Deux livres sont sortis cette année qui argumentent face aux dénis dans lesquels se réfugient les humains confrontés aux réalités écologiques. Le petit manuel de répartie écologique, de Margot Jacq, et Le manuel de riposte écologique, de Jérémy Bismuth. L’écologie fait causer en famille, au bureau, au bistrot… L’écologie nous met en porte à faux les uns avec les autres, mais aussi chacun de nous à titre personnel. Nous subissons les conséquences de nos inconséquences, et ça gratte un peu !
L’écologie,
un problème systémique, nos réponses collectives
Pour Margot Jacq, l’entrée se fait via 6 profils types qu’elle a déterminés tout en connaissant les limites des catégories. Vous reconnaitrez sans doute vos voisins dans une ou plusieurs d’entre elles. Vous reconnaitrez-vous ? Moi, je me suis croisée ici ou là. Pourtant, j’essaie d’être plutôt cohérente, mais ce n’est pas si facile ! Relire les neuf limites planétaires et le rapport du Giec oblige à se recaler, mais prend du temps.
Voilà pourquoi ni ces deux livres ni cet article n’ont pour objet de se moquer ou de mépriser qui que ce soit. La volonté est surtout de faire circuler des informations contrôlées sur l’écologie contre les fake news et de pouvoir argumenter calmement pour soi-même comme en société.
Le confort du déni
Margot Jacq nomme nouveaux sceptiques ceux qui doutent de l’existence même d’un dérèglement climatique. Leur rhétorique est celle du déni et l’opinion est invoquée pour balayer d’un revers de main tous les éléments factuels. Le consensus scientifique est décrédibilisé au nom de l’erreur possible. Construire un discours pour les faire entrer dans la discussion n’est pas simple, mais l’auteure donne des pistes pour ouvrir la discussion.
Dans le confort de l’impuissance
Largement représentés dans la population, les immobilistes fondent leur inertie sur le défaitisme. Ils masquent leur inquiétude de l’avenir derrière l’affirmation qu’il est trop tard et qu’on ne peut plus rien faire d’utile. Leur lassitude est un peu déprimante et communicative ! Comment leur redonner le courage d’affronter l’avenir, c’est ce à quoi s’emploie Margot en répondant à leurs arguments les plus fréquents.
Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras
La peur de perdre ce que l’on a sous-tend celle de la chute du PIB (Produit Intérieur Brut). Et à ces antiécolos, elle semble bien plus effrayante que la perte de la biodiversité, même si tous les scientifiques s’entendent pour dire que sans biodiversité, point d’avenir pour l’humain. La fonte des glaces, un monde à +4 °C, l’effondrement des populations d’insectes et d’oiseaux, la mise en danger de nos ressources alimentaires leur fait moins peur. Ou ils n’y croient pas ! La croyance dans l’économie de marché est si forte qu’elle bride l’imagination d’un autre monde possible. Le coût de l’inaction est beaucoup plus inquiétant que le financement du changement, mais la rationalité du système économique actuel leur apparaît plus réelle que la rationalité de la survie. Les réponses sont difficiles à trouver, car elles sont systémiques !
L’optimisme comme aveuglement
C’est bien d’être optimiste. Ça aide à vivre et à faire des projets. Mais celles et ceux que Margot Jacq nomme les optimistes candides abusent un peu du genre. À l’opposé des précédents, tout effort consenti, aussi minime soit-il, leur permet de renoncer à l’ambition nécessaire. Toute exigence supérieure est assimilée à une radicalité, en faveur de l’écologie, trop brutale. Dans ce cas de figure, l’optimisme affiché fabrique l’éco-anxiété des autres ! Margot s’efforce de nous donner les arguments pour leur faire prendre pleinement conscience des enjeux.
Une croyance trop facile
Croire en l’inventivité humaine, c’est normal et sain, car les humains ont montré de belles capacités. Mais croire que les techniques inventées par les humains vont nous sauver des techniques précédentes alors qu’elles sont responsables de la situation actuelle, c’est absurde ! C’est une croyance, peu fondée, dans le fait que leurs scientifiques à eux, iront plus vite que la catastrophe. Qu’importe que chaque nouvelle invention soit plus gourmande en ressources que les précédentes. Qu’importe que l’histoire nous montre que ce qui est nouveau ne vient pas remplacer, mais s’ajouter, aggravant notre exploitation démesurée des ressources naturelles. Les technosolutionnistes prennent un chemin intellectuel qui autorise l’immobilisme face au discours scientifique. Mais là, Margot donne des chiffres et l’écologie est l’évidence !
En même temps
C’est le grand problème des dissonants cognitifs qui tentent de ménager la chèvre et le chou, mais dont la main droite n’arrive pas à ignorer ce que fait la main gauche. D’un côté le jiminy cricket de l’écologie leur chuchote à l’oreille qu’il y a urgence et qu’il faut prendre des décisions radicales. Dans l’autre oreille un diable barbu tape du sabot et leur sussure les douceurs de l’abus. Ils aimeraient être toujours en accord avec leur conscience, mais vivent toujours dans la société telle qu’elle est. Culpabilisés et éco-anxieux, ils sont sans cesse en but aux moqueries et agressions des antiécolos … qui ne font rien ! Margot tente de les regonfler tout en les sortant du oui…mais.