Élue « capitale verte européenne » en 2024, Valencia est une ville espagnole où la nature a toute sa place. Au delà de ses plages et de son magnifique patrimoine, elle offre de nombreux espaces naturels où l’on peut se promener à pied, en vélo ou en bateau. Ce dont ne se privent pas ses habitants. Selon un classement établi par la revue américaine Forbes, Valencia occupe le premier rang mondial des cités où il fait bon vivre. Petit survol des lieux, du jardin au musée !
Les jardins du Turia
Cet espace vert de plus de neuf kilomètres traverse la ville d’est en ouest. Il a été aménagé dans l’ancien lit du Turia suite à la grande crue qui ravagea la ville en 1957. Le fleuve fut, en effet, détourné au sud de Valencia, permettant de l’épargner définitivement (cela a été le cas, notamment, lors des dramatiques inondations d’octobre 2024). Ce vaste poumon vert aménagé durant plus de vingt ans par différents urbanistes, comporte des installations ludiques, sportives et des recoins plus romantiques.
Surmonté d’une vingtaine de ponts, il est jalonné de bars de restaurants et d’installations culturelles ou en lien avec la nature. Les architectures spectaculaires de Santiago Calatrava et le Bioparc y succèdent au musée océanographique. On y trouvera aussi de nombreux palmiers, orangers, pins, rosiers et plantes aromatiques.
La huerta (jardin maraîcher) de Valencia
C’est le garde-manger de la ville, qui se déploie dans un cercle de 120 kilomètres autour d’elle. Il se compose de vergers, d’orangeraies, de vignobles et d’oliveraies. On y trouve aussi de vastes rizières, des champs de souchet et des plantations de légumes. Avec, au beau milieu des fermes et des cabanes traditionnelles.
Son ingénieux système d’irrigation, hérité des Arabes, a été reconnu par la FAO comme un des sept SIPAM (Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial). Quant à son Tribunal des eaux, il a été classé au patrimoine immatériel de l’humanité. Cette institution unique, chargée de la régulation de l’eau, continue de se réunir tous les jeudis, à midi, à la porte des Apôtres de la Cathédrale.
Le parc naturel de l’Albufera
Situé à 10 km de Valencia, il est telle une oasis urbaine entourée de rizières et de forêts. Son attraction principale est son grand lac d’eau douce de plus de 2800 hectares où prospèrent rougets, anguilles et crabes bleus. Zone humide d’importance internationale Ramsar, l’Albufera est aussi reconnu depuis trente ans comme une zone de protection spéciale pour les oiseaux (ZPS). Environ 300 espèces, dont les flamants roses, y vivent toute l’année. Les amateurs pourront se familiariser avec eux au centre d’interprétation du Raco de l’Olla et ses observatoires. Sinon, on ne peut que conseiller une petite balade en barque au coucher du soleil. Elle pourrait se terminer par une bonne paella, spécialité à base de riz qui fut inventée ici même ! Pourquoi pas dans l”excellent restaurant Nou Raco à El Palmar.
La paella valencienne
La paella, plat à base de céréales, de légumes et excluant la viande d’élevage, est une spécialité plutôt vertueuse. Elle fut inventée à Valencia il y a deux-cents ans (ou plus) et tirerait son nom de la poêle servant à la cuisiner. Ou, si l’on en croit la légende, serait le plat que les hommes préparaient après la messe du dimanche pour faire plaisir à leur femme : « para ella » (pour elle) ! À base de riz rond ou perlé, agrémenté de légumes et de fèves, elle incluait à l’origine des petits morceaux de poulet, de lapin ou des escargots. Aujourd’hui, on la consomme surtout avec des fruits de mer. Il en existe aussi des versions purement végétariennes. Une des meilleures adresses pour la déguster : Casa Carmela !
On remarquera aussi certains nouveaux restaurants qui, pour montrer leur esprit vert, plantent leur petit potager bio en pleine ville. Certains placent des jardinières de haricots entre les tables. C’est le cas du Bajoqueta Bar qui entre 9 h et 12 h, propose d’esmorzar. Il s’agit d’encas que prenaient les maraîchers en attendant le repas de 15 h.
Esprit vert chez les artistes
Le magnifique Centre d’Art moderne et contemporain Hortensia Herrero semble bien être sous l’emprise d’une tornade verte ! Aviez-vous déjà vu des Miro verts ? Saviez-vous que l’américain pop Roy Lichtenstein et ses BD géantes, s’était intéressé aux nénuphars ? Les cimaises sont là pour en témoigner ! On découvrira aussi les grandes œuvres d’Anselm Kiefer parsemées de roses (Les Fleurs du Mal). Ou la vidéo Transformer de Mat Collishaw qui, en référence au feu final des Fallas, incendie de grandes gerbes de fleurs. Une allusion évidente aux effets du réchauffement climatique.
Quant aux Ninots, ces fameuses sculptures burlesques réalisées pour les Fallas, elles ont montré, plus que jamais cette année, leur esprit revendicatif et écolo. Cela en rapport avec les inondations catastrophiques de l’automne dernier. Car si ces dernières n’ont pas touché la ville en elle-même, elles sont encore bien présentes dans les mémoires…