Depuis, la pratique de l’agriculture et surtout de l’élevage, au Néolithique, les humains ont cherché à protéger leurs troupeaux. Ils ont rapidement construit des enclos en branchages. Plus tard, les haies se sont perfectionnées, pour devenir au Moyen-Âge, des repères pour délimiter les propriétés.
Le fil de fer (notamment barbelé) puis la clôture électrique ont mis un terme à cette pratique en négligeant même les bienfaits pour la biodiversité.
C’était sans compter sur le travail de Monsieur Benjes (1937-2007), Herman de son prénom, écologue distingué, permaculteur dans l’âme, et botaniste allemand qui la réhabilita, à la fin des années 1980, en en décrivant toutes ses qualités oubliées. Pour lui, l’objectif principal était de créer des conditions favorables à la pousse spontanée d’une haie vive naturelle d’essences locales.
Ses condisciples lui offrirent même son nom. La haie de Benjes renaissait !
Une construction simple et efficace
Les “haies de Benjes” sont constituées de branches disposées à l’horizontale sur le sol (comme en forêt). L’empilement peut être complété par des feuilles mortes, des racines, ou des déchets de désherbage, et ces haies sont stabilisées par de solides piquets (en acacia de préférence, sinon en chêne ou en châtaignier) enterrés de 40 à 50 cm et disposés en face à face ou en quinconce. Il faut les placer tous les 70 à 100 cm, environ. La largeur optimale est de 60 à 70 cm.
Pour améliorer la résistance de l’ensemble, vous pouvez entrelacer ou “plesser” les branchages de part et d’autre des piquets ou entre eux.
Pour obtenir de la terre végétale au pied de la haie, on peut accélérer la dégradation des branches en ajoutant des feuilles mortes et autres matières organiques. Le bois mort en se décomposant va peu à peu enrichir le sol.
Le retour de la biodiversité
On l’appelle parfois “haie sèche” ou, par opposition à la haie vive, “haie morte” alors qu’elle est pleine de vie.
En effet, à la façon d’un hôtel à insectes, la haie de Benjes sert d’abri aux insectes (dont les chrysopes, très utiles au jardin) ; aux carabes très amateurs de limaces et d’ escargots ; aux grenouilles et crapauds, aux hérissons ; de gîte pour certains petits mammifères, et autres auxiliaires utiles au jardin. Des oiseaux sont susceptibles d’y nicher et même d’y nidifier.
La haie de Benjes peut devenir défensive et quasi infranchissable par les gros animaux, si elle est assez large et solide, mais reste perméable à la petite faune.
Grâce à leurs déjections, les animaux créent un engrais et finissent par apporter des graines tombées ou mal digérées, ou tout simplement attachées à leur pelage ou leur plumage. Ces graines majoritairement locales finissent par germer pour former, avec le temps, une haie naturelle d’essences locales variées. Merci Monsieur Benjes !
Pour optimiser le développement, la haie ne doit pas dépasser 1 mètre de haut. Ainsi les branchages laisseront passer la lumière du soleil, tout en conservant l’humidité.
Vous pouvez aussi choisir de conserver au maximum la haie sèche. Il faut alors l’alimenter au fur et à mesure que le bois mort se dégrade, avec les déchets annuels des tailles du jardin. Elle vous servira de support pour vos grimpantes (potirons, concombres, melons, capucines, pois de senteur…).
Pour quelles utilisations ?
Ces haies mettent les parcelles à l’abri du vent et de la pluie ; ainsi elles entretiennent une sorte de microclimat propice aux cultures potagères. Elles retiennent aussi les feuilles mortes promenées par le vent et constituent des réservoirs de matière organique à proximité des zones cultivées. Elles protègent également contre l’érosion hydrique et éolienne. Elles servent aussi de clôture.
Enfin, elles réduisent les allers et retours à la décharge, car, rappelons-le, brûler ses déchets végétaux est rigoureusement interdit.