C’est son péché mignon !
En liberté ou en dans un enclos ?
Pour Bruno Dulong, c’est un peu idiot de faire vivre une tortue dans un enclos. Elle a besoin d’espace pour être heureuse. Vous seriez heureux, vous, enfermé dans un enclos ? Mieux vaut adapter son jardin à sa ou ses tortues, le clore de murs, mettre des barreaux si besoin.
D’autant que le mâle est un sacré cavaleur : « Il a tendance à être volage, et quand il sent qu’il y a des femelles non loin, quand il s’ennuie parce qu’il est tout seul, il a tendance à chercher – et trouver – tous les moyens pour se faire la belle. Chez nous, les murs font 1,50 m de haut. Il nous est arrivé plusieurs fois de récupérer l’une de nos tortues mâles pratiquement arrivée en haut du mur. Il se débrouille pour grimper dos aux plantes ! Insensé… ». Bref, la bête est courageuse, tenace et imaginative !
La tortue d’Hermann s’enfouit ? L’hiver n’est pas loin !
La tortue d’Hermann est un bon indicateur de l’arrivée des froids. Si vous ne la trouvez plus, pas de panique ! Elle est allée s’enterrer pour passer l’hiver sous des tas de feuilles, sous une haie, des plantes méditerranéennes. L’important, c’est qu’elle soit bien au sec.
« Elle creuse un trou de 30 à 40 cm de profondeur, et s’enterre petit à petit, tête en avant, fesses en l’air ! Elle referme le trou avec ses pattes arrière. Au printemps, elle ressort les fesses les premières. »
Tant que la tortue ne sort pas de son trou, cela signifie que les froids ne sont pas passés.
Une nourriture diversifiée pour une belle carapace
Une tortue ne peut se contenter de tondre la pelouse. Elle a besoin d’une nourriture diversifiée. Elle aime les fleurs, les fruits et les légumes, mais pas trop non plus, car elle peut alors souffrir de diarrhées. « Les pommes sont bonnes pour elles, les épinards aussi. »
Avec sa carapace et masse osseuse importante, la tortue a besoin de beaucoup de calcium. Luzerne, trèfle blanc, cresson, plantain, pourpier, pissenlit… constituent d’excellentes sources de calcium. Plus une tortue en ingère, mieux elle se portera. Car ce calcium est indispensable au développement de l’intérieur de son corps.
Si le corps s’atrophie, comment porter, supporter la carapace ? Une nourriture déséquilibrée peut provoquer la mort de la tortue en 2 à 3 ans.
Coucou, c’est moi !
Si la tortue ne répond pas quand on l’appelle, et ce quel que soit le nom que vous lui donnez (Pépette, Zouzou…), elle sait très bien venir vous voir pour demander à manger ! « Elle nous entend très bien, reconnaît nos pas, et est capable de « courir » pour venir réclamer à manger. Elle vient vers vous et vous gratouille les pieds, véridique ! C’est plutôt marrant…».
La tortue d’Hermann n’a pas de dents. Son bec est en corne comme sa carapace. Elle peut donner un coup de gencives, donc ne lui donnez pas vos doigts. Avec son bec, elle déchiquète les aliments et les avale sans les mâcher.
Reproduction
L’accouplement peut être sportif (vous avez essayé, vous, de faire des galipettes avec une carapace ?). La maturité sexuelle intervient vers 12 ou 13 ans. La femelle est capable de conserver du sperme pendant plusieurs années dans son système reproducteur, et peut donc se passer de mâle pour pondre.
Elle creuse un trou, pond entre 1 et 5 œufs (adorés des fouines…). Les bébés éclosent au bout de deux mois à deux mois et demi, en général au mois de septembre.
Quand on aime les tortues, on ne compte pas !
Bruno Dulong et son épouse ont 7 tortues chez eux, six tortues d’Hermann et une de Grèce (Testudo graeca). « Celle-là, c’est une grosse bébête. Elle fait à peu près 38 cm de long. Elle se différencie des autres, car elle n’hiberne pas. Elle passe plutôt la mauvaise saison dans une cabane et sort au premier rayon de soleil. En Grèce, il n’y a pas souvent de froid vif et elle a tendance à se réveiller assez facilement pour sortir, aller grignoter. Elle rentre dans sa cabane dans l’après-midi et se rendort. »
Ses ennemis
Même si elle peut se tapir dans sa carapace, la tortue d’Hermann n’échappe pas toujours à ses prédateurs. La fouine, le blaireau, le renard, le sanglier, la genette, le chien, le rat et les corvidés figurent parmi ses principaux ennemis.
Attention, la tortue d’Hermann est protégée
C’est la seule tortue terrestre de France. Et elle bénéficie d’un statut de protection, figure dans l’annexe 2 de la Convention de Washington (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). L’élevage et la détention en France sont donc très strictement règlementés.
Seuls des éleveurs agréés peuvent vendre ces tortues, nées de parents en captivité. Toutes les tortues vendues doivent être pucées et déclarées.
Jusqu’à 6 tortues détenues : il faut une autorisation préfectorale (autorisation d’élevage d’agrément).
Au-delà de 6 tortues : l’éleveur doit pouvoir présenter un certificat de capacité et une autorisation d’ouverture
La vente sans autorisation est punie d’une amende de 3500 € par animal. Même montant pour un animal prélevé dans la nature.
Si vous souhaitez acheter une tortue d’Hermann
Évitez les achats en jardinerie, on ne sait pas toujours qui a élevé, nourri les tortues et comment. Observez les animaux, souvent les carapaces sont bosselées, pas uniformes. Cela signifie qu’elles ont été nourries avec des granulés. Une carapace bosselée, c’est un signe que la tortue a reçu trop de calcium. Cette carapace s’est développée plus vite que son corps et ses pattes. Ces tortues ne font généralement pas de vieux os. Ses pattes seront trop faibles pour supporter le poids de la carapace.
Trouvez un éleveur capable de vous fournir une belle tortue avec une carapace bien lisse. L’animal doit être pucé et l’éleveur doit vous remettre un certificat à présenter en cas de contrôle.
Vous trouverez chez La cabane au piaf des cabanes pour les tortues, des nichoirs et mangeoires pour les oiseaux, des abris à hérissons…