One health : dans les sols se trouve notre santé !

Une seule santé, enquête sur les sols où nos maladies prennent racines • One health

Pierre Weill est l’auteur de “Une seule santé, enquête sur les sols où nos maladies prennent racine“. Dans cet ouvrage, il fait le point, de façon très fluide, sur trente ans de recherches. Au fil du temps, il a exploré, un par un, les liens qui existent entre la qualité des sols, celle des plantes qui s’en nourrissent, et puis des animaux qui mangent les plantes. Enfin, toute cette chaîne alimentaire nous conduit au corps humain, à son microbiote et à sa bonne ou mauvaise santé. One health, un concept global, qui raconte tous ces liens.

Un infatigable chercheur

Pierre Weill est agronome et chercheur. Il est aussi Docteur de l’Université de Rennes 1. Fondateur de l’Association Bleu-Blanc-Cœur, il a participé aux côtés de l’INRAE , du CNRS, l’INSERM et du CERN à diverses études cliniques relatives aux effets de l’alimentation sur la santé humaine.

“Bleu-Blanc-Cœur est une démarche agricole et alimentaire durable visant à améliorer la qualité nutritionnelle et environnementale de notre alimentation, en diversifiant et équilibrant l’alimentation des animaux avec des fourrages et des graines d’intérêts nutritionnels naturellement riches en omega 3 (herbe, luzerne, lin, féverole…).”

Pierre Weill, auteur de "Une seule sante, enquête sur les sols où nos maladies prennent racine"
Pierre Weill, auteur de "Une seule sante, enquête sur les sols où nos maladies prennent racine" ©Dimitri Kalioris

One Health ou Une seule santé

“Le concept One Health, c’est penser la santé à l’interface entre celle des animaux, de l’Homme et de leur environnement, à l’échelle locale, nationale et mondiale. Cette manière d’aborder la santé dans le contexte mondial actuel de la pandémie liée à la Covid 19 permet de raisonner l’ensemble du système et trouver des solutions qui répondent à la fois à des enjeux de santé et des enjeux environnementaux.

Ce concept […] fait suite à la recrudescence et à l’émergence de maladies infectieuses, en raison notamment de la mondialisation des échanges. Il repose sur un principe simple, selon lequel la protection de la santé de l’Homme passe par celle de l’animal et de leurs interactions avec l’environnement. La santé animale, végétale, la santé de l’environnement et celle des humains sont donc intimement liées.” Définition de l’INRAE.

Illustration du concept One Health ou Une seule santé
©INRAE • Infographie : Michaël Le Bourlout • juillet 2020

Traduit en français par une seule santé. Le concept One Health a été introduit au début des années 2000 et adopté progressivement par l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation mondiale de la santé animale, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture ou FAO et plus récemment par le Programme des Nations Unies pour l’environnement.

人生をありがとう• merci pour la vie !

C’est ainsi qu’on souhaite bon appétit au Japon, nous explique Pierre Weill. Cela dit à quel point la vie et les vies sont liées. Nous nous nourrissons tous de la vie des autres, pas seulement de calories et d’antioxydants.

Que nous mangions une carotte ou un steak, un champignon ou une part de fromage, c’est pareil. La vie se nourrit de la vie et donc dépend de ce qui a été vécu par les unes ou par les autres.

La biodiversité présente dans le sol est essentielle pour ce que vont en retirer les plantes et les animaux en termes de nutriments comme de saveurs, donc nous.

Repas japonais en famille • 人生をありがとう
©TomWang

Qu’est-ce qu’un bon sol pour une bonne alimentation ?

Pierre Weill : C’est une question difficile, car il existe des milliers de critères pour définir d’une part la santé d’un sol, d’autre part la santé des animaux et des humains qui en dépendent.

La moitié des espèces qui peuplent la Terre vivent dans le sol. Cela concerne la petite faune, comme les vers de terre, les acariens ou les collemboles.  Il y a aussi les virus, les bactéries et les champignons. Tout ce petit monde doit vivre dans un équilibre sans cesse renouvelé, grâce à la matière organique présente dans le sol, aux flux de l’eau et aux échanges entre les espèces.

“J’aime cette jolie formule : l’humus, c’est là où la mort nourrit la vie.”

Champ avec un épouvantail • sol labouré • pays de la Loire
©Isabelle Vauconsant

L’hypothèse

Pierre Weill pose une hypothèse : la vie et la qualité d’un sol se mesurent au travers de la densité nutritionnelle des aliments qui y poussent. Et les microbes, qui sont importants pour la santé des humains, sont produits par les plantes grâce à la microbiologie du sol. Il se concentre sur ceux qui ont une action antioxydante ou anti-inflammatoire. Les sols vivants sont confrontés aux pathogènes. Logiquement, ils développent de robustes défenses qui se retrouvent dans la densité alimentaire des fruits et des légumes.

D’ailleurs, une étude récente de l’Institut Pasteur vient de montrer que l’utilisation des fongicides dans les cultures affaiblit l’action des médicaments sur nos mycoses humaines. Et il y a longtemps qu’on pointe le problème de santé publique que pose la résistance aux antibiotiques. Elle est pour partie due à la surutilisation de ces produits dans les élevages intensifs. Les antibiotiques luttent contre les maladies induites par le manque de mouvement  des troupeaux et une médiocre alimentation.
en savoir plus

Changer l’alimentation des sols pour améliorer celle des humains

De la matière organique, de la matière organique ! C’est le leitmotiv de Marc-André Selosse, microbiologiste au Muséum National d’Histoire Naturelle. Et pour cause, les études menées par Pierre Weill et ses partenaires sont claires. Lorsque le sol est vivant, les plantes croissent non seulement mieux, mais elles sont aussi plus riches en nutriments. Nos tomates ont perdu 50% de leur vitamine C en 60 ans (SOL). Elles sont le plus souvent cultivées hors-sol et nourries artificiellement via un circuit d’eau. Il est urgent de les remettre en terre !

Changer l’alimentation des animaux pour améliorer celle des humains

On ne le répètera jamais assez, il faut drastiquement réduire notre consommation de viande autour de 2 ou 3 fois par semaine. Toutefois, lorsqu’on en consomme, cette viande doit être issue de productions de type polyculture-élevage. On parle là de petits troupeaux, d’animaux vivants en extérieur, avec de l’espace et des soins adaptés. Et surtout, on nourrit ces animaux de façon variée, et non de tourteaux de soja/maïs. De ce fait, ils sont peu ou pas malades et prennent peu ou pas de médicaments.

Les jeudis de l'écologie

Cette table ronde reçoit Pierre Weill et Jean-Michel Lecerf, nutritionniste à l’Institut Pasteur de Lille autour du livre de Pierre Weill. On y parle des sols, des plantes, des animaux et des humains.

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