Je ne sais pas pour vous, mais “Manger pour le futur” semble une formule gagnante. Il est urgent de changer nos habitudes alimentaires afin d’assurer aux 10 milliards d’habitants de la planète en 2050, des repas corrects. Aujourd’hui, alors que plus de 750 millions d’humains souffrent de la faim quand 2 milliards sont en surpoids, on se demande si on ne marche pas sur la tête !
Je mange pour le futur
L’objet du livre de Manon Dugré et Aurélie Zunino qui vient de sortir aux éditions Ulmer est d’accompagner la transition alimentaire des 18 – 35 ans.
Ils se déclarent majoritairement désireux de modifier le contenu de leurs assiettes, mais ce n’est pas si facile ! Éric Birlouez, sociologue de l’agriculture et de l’alimentation, et, ingénieur agronome, explique. “Même si on est très conscient des enjeux écologiques, et c’est le cas de ces jeunes, nous avons tous été élevés à consommer un repas riche et organisé autour de la viande. Le marketing et la publicité contribuent à valoriser le repas carné et la surconsommation. Et ces habitudes alimentaires, ancrées dans la toute petite enfance, sont très difficiles à déloger.”
Ce livre se veut engagé auprès d’une génération soucieuse de passer à l’action au quotidien…
Du sur-mesure
Le projet a démarré sur Instagram, mais les auteures avaient le désir de sortir du tout numérique. Concevoir un objet physique qui reste dans le temps et trouve sa place sur une étagère, mais qui réponde à la même dynamique, c’était un pari. Le livre a été scénarisé pour répondre aux nouvelles formes qui séduisent cette tranche d’âge, mélange de web et de papier. C’est Benjamin Hoguet, spécialiste des nouvelles narrations associé au design de Clémence Gouy, qui a apporté cette patte originale au livre.
Les data clés, des reportages en images, des verbatim, des recettes côtoient les paroles d’expert. Et le fil rouge est assuré par un personnage central “Sasha, 26 ans. En coloc avec la meuf la plus cool de l’univers : Zoé ! Diplômée en marketing. Mon mantra : la bouffe, c’est la vie ! Ma particularité : une fâcheuse tendance à chercher la petite bête.“
Sasha se lance dans une investigation sur 12 semaines et invite les jeunes à la suivre…
Je mange pour le futur
Autrices, AgroParisTech : Manon Dugré et Aurélie Zunino
Scénario : Benjamin Hoguet
Direction artistique et illustrations : Clémence Gouy
éditions Ulmer • 160 pages • 22€
À cette heure, la Commission européenne propose de prolonger l’autorisation du glyphosate pour dix ans, en refusant de prendre en compte des études qui mettent en évidence les dangers pour la santé. Et lorsqu’on parle de santé, c’est à la fois celle des sols, de l’eau, des consommateurs et avant eux des paysans.
Donc, il faut réapprendre à manger, pour notre santé, pour le climat, pour la biodiversité et donc pour l’avenir.
L’agro-industrie, une croyance sans fondement
On nous a fait croire que l’agriculture intensive mettrait fin à la faim dans le monde. Les chiffres montrent l’inverse. Et le dérèglement climatique, provoqué par les émissions de gaz à effet de serre et à l’effondrement de la biodiversité, montre à quel point la monoculture, l’abattage des arbres, l’appauvrissement de la vie des sols mettent en péril notre alimentation.
57% des Français, lorsqu’on les interroge, se déclarent prêts à réduire leur consommation de viande. Pourquoi d’ailleurs ? Parce que c’est trop lourd pour la planète. Nous ne pouvons continuer à détruire les forêts tropicales pour faire pousser un soja destiné aux bovins. Souhaitons-nous voir nos terres agricoles pleines de biocides produire des betteraves ou des céréales pour mal nourrir des animaux, élevés aux antibiotiques? Cela ne produit ni une alimentation saine ni une vie possible pour la planète.