Et voilà… je viens d’ajouter le forsythia à la liste des plantes que je n’aime pas. Pour être parfaitement honnête, je devrais plutôt écrire : je n’aime vraiment plus les forsythias. Encore un qui va disparaître de ma jungle urbaine… Mais un forsythia peut en cacher un autre !
Je vous ai pourtant tant aimés…
J’avoue, je confesse bien volontiers vous avoir aimés, vous mes deux forsythias, pendant des années. Vous avez longtemps sonné chez moi l’arrivée du printemps. Et à l’époque de l’achat de ma maison et de son petit jardin, vous avez été les bienvenus. Vous avez su résister aux shoots meurtriers de mes petits footballeurs alors que tant de tulipes, de narcisses et diverses fleurs vivaces ont pris des ballons pleine face. Et mes gamins des cris désespérés, du haut du balcon : “Mes fleurs !!! Faites attention aux fleurs !!!”. Mes footballeurs n’ayant pas d’oreilles, mais beaucoup d’énergie, autant dire que les plantes ont été très très malmenées pendant des années. Et là, je vous ai remerciés pour votre vaillance et votre indifférence totale aux dribbles, tirs dans les branches et floricide pour cause de tacle…
Le jour où vous avez commencé à m’agacer
Les footballeurs ayant pris l’habitude d’aller jouer au stade, j’ai réinvesti le jardin, replanté, observé, pu – enfin – créer ma junglette urbaine. Et là, chers forsythias, j’ai commencé à vous regarder autrement. Des espèces d’arbustes sans grand intérêt avec votre écorce d’une grande banalité, votre propension à faire un bois moche et souvent cassant.
Quant à votre floraison jaune… je m’en suis lassée. Surtout depuis la plantation, notamment, d’un pommier à fleurs roses, d’un corête du Japon aux fleurs jaunes certes, mais adorablement pomponnantes, d’un lilas ‘Sensation’, d’un sureau ‘Black Lace’. Avec un but : vous planquer et vous préserver de l’arrachage. C’est vrai, vous m’avez été tellement utiles, l’idée de vous sacrifier me faisait mal au ventre.
C’est quoi cette résistance ?
Un jour pourtant, j’ai pris la décision de vous faire disparaître… Vous n’aviez plus rien à faire dans ma jungle. J’avais tellement d’idées pour vous remplacer… Tellement d’envies ! Alors j’ai pris l’ébrancheur, la scie, la pioche après vous avoir parlé pour tout vous expliquer. J’ai essayé de procéder vite pour abréger vos souffrances…
Et là, cata ! Vous avez décidé de me résister. Une rébellion en règle de forsythias grognons. Impossible de vous déraciner. Impossible. Vous êtes là depuis si longtemps qu’à mon avis vos racines sont passées par-dessous le cabanon, cavalent partout en profondeur et n’ont pas l’intention de céder… même aux pires des coups de pioche. J’ai tout essayé, tout, sans succès. Vos souches ont eu raison de mon acharnement. Il va donc falloir faire avec vos têtes de mules. Planter à côté, installer un pot sur vos souches. Bref, pas du tout le plan prévu…
Mais un forsythia peut en cacher un autre…
Mais ça, c’était avant… Avant la visite du jardin de Jennifer Meunier, dans la Drôme et la découverte du Forsythia koreana ‘Kumsun’. Bon, les fleurs sont “désespérement” jaunes, mais le feuillage est une vraie merveille : nervuré de blanc crème sur fond vert. Il reste petit (1,50 m maximum). Plus il reçoit le soleil, plus son jeune feuillage est remarquable. Mes deux défunts forsythias doivent bien rigoler de toutes leurs racines…